Pierre-Jean Delvolvé


A propos de Pierre-Jean Delvolvé

Scénariste et réalisateur diplômé de la Femis, Pierre-Jean aime autant parler de Jacques Demy que de "2001 l'odyssée de l'espace", d'Eric Rohmer que de "Showgirls" et par-dessus tout faire des rapprochements improbables entre "La Maman et la Putain" et "Mad Max". Par exemple. En plus de développer ses propres films, il trouve ici l'occasion de faire ce genre d'assemblages entre les différents pôles de sa cinéphile un peu hirsute. Ses spécialités variées oscillent entre Paul Verhoeven, John Carpenter, Tobe Hooper et George Miller. Il est aussi le plus sentimental de nos rédacteurs. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/riNSm


Carrie, au bal du diable   Mise à jour récente !

A l’occasion d’une présentation au Ciné-Club « Au Frontières du Méliès » au cinéma Le Méliès de Montreuil, retour sur Carrie, au bal du diable (Brian de Palma, 1977). Il est de ses films sur lesquels on ne revient plus : il n’y a pour lui ni travail de réévaluation ni de dénigrements tardifs à faire. Il reste cette splendeur de teen movie et de film d’horreur rassemblé, ce sommet dans la carrière d’un cinéaste ô combien important pour nous, cet inoubliable bain de couleur et de romantisme, nimbé pourtant d’ironie et de noirceur. Pour y revenir, au-delà de ces superlatifs, peut-être faut-il faire un petit pas de côté. En deux plans et deux sursauts.

Sissy Spacek au milieu des flammes avec sa robe en sang dans Carrie au bal du diable.

Un jeune homme perdu dans une forêt brumeuse... Scène du film Miséricorde d'Alain Guiraudie.

Miséricorde

On avait laissé Alain Guiraudie à Clermont-Ferrand dans l’inégal Viens, je t’emmène, délire un peu grisâtre sur fond de paranoïa sécuritaire. De prime abord, Miséricorde semble renouer avec l’économie narrative de L’inconnu du lac (2013) : un jeune homme revient dans le village de son enfance, provoquant de vieilles rancoeurs et une improbable circulation de désirs. Si tout est en place pour un Guiraudie habituel, le cinéaste brouille les pistes et parvient encore à surprendre.


[LECTURE] Le chemin du paradis – une épopée de Francis Ford Coppola

Notre admiration sans bornes pour Megalopolis, le dernier objet de sidération de Francis Ford Coppola, et sa sortie prochaine nous donne l’occasion de revenir sur une autre actualité française de son auteur. En effet, il y a quelques mois, les éditions Carlotta nous ont gratifié d’une traduction française d’un formidable ouvrage de Sam Wasson – Le chemin du paradis, une épopée de Francis ford Coppola – récit passionnant de ses rêves inouïes comme de ses bouleversants échecs.

Francis Ford Coppola sur le tournage d'Apocalypse Now les bras en croix, semblant agité, dans un décor de lagune ; illustration du livre Le chemin du paradis.

Beetlejuice regarde la caméra avec un sourire ; derrière lui un homme en costume jaune dont la tête est toute réduite ; plan du film Beetlejuice Beetlejuice.

Beetlejuice Beetlejuice

Après l’ingrate et terne première saison de “Mercredi”, Tim Burton revient derrière la caméra avec “Beetlejuice Beetlejuice” (2024) qui fait suite à son second long-métrage, et suscitait sur le papier une certaine appréhension. Sans être complètement convaincant, le résultat se révèle touchant, aussi bien dans ses échecs que dans son inspiration parfois retrouvée.


Megalopolis

Pas de doute, nous n’attendions rien de plus que Megalopolis cette année à Cannes, et nous n’étions pas les seuls. Douze ans après le magnifique Twixt qui achevait une trilogie mal-aimée – pourtant sublime – réalisée avec les moyens d’un étudiant en cinéma, c’est avec un projet pharaonique, autofinancé, et envisagé depuis quarante ans que Francis Ford Coppola nous revient. Nous en avions nous-même rêvé durant toutes ces années, à tel point qu’il est difficile de confronter les images qu’on a fantasmées à leur matière réelle. Disons-le, cette œuvre singulière en tout, accueillie avec mépris et huées sur la Croisette, nous a désarmés et nous hante.

Dans ce sui semble être une vaste tente aux draps blancs, baignée dans une lumière jaune, Adam Driver contemple une boule en verre qu'il tient dans sa main ; scène de Mégalopolis.

Aggro Dr1ft Harmony Korine

Aggro Dr1ft

Cinq ans après la sortie américaine du merveilleux et mal-aimé “The Beach Bum” (2019) – qui n’a connu qu’une sortie directement en DVD et blu-ray chez nous – le génial Harmony Korine nous a fait la surprise de dévoiler directement sur son propre site son nouvel essai : le très étrange et coloré Aggro Dr1ft. Quittant définitivement les rives d’un cinéma traditionnel, il nous propose une expérience d’une radicalité inouïe, mais qui n’est pas sans une émotion sincère.