The Video Dead


A l’occasion de la sortie de The Video Dead (Robert Scott, 1987) en Blu-Ray chez Le Chat qui Fume on revient sur ce film qui réussit à ne pas correspondre à nos attentes tout en les comblant parfaitement… Si le côté “video” vous laissera un peu sur votre faim, le côté “dead”, quant à lui, est un régal ! En effet, The Video Dead respecte les codes du film de zombies de série B, mais il les subvertit également pour venir nous faire cette proposition déroutante : et si les zombies n’étaient pas aussi dénués d’humanité qu’on pourrait le penser ?

Un mort-vivant squelettique apparaît sur une télévision des années 80 en noir et blanc dans le film The Video Dead.

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Y’a quoi à la télé ce soir ?

Un mort-vivant squelette brandit une tronçonneuse en pleine forêt dans le film The Video Dead.

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Fort de l’immense succès du premier volet de la Saga des zombies de George Romero – pour rappel La Nuit des morts-vivants (1968) – le film de zombies a connu un véritable âge d’or dans les années 1970 et 1980. Ainsi, le grand nombre d’œuvres existantes reflète une variété de scénarios tout aussi grande, ce qui permet finalement à chacun.e d’y trouver son compte. Nombreux sont les réalisateurs qui ont tenu à apporter leur pierre à l’édifice. C’est précisément ce qu’a fait Robert Scott, l’auteur de The Video Dead. En effet, lui-même inspiré par le cinéma de Romero, cet amateur a décidé de réaliser un de ses rêves et de mener à bien son projet de film de zombies. D’une part, on peut saluer l’effort car Scott est allé jusqu’au bout de son idée et ce malgré son budget restreint. D’autre part, on peut aussi le féliciter pour son angle d’approche qui fait des zombies les vraies vedettes de ce long-métrage. Alors que la figure habituelle du zombie est celle d’un être qui revient d’entre les morts pour assouvir des pulsions meurtrières et cannibales – et qui, par la même occasion, met l’humanité en péril et la renvoie à ses instincts les plus primitifs, c’est-à-dire ceux qui refont surface lorsque notre conscience s’éteint – figure rarement définie par autre chose que ce besoin de tuer, celle proposée par Robert Scott pique notre curiosité car l’on ressent dès les premiers instants où ils apparaissent que ces zombies-là sont plus que ça. Chacun des cinq zombies aperçus dans le film possède sa propre backstory – implicitement révélée par sa tenue vestimentaire – ainsi que des traits de personnalité qui lui sont propres, des petits quirks qui font que l’on s’attache d’une certaine manière à eux. On retrouve notamment une mariée coquette dont on devine que la lune de miel a connu une issue fatale, un lycéen en blouson de sport et au visage bleu, et un magnifique spécimen de zombie-sness man en costume. C’est donc dans l’idée d’exploiter la prémisse que nous avons affaire non seulement à des morts-vivants, mais avant tout à d’anciens vivants que se lance The Video Dead, ce qui va mener à des scènes parfois très cocasses.

Une tête de mort-vivant ensanglanté et avec un sourire diabolique surgit d'un écran de télévision brisé, dans de la fumée ; plan issu du film The Video Dead.

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Mais commençons donc par le commencement ! Un auteur solitaire reçoit la livraison d’un colis qu’il n’a jamais commandé – typique ! À l’intérieur se trouve une télévision maudite qui passe le même film en boucle – un film en noir et blanc qui ne semble n’avoir ni de début ni de fin – mettant en scène des zombies en train de déambuler dans une forêt. Notre personnage n’apprécie visiblement pas le programme car il décide d’éteindre l’appareil et – oh surprise – celui-ci se rallume tout seule, même après avoir été débranché. Ni une, ni deux, tels l’esprit de la cassette dans Ring (Hideo Nakata, 1998), les zombies se mettent à sortir du téléviseur et c’est la dernière fois que l’on entendra parler de notre auteur. Flashforward quelques mois plus tard où l’on découvre les nouveaux occupants de la maison, la jeune Zoe et son petit frère adolescent Jeff, venus en éclaireurs avant que leurs parents n’emménagent à leur tour dans le petit pavillon. Très peu de temps s’écoule avant que Jeff ne découvre le téléviseur relié à l’au-delà. À la différence de son prédécesseur, Jeff passe un bon moment devant le programme maudit – après avoir pris une bouffée du pétard la plus rapide et le plus efficace de tous les temps – jusqu’à ce qu’un mystérieux inconnu surnommé le “Garbage Man” n’apparaisse à l’écran pour l’avertir du fléau qu’il vient de déclencher. S’en suivent les péripéties habituelles : il faut se débarrasser des zombies car ceux-ci ont déjà commencé à sévir. Accompagnés par leur nouvelle voisine et un cowboy spécialiste du paranormal – le destinataire officiel de la télévision venu rechercher son bien – qui leur révèle tout ce qu’il sait, les deux adolescents établissent une stratégie afin de triompher sur leurs ennemis venus d’outre-tombe…

Un homme à la peau bleue et boursouflée, comme s'il avait de la peinture sur le visage, est figé dans une expression d'effroi dans le film The Video Dead.

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The Video Dead capture très bien l’essence des productions des années 1980 et n’est d’ailleurs pas sans rappeler certains des grands classiques de genre de l’époque. Tout d’abord Halloween (John Carpenter, 1978), pour le déroulement de l’action dans une banlieue résidentielle paisible ; mais encore, Christine (John Carpenter, 1983), pour l’objet du quotidien aux pouvoirs surnaturels que rien ne semble pouvoir arrêter ; et enfin, Gremlins (Joe Dante, 1984), pour l’attribution de caractéristiques individuelles aux créatures – ici les zombies – ainsi que leur propension à semer le chaos et la joie que cela leur procure donnant envie de se marrer avec eux. En parlant de rire, The Video Dead fait preuve d’un humour complètement absurde – retenons la scène du repas avec les zombies – qui a le don de capter notre intérêt là où ce dernier vient à se relâcher à cause de l’absence générale de tension. Les événements s’enchaînent avec une certaine lenteur amenant à ce que l’on ne ressente aucun suspense, mais la présence d’un certain rythme comique avec des cuts bien placés et des gags visuels aide à conserver son attention. Au-delà de cela, la réalisation s’attarde parfois sur des plans improbables comme des gros plans de mains et de poignées de porte… Autre élément perturbant : le fait que les comédien.nes n’affichent pas leur terreur. On aurait sans doute apprécié un peu plus de cris et d’expressions sur leurs visages, surtout que l’on a droit à de très beaux moments gores qui invitent à des réactions beaucoup plus intenses que celles qu’ils reçoivent. Considéré le faible budget de la production, les effets spéciaux et les maquillages de bonnes vieilles gueules de zombies sont réellement impressionnants ! On aurait également aimé que le long-métrage s’attarde un peu plus sur l’histoire de ce téléviseur maudit, qui est quand même le catalyseur de l’intrigue…

Ainsi, cette nouvelle édition Blu-Ray que nous propose ici Le Chat qui Fume contient une version restaurée du film, en version originale ainsi qu’en version française – et quoi de mieux qu’une savoureuse version française pour une série B des années 80, d’autant que The Video Dead s’ouvre avec un magnifique “Tirez-vous!” de l’auteur solitaire, premier protagoniste, ne souhaitant visiblement pas être dérangé – et non pas un mais deux bonus ! À savoir la bande-annonce du long-métrage et surtout un entretien d’une quinzaine de minutes avec Damien Granger (ancien rédacteur en chef du magazine Mad Movies). Ce dernier nous en apprend plus sur la naissance de The Video Dead, mais aussi sur ce que le film aurait pu être, ce qui nous permet de mieux comprendre les intentions de Scott. Il est vivement conseillé de regarder cet entretien après avoir visionné l’objet pour pouvoir remettre en perspective ce à quoi l’on vient d’assister, et d’une certaine manière l’apprécier davantage. Enfin, pour couronner le tout, la boîte, elle-même joliment décorée, contient des photos tirées du film, afin de combler une certaine envie d’orner ses murs avec de beaux zombies de série B. Merci Le Chat qui Fume ! Avis donc à tous.tes les amateur.ices de zombies et/ou de séries B, mais aussi aux curieux.ses en quête de nouvelles découvertes insolites. Et n’oubliez pas d’éteindre votre téléviseur à la fin. On ne sait jamais…


A propos de Andie

Pur produit de la génération Z, Andie a du mal à passer plus d'une journée sans regarder un écran. Ses préférés sont ceux du cinéma et de la télévision, sur lesquels elle a pu visionner toutes sortes d'œuvres plus étranges et insolites les unes que les autres. En effet, elle est invariablement attirée par le bizarre, le kitsch, l'absurde, et le surréaliste (cela dit, pas étonnant lorsque l'on vient du plat pays...). Elle apprécie particulièrement les univers cinématographiques de Michel Gondry, Jaco Van Dormael, et Guillermo Del Toro. Ses spécialités sont le cinéma fantastique et les documentaires. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/riobs

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