Petite production chapeautée par Charles Band via sa société Wizard vidéo et réalisée par Tim Kincaid, les éditions Le Chat qui Fume nous proposent de redécouvrir Breeders, une série B mélangeant horreur, science fiction et érotisme.
Rayon nanar
Sur le papier, Breeders semblait offrir les ingrédients nécessaires pour constituer une série B tout à fait convenable. Tim Kincaid semblait s’inspirer des productions de la Troma et des longs-métrages déviants de Fred Olen Ray. Le scénario propose une intrigue alléchante, impliquant des créatures monstrueuses et lubriques fécondant des vierges dans les rues de New York : on avait là le potentiel de voir une perle rare de l’horreur, susceptible de procurer des frissons agréables, voire de servir de toile de fond à une exploration perspicace des agitations caractéristiques de la période tumultueuse que traversait la ville de New York à ce moment-là.
Cependant, malgré ces promesses, le film ne répond pas aux attentes suscitées la faute à une réalisation médiocre. Tim Kincaid, habitué à produire des œuvres à la chaîne (il a réalisé deux autres longs-métrages la même année) manque singulièrement d’inspiration et d’originalité. Bien qu’il soit tout à fait compréhensible que fusionner différents genres au cinéma puisse présenter des défis, il est indiscutable que Tim Kincaid n’a fait aucun effort pour rendre son œuvre captivante. C’est d’autant plus regrettable, car l’intrigue possédait un réel potentiel horrifique : la possibilité de créer une atmosphère horrifique et de traiter en filigrane des thèmes tels que la peur que peuvent ressentir les femmes quand elles sortent la nuit dans les rues des grandes villes, les monstres pouvant être interprétés comme une métaphore des potentiels agresseurs et violeurs, était prégnante. Cependant, toutes ces idées sont gâchées par une mise en scène mollassonne, frôlant l’amateurisme, et qui peine à susciter le moindre sentiment d’effroi chez le public.
Parmi les autres problèmes les plus flagrants, on ne peut ignorer l’insistance excessive sur les scènes de nudité gratuite. Les personnages féminins, réduits à leur plus simple expression, sont continuellement placés dans des situations de nudité sans aucune justification scénaristique. Et comment ne pas mentionner la scène finale qui aurait pu figurer sans nul doute dans un téléfilm érotique du dimanche soir et qui constitue une véritable insulte à l’intelligence du spectateur… Quand on sait que le réalisateur a œuvré dans le cinéma pornographique avant de se lancer dans la série B à bas budget, cela fait sens. Toujours concernant les actrices, il est évident qu’elles ont été sélectionnées davantage pour leur apparence physique que pour leur talent d’interprétation. À l’exception de Teresa Farley, qui se distingue dans le rôle du Dr. Gamble Pace (le seul personnage féminin à demeurer vêtu tout au long du film), les performances du reste de la distribution laissent beaucoup à désirer. Comme tout le reste du long-métrage, les effets spéciaux de Breeders se révèlent maladroits et inefficaces, laissant entrevoir des acteurs revêtus de prothèses en caoutchouc et des effets gores peu élaborés. En effet, le long-métrage pèche à la fois par un manque flagrant de compétences techniques et par une profondeur narrative insuffisante, éléments essentiels pour instaurer une présence extraterrestre digne de ce nom. Ces mêmes extraterrestres susciteront ainsi plus un léger sourire chez le spectateur qu’un véritable effroi…
Du coté des bonus, les éditions le Chat qui fume nous proposent un contenu qui ravira les amateurs de séries B. Nous avons droit à une interview de Damien Granger, ancien rédacteur chez Mad Movies et fan de séries B déviantes qui revient sur le film et les productions horrifiques de l’époque. Une bien belle édition, bien plus prestigieuse que ce que mérite vraiment ce film parfaitement oubliable.