Elie Katz


A propos de Elie Katz

Scénariste fou échappé du MSEA de Nanterre en 2019, Elie prépare son prochain coup en se faisant passer pour un consultant en scénario. Mais secrètement, il planche jour et nuit sur sa lubie du parfait film d'action. Qui sait si son obsession lui vient d'une saga Rambo vue trop tôt, s'il est encore en rémission d'un high-kick de Tony Jaa, d'une fusillade de John Woo ou d'une punchline de Belmondo ? Quoi qu'il en soit, évitez les mots « cascadeurs français » et « John Wick 4 » près de lui, on en a perdu plus d'un. Dernier signalement : on l'aurait vu sur un toit parisien, apprenant le bushido aux pigeons sur la bande-son de son film préféré, Ghost Dog de Jim Jarmusch. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/riGco


Equalizer 3

Si les genres peuvent avoir tendance à s’enfermer sur eux-mêmes, les franchises sont de vraies camisole de force. Alors qu’adopter un certain style de cinéma offre une variété de socles narratifs familiers et un ensemble de références esthétiques aussi précises et variées, la franchise n’a qu’un seul point de source, qu’un seul objectif : reproduire son succès initial. Quand JCDecaux nous abreuvait cet été d’affiches d’Equalizer 3 (Antoine Fuqua, 2023), on a senti l’arnaque. Le coup de l’acteur d’action bankable vieillissant qui prend 85% de l’affiche pour encore pointer son flingue vers le vide, on nous l’a déjà fait. Mais parce que c’était Denzel, parce que c’était nous, on a quand même attendu la VOD. La voilà qui tombe et ô surprise : c’est plutôt moyen ! L’occasion de revenir un peu sur cette franchise instantanément oubliable aux millions d’entrées, qui aurait pu, mais qui n’a pas.

Denzel Washington, songeur, est accroupi, dans une église (les bougies brillent en arrière-plan) un petit couteau entre les doigts ; scène du film Equalizer 3

Plan grand angle en contre-plongée sur un homme à chapeau et avec une écharpe blanche, qui braquent sur le spectateur face caméra deux immenses revolver ; plan du film The Hebrew Hammer.

The Hebrew Hammer

Si les films de Noël s’enchaînent chaque année comme des guirlandes autour d’un sapin, ceux de Hannouca peuvent sûrement se compter sur les branches d’une menorah. Malgré tous ses mythiques réalisateurs, la communauté juive américaine n’a que très rarement sorti sa fête des Lumières de l’ombre du Saint Nicolas coca-colisé. En 2003, Johnathan Kesselman et Adam Goldberg tentent de relever le défi en créant le premier (et dernier) héros de jewxploitation : le détective privé (de prépuce) Mordechaï Jefferson Carver, a.k.a The Hebrew Hammer. Culte de niche, cette série B un peu cheap sous tous rapports est peut-être le chaînon manquant dans l’évolution de l’humour juif entre Woody Allen et Adam Sandler. Faites tourner les dreydels et chauffer les latkes, Papa Hanouca arrive en ville.


Second Tour

Un film sur une élection hors période électorale, un thriller politique qui ne veut pas en être un. Un grand nom qui divise et s’en ravit, un cinéma qui veut être libre plutôt qu’être grand. Avec Second Tour (2023), Dupontel poursuit son exercice du conte contemporain entamé par Adieu les Cons (2020) et confirme l’enterrement de son cinéma trash des premiers jours (Bernie, Enfermés Dehors, 9 Mois Ferme…) dont Au Revoir Là Haut (2017) a ironiquement écrit l’oraison. Le dernier diable de Tasmanie du cinéma français se serait-il éteint ? Pas tout à fait. Quelque chose a survécu et résiste encore et toujours (on l’espère) dans l’esprit foutraque de ce cinéaste fraîchement adoubé. Mais quoi ?

Albert Dupontel entre dans son meeting entouré de militants enflammés et de drapeaux français dans le film Second Tour.

D'Artagnan traverse la cour d'un château, plongé dans la brume, escorté par deux hommes armés, à quelques pas derrière lui, dans le film Les Trois Mousquetaires : Milady.

Les Trois Mousquetaires : Milady

L’anticipation pour un film est à double tranchant. Un coup, elle permettra d’élever l’oeuvre que l’on va voir, de gommer à nos yeux ses imperfections et de lui excuser ses manquements tant qu’un minimum de nos attentes est atteint. Un autre coup, ces attentes se révéleront complètement infondées, exploitées et tordues par une production opportuniste. La suite des Trois Mousquetaires : D’Artagnan (2023) et conclusion du diptyque de Martin Bourboulon fait partie de cette seconde catégorie, détruisant les fragiles installations du premier opus à coup de maladresses creuses et de passéismes problématiques. Anatomie d’un massacre intéressé.


[Carnet de bord] Festival Court Métrange • Jours 4 et 5

Quelle tempête ce Court-Métrange. L’Ouverture nous avait happés, l’Animation entraînés et le Double un peu laissés à la dérive. Et voilà que les vents se lèvent de nouveau. L’aquilon menaçant de l’Ailleurs et le mistral tourbillonnant du Mythe. Bien que bousculés par ces bourrasques ininterrompus, celles-ci nous ont permis de nous envoler loin, bien loin du confinement de notre visionnage à domicile. Terres inconnues, univers parallèles, monstres passés et futurs, inextricables malédictions… Après avoir été ballotés partout et emportés si haut, nous voilà relâchés, en chute libre, profitant de ce dangereux instant de liberté pour ancrer profondément dans nos mémoires, et peut-être dans les étoiles, ces fabuleuses images qui nous avaient été offertes et les noms de leurs responsables. Avant que la houle ne reprenne ou que nous atteignions le sol, nous aimerions partager avec vous un peu de notre ballet aérien.

Plan rapproché-épaule sur une jeune fille portant un masque tribal asiatique faisant penser à un lion dans le film Nian pour notre carnet de bord Court-Métrange 2.

[Carnet de bord] Festival Court Métrange • Jours 1 à 3

Une fois n’est pas coutume, on se jette à nouveau dans la sélection du festival Court-Métrange de Rennes, un de nos trop rares évènements uniquement dédiés aux courts-métrages de genre(s). Mais cette fois-ci, c’est pour la nouveauté de cette année : le partenariat du festival avec la plateforme de screaming Shadowz, qui diffuse en ligne la sélection du 26 septembre au 8 octobre. Fais Pas Genre livre son carnet de bord de cette plongée qui s’annonce aussi mouvante que belle.