Entretiens

Avant de s’appeler “Fais pas Genre” on s’appelait “Intervista” et intervista ça veut dire Interview. C’est donc ici que vous trouverez nos interviews, entretiens ou compte rendus de masterclass.


Dans un clair-obscur jauni, on installe un vieil appareil dentaire à la jeune Earwig de Lucile Hadzihalilovic.

[Entretien] Lucile Hadzihalilovic, logique de la sensation

Cinéaste majeure mais encore malheureusement trop confidentielle, Lucile Hadzihalilovic revient ce mercredi sur nos écrans avec son troisième long-métrage, l’envoutant Earwig. Conte macabre autant qu’échappée mentale, presque psychédélique, il tient toutes les promesses de ses précédents essais, et s’impose comme le premier rendez-vous clé de notre année 2023. Nous avons pu nous entretenir longuement avec la cinéaste, où il est question de la création de ce magnifique nouveau film, mais aussi de son cinéma en général, et sa place singulière dans le paysage cinématographique européen.


[Entretien] Patricia Mazuy, la sauvagerie en héritage

En l’espace de six long-métrages et d’un téléfilm culte, émaillés depuis plus de trente ans dans le paysage cinématographique français, la cinéaste Patricia Mazuy n’a eu de cesse, en passant de genres en genres, de cultiver son style : celui d’un cinéma incandescent et électrique, toujours intense. Puisant entre autres dans le western, sa mise-en-scène est celle de la furia tapie dans le cœur et l’âme. La réalisatrice s’attache à dépeindre la sauvagerie naissante chez ses personnages, les frères de Peaux de vaches, les adolescents de Travolta et moi, Gracieuse dans Sports de filles ou encore Paul Sanchez dans le film éponyme pour ne citer que quelques exemples. Avec son nouveau long-métrage, Bowling Saturne, elle signe un des films les plus saisissants de l’année 2022 qui s’achève, un « thriller féroce » et viscéral, sans concession, porté par une confrontation mythologique entre frères, et d’un lieu iconique, des entrailles d’où naissent le mal.


Les trois scientifiques fous du film Les enfants de la cité perdue de Jeunet & Caro, dans leur labo, guettent quelque chose

[Entretien] Jean-Pierre Jeunet & Marc Caro, à la bonne franquette

Le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg a accueilli le duo Jean-Pierre Jeunet / Marc Caro pour présenter la version restaurée de La Cité des Enfants perdus (1995) en première mondiale. Entretien fleuve avec deux monuments du cinéma de genres français, au croisement entre steampunk et franchouillardise.


Samuel Le Bihan et Marc Dacascos regardent l'objectif avec un ciel ombragé et la plaine du Gévaudan en arrière-plan ; ils portent un foulard et un chapeau qui couvrent leurs visages et ne dévoilent que leurs yeux ; affiche du film Le pacte des loups de Christophe Gans.

[Entretien] Christophe Gans, le chimiste fou

Invité d’honneur du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg 2022, nous avons rencontré Christophe Gans pour parler yakuza, jeux vidéo et écologie — un pot au feu bouillonnant, à l’image du cinéaste. L’occasion parfaite de poursuivre notre état des lieux des cinémas de genres français.


Deux femmes à l'allure de cow-boy marchent dans une plaine et tirent un cheval derrière elles ; le paysage est baignée dans une lumière violette et jaune surréaliste ; scène du film After Blue (Paradis Sale) de Betrand Mandico.

[Entretien] Bertrand Mandico, paradis sales

Après le sublime noir et blanc des Garçons Sauvages (2017), le cinéaste-alchimiste Bertrand Mandico trouve sa vraie nature dans l’artificiel avec le très coloré et organique After Blue (Paradis Sale) dans lequel il nous donne sa version du monde d’après, la planète qui vient remplacer la Terre, un Eden idéal taché par les humains. Le metteur en scène, maître de cérémonie et constructeur d’univers, puise son onirisme dans une alliance de poésie et de technique, traduit sur le velouté de la pellicule : à travers un abandon du sujet, les acteurs et la caméra organisent de véritables tableaux vivants, avec un amour de l’effet carton-pâte et un profond rapport de chair et de peau, convoquant par-là une certaine histoire des formes, entre magie et ambiguïté. On a interrogé l’artiste le temps d’une interview sur ses obsessions du monde, entre enfers et succubes, et on lui a demandé en quoi la subversion par le païen ouvre des portes vers la transmutations des genres.


Les deux plongeurs du film The Deep House, réalisé par Alexandre Bustillo et Julien Maury, atteignent une voiture immergée qu'ils inspectent avec des lampes-torche.

[Entretien] Alexandre Bustillo & Julien Maury, en profondeur

Les prolifiques Alexandre Bustillo et Julien Maury comptent parmi les piliers du genre « frontal » en France. L’an dernier, ils ont certainement signé leur meilleur film avec The Deep House, un concept fou d’urbex dans une maison hantée engloutie au fond d’un lac. Le scénario est dégraissé et rigoureux, la technicité et le découpage y sont irréprochables et le production design clairement magnifique. Les deux collaborateurs font preuve d’une indéniable générosité bis, avec un sens du suspense étouffant et une claustrophobie qui montent dans un crescendo incroyable – on n’avait pas été aussi oppressés dans le genre depuis The Descent (Neil Marshall, 2005). On a eu la chance de les croiser en clôture du Festival Grindhouse Paradise 2021 et de pouvoir discuter avec eux.