Festival de Cannes


Vortex

« Quand approche le Festival de Cannes, Gaspar Noé se dépêche de faire un film » s’amusait Thierry Frémaux en introduction de la projection de Vortex à « Cannes Premières », la section inaugurée en cette édition particulière. Il ne croyait pas si bien dire : alors que le cinéaste obtenait pour la première fois l’avance sur recettes du CNC en mars dernier pour ce projet, il était à Cannes en juillet pour le présenter en toute fin de festival. Surprise, ce nouvel opus n’est pas qu’un bâclage chiqué, genre de faux événements dont Noé a le secret, mais au contraire un vrai beau film aussi candide que juste. Retour sur une belle et triste surprise.


Six personnes, d'âge mûr, attendent dans une salle d'attente, assis les uns à côté des autres, la mine triste ; à gauche, les comédiens Elisabeth Moss et Clive Owen dans le film The French Dispatch.

The French Dispatch

Le nouvel opus de Wes Anderson était sans aucun doute le film le plus attendu de la compétition cannoise. Avec son impressionnant casting de stars – qui, toutes rassemblées, ont dû être transportées en bus pour rejoindre le tapis rouge – son cinéaste adulé et le mystère qui l’entourait, The French Dispatch avait tout pour être l’événement de cette édition. C’est incontestable, il a pourtant quasiment unanimement déçu. Sans doute parce qu’il se démarque par son aridité et sa radicalité dans la filmographie de son auteur, il faut dire qu’il nous reste de manière persistante en tête. Sans pour autant pleinement nous convaincre.


Kitty, jeune adoelscente rousse, est en train de lire un livre à la couverture rouge dans le film Où est Anne Frank ?

Où est Anne Frank !

Où est Anne Frank ! était l’une de nos plus grosses attentes cannoises, et on s’apprêtait déjà à s’offusquer de la voir placée hors-compétition comme la plupart des films d’animation sélectionnés depuis toujours au Festival de Cannes. L’auteur de deux œuvres aussi belles que Valse avec Bachir et Le Congrès aurait mérité, en soi, une place dans la Compétition Officielle. Reste que, malheureusement, Ari Folman semble s’être un peu perdu dans cette adaptation du journal d’Anne Frank, autant dans la cérébralité de son dispositif que dans la naïveté de ses intentions. Retour donc sur l’une de nos plus grosses déceptions du Festival 2021…


Benedetta (Virginie Effira) les bras en croix devant une statue de Jésus s'adresse à une petite foule dans la rue.

Benedetta

Cinq ans après son premier film français, et retour triomphal, Elle (2016), Paul Verhoeven revient enfin avec Benedetta, inspiré d’une histoire vraie à l’aura sulfureuse d’une nonne italienne lesbienne du XVIIème siècle. Très tièdement accueilli au dernier festival de Cannes, ce nouvel essai est probablement l’un des plus étranges de son auteur, mais aussi l’un des plus passionnants. Le Hollandais violent profite de cette histoire pour magnifier, plus que jamais, son goût du sacré et de l’impur, et enfin réaliser, de manière détournée et facétieuse, son Christ.


Annette

Neuf ans après le sublime Holy Motors (2012), Leos Carax faisait un retour triomphal en ouverture d’une édition cannoise bien particulière. Avec ce projet musical, annoncé depuis des années et follement attendu, nous était promis un retour du cinéaste, et du cinéma, en fanfare. Si ce nouvel essai est bien aussi flamboyant qu’on pouvait l’espérer, il surprend par son extrême noirceur. Après seulement deux visionnages, sans doute ne ferons-nous pas le tour de cet objet venu d’ailleurs. Il nous faut pourtant y revenir au retour de Cannes. Reprendre nos pensées, revisiter nos émotions, revivre, autant que possible, cette étrange aventure.


Le visage de Suliane Brahim caché derrière un voile transparent et un un peu opaque dans le film La Nuée.

[Entretien] Just Philippot, esprit de synthèse

Notre dossier déjà conséquent d’Etat des lieux des cinémas de genres français avait tendance à quelque peu tourner en rond autour des mêmes constats, des mêmes espoirs… et des mêmes désillusions. Mais de toute évidence, si 2020 sera une année à oublier, 2021 sera quant à elle mémorable. Car comme Virginie, le personnage principal de La Nuée (Just Phillipot, 2020), le genre à la française a augmenté les doses, fait fructifier son vivier, injecté du sang neuf, édifié ça et là de nouvelles serres. Les sauterelles se multiplient, elles déferlent, elles ont faim. Entretien avec un affamé et son film aussi majeur que prototype.