Pierre-Jean Delvolvé


A propos de Pierre-Jean Delvolvé

Scénariste et réalisateur diplômé de la Femis, Pierre-Jean aime autant parler de Jacques Demy que de "2001 l'odyssée de l'espace", d'Eric Rohmer que de "Showgirls" et par-dessus tout faire des rapprochements improbables entre "La Maman et la Putain" et "Mad Max". Par exemple. En plus de développer ses propres films, il trouve ici l'occasion de faire ce genre d'assemblages entre les différents pôles de sa cinéphile un peu hirsute. Ses spécialités variées oscillent entre Paul Verhoeven, John Carpenter, Tobe Hooper et George Miller. Il est aussi le plus sentimental de nos rédacteurs.


[Carnet de Bord] Festival de Cannes • Bilan, Tops et Palmarès

Le festival de Cannes 2023 s’est clôt samedi dernier sur le sacre de Justine Triet et son discours d’une grande acuité politique qui venait remettre l’actualité au centre de cette grande lessiveuse, cette fabrique cinéphile d’oubli. A cet endroit, le festival était à l’heure. Pourtant, rarement il n’aura semblé aussi « à côté », pour le pire comme pour le meilleur. Voilà notre bilan d’une édition en demi-teinte, qui s’achève sur un palmarès cohérent, mais qui à notre sens sera de nouveau passé à côté du geste le plus fort de la compétition.


[Carnet de Bord] Festival de Cannes • Jours 3-6

Quatre nouvelles journées sur la croisette, essentiellement pluvieuses. Quelques revenants, plus ou moins incarnés, des épanchements cinéphiles à l’écran ou dans les files d’attente, des tentatives plus ou moins « genrés », plus ou moins réussies, de toucher au contemporain. Comme souvent à Cannes, l’accumulation de films et de soirées donnent le sentiment de traverser un monde en quelques séances et quelques jours. Avec, pour ces jours-ci, un film monstre qui emporte tout et qui a hanté l’intégralité des projections qui ont suivi…


Une petit garçon est fasciné par l'image qui est projetée sur sa main, et qui n'éclaire que son visage au milieu de la pénombre ; plan issu du film The Fabelmans.

The Fabelmans

Un an après le feu-d’artifice, spectral et déchirant, que fut West Side Story, c’est peu dire que nous attendions avec la plus grande impatience The Fabelmans. Parce qu’il est le nouveau film de Steven Spielberg, bien entendu, mais aussi et surtout parce qu’il s’agit peut-être de son projet le plus personnel, où le cinéaste nous livre les souvenirs d’une enfance traumatisée par la séparation de ses parents, mais surtout par sa découverte du septième art. Le résultat, sans complaisance mélodramatique ni épate formelle, est largement à la hauteur de nos attentes.


Sophie Marceau concentrée, prête à tirer à l'arc dans la forêt du film Une femme de notre temps de Jean-Paul Civeyrac.

[Entretien] Jean Paul Civeyrac, préférer l’imagination

Si en sortant de Mes Provinciales en 2018 on nous avait dit que nous aurions envie de donner la plus belle place au nouveau film de Jean Paul Civeyrac, nous ne l’aurions sans doute pas cru. Ce beau film d’apprentissage sur un jeune cinéphile parisien ne côtoyait guère les thématiques et les genres de notre ligne éditoriale. Une Femme de notre temps, son dernier film sorti bien trop discrètement à l’automne 2022, nous a passionné, et s’avère peut-être le plus beau film « de genre », au sens le plus classique du terme, en tous cas le plus émouvant thriller français de l’année passée. Même s’il est bien plus qu’un simple « thriller », et c’est sur ce « plus » que nous voulions revenir. Nous n’avions pas pu couvrir sa sortie en salles, nous avons donc décidé de réparer cet oubli en rencontrant son metteur en scène à l’occasion de sa sortie en vidéo.


[Entretien] Guillaume Nicloux, Regarder la peur

Le cinéma de Guillaume Nicloux nous a toujours beaucoup intéressé pour sa manière de voyager à travers les genres les plus divers, du polar au film historique en passant par le mélodrame et le film de guerre. Le voilà de retour avec un film d’horreur au pitch claustrophobe et ultra séduisant qui nous a surtout frappé par sa noirceur et sa construction cauchemardesque. Il nous semblait nécessaire de revenir avec lui sur cette Tour, même s’il n’est pas du genre à chercher l’explication de ses propres essais…


Quatre personnages, enfant, homme et vieillards, vus de dos, font face à une petite mainson en bois ; ils portent de lourdes haches et la scène est baignée dans une lumière jaune et verte peu réaliste ; illustration du film Knock at the cabin.

Knock at the Cabin

Nous n’avons jamais caché notre admiration pour M. Night Shyamalan, nous qui défendons autant Sixième sens (1999) que Le Dernier maître de l’air (2010).C’est donc avec la plus grande impatience que nous attendons la sortie de ses nouveaux travaux, et Knock at the cabin ne faisait pas exception à la règle. Et bien qu’il y confirme une manière plus mineure que celle de ses débuts, entamée depuis près d’une dizaine d’année finalement, nous ne sommes pas déçus. Cette critique ne reposera pas à proprement parler sur des révélations, mais difficile d’évoquer un nouveau Shyamalan sans en révéler quelques secrets… Vous voilà prévenus.


Dans un clair-obscur jauni, on installe un vieil appareil dentaire à la jeune Earwig de Lucile Hadzihalilovic.

[Entretien] Lucile Hadzihalilovic, logique de la sensation

Cinéaste majeure mais encore malheureusement trop confidentielle, Lucile Hadzihalilovic revient ce mercredi sur nos écrans avec son troisième long-métrage, l’envoutant Earwig. Conte macabre autant qu’échappée mentale, presque psychédélique, il tient toutes les promesses de ses précédents essais, et s’impose comme le premier rendez-vous clé de notre année 2023. Nous avons pu nous entretenir longuement avec la cinéaste, où il est question de la création de ce magnifique nouveau film, mais aussi de son cinéma en général, et sa place singulière dans le paysage cinématographique européen.


Avatar : La Voie de L’Eau

Treize ans après le premier Avatar (2009) et passée une triste décennie de blockbusters morbides, James Cameron réitère le pari insensé de son premier opus avec cette suite au moins aussi attendue. De nouveau, il s’agit de mettre en scène un spectacle total, à la fois bilan des formes du passé et mise à jour des possibilités du cinéma. Les attentes économiques et artistiques s’additionnent. Pour les premières, nous ne pouvons pas encore pleinement juger – les chiffres de fréquentation étant pour l’instant démentiels quoique parfois en dessous des espérances – pour les secondes, ça y est : nous avons vu Avatar 2. Nous ne sommes pas déçus, et pourtant surpris. L’article est évidemment constellé de révélations.


Plan rapproché-épaule sur un homme torse-nu qui porte un masque blanc la bouche entrouverte dans le film Bruiser.

Bruiser

On connaissait déjà toute l’admiration de Jean-Baptiste Thoret pour George Romero – qui s’est notamment déjà concrétisée par la direction du formidable Politique du Zombie : L’Amérique selon George A. Romero (2007) – et nous ne sommes donc pas surpris de l’entrée du cinéaste dans sa prolifique collection Make my Day. C’est avec Bruiser (2000), objet méconnu, malaimé, et tardif, que s’opère cette arrivée, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Car, sans être au niveau des chefs-d’oeuvre de son auteur, il méritait depuis longtemps une réévaluation : c’est désormais chose faite.


Un ciel orangé de crépuscule, un bord de mer à Tahiti et la végétation luxuriante qui entoure Benoit Magimel, vu en petite silhouette et de dos, scrute l'horizon avec des jumelles ; scène du film Pacifiction.

Pacifiction : tourment sur les îles

Projeté en fin de festival de Cannes 2022, le nouveau film d’Albert Serra, Pacifiction : Tourment sur les îles, a fait sensation et fut largement considéré comme l’objet le plus aventureux et sidérant de la compétition. Étrange perdition d’un haut-commissaire en Polynésie française sur fond de menace nucléaire, il a en tous cas largement éveillé notre curiosité, à défaut de stimuler celle du jury qui décidément se sera trompé sur toute la ligne…


Scène de nuit dans le film Nope : Daniel Kaluuya vu de dos fait face à une tornade.

Nope

Après deux essais qui convainquirent beaucoup – mais pas tout le monde dans nos colonnes – Jordan Peele fait un retour remarqué dans nos salles avec le très attendu Nope marquant sa bascule dans un registre plus ouvertement fantastique. Accueilli en demi-teinte aux Etats-Unis, cet objet étrange, inégal mais foisonnant, a réveillé chez nous un enthousiasme qu’on croyait définitivement endormi : celui ressenti devant le meilleur du divertissement hollywoodien, plaisir particulièrement vivace au beau milieu d’un été caniculaire, relativement déserté par les blockbusters. Avertissement cependant : ce plaisir était aussi lié à une ignorance totale des tenants et aboutissants de son intrigue. Or, cet article est truffé de révélations, vous voilà avertis.