Film méta des plus attachants dans le genre, Happy Birthdead est envers et contre tout une surprise fort sympathique de fraîcheur et d’intelligence, malgré la mauvaise image avec laquelle on l’appréhendait.
Le chat à neuf vies
Bande-annonce pourrie (comme elles le sont de plus en plus), production Blumhouse plus synonyme hélas de gros machins horrifiques pas vraiment éclatants (mais pas que), high concept…J’ai été le premier à me dire en voyant les premières images de Happy Birthdead : « quelle merde ils sont encore allés nous pondre ». Le bouche à oreille lance une onde négative, mais je ne sais pas pourquoi (ça peut pas être une éventuelle déontologie, je l’ai vendue métro La Chapelle contre un paquet de Marlboro contrefait) j’y suis allé. Et j’ai bien fait, pour cause je me range aux côtés des autres critiques de cinéma (au pif, Mad Movies) qui ont su apprécier le long-métrage de Christopher Landon pour ce qu’il est : original et inventif.
High concept en veux-tu en voilà : Happy Birthdead est un remake d’un Jour sans fin (Harold Ramis 1993), soit une narration construite sur un personnage, Tree, qui revit un boucle la même journée. En l’occurrence, ce qui nous intéresse nous amateurs de genre, c’est pas que c’est la journée de son anniversaire, mais qu’elle se fait justement assassiner par un tueur avec un masque de bébé lorsque la nuit tombe. A chaque fois qu’elle revit sa journée, même si elle tente d’éviter le tueur inconnu, il la retrouve, la bute, relou…Sur un canevas thématique similaire à celui du film de Ramis, Tree est un protagoniste d’abord antipathique, une vraie pétasse populaire de l’université faisant partie d’une sororité. Elle est vaniteuse, symbole de l’étudiante américaine qui couche avec un quaterback bourré durant Spring Break mais au fur et à mesure de revivre sa journée et qu’elle se fait trucider, elle devient une « meilleure personne ». Le coté moralisateur de Happy Birthdead est son point faible, angélique et tellement américain, même s’il faut rappeler que le genre du slasher a souvent été moralisateur en substance (les jeunes qui baisent crèvent en premier). Le film peut aussi troubler celui ou celle qui voudra voir un slasher pur jus car il a une large face de comédie romantique, teen movie de filles en sororité et que les scènes d’horreur ne sont au final pas si nombreuses ni violentes que ça.
C’est pourtant dans tout ce qui relie Happy Birthdead au genre du slasher que le long-métrage est très malin, conscient de ses propres limites. En termes d’horreur ou d’épouvante, le concept d’Happy Birthdead est un non-sens : comment avoir peur pour elle si on a la certitude que le personnage de Tree ne meurt pas vraiment ? Landon répond à la question habilement en trois phases. D’abord en tournant de vraies séquences de slasher, assez bien ficelées, puis une succession de variantes qui ne peuvent qu’amuser le spectateur. Ensuite, lorsque Tree comprend qu’elle ne trépasse pas pour de bon, elle joue avec la mort et la provoque d’elle-même de manière assez humoristique et désinvolte, pour essayer d’obtenir à chaque décès un peu plus d’informations sur la raison de son cycle infernal. Enfin, le concept étant allé à son extrémité, le scénario retombe sur ses pattes en indiquant que finalement, elle n’a peut-être pas un nombre de vies illimitées finalement…Happy Birthdead est ainsi un film très méta, qui se joue des habitudes et des attentes horrifiques en appuyant intelligemment sur les mécaniques liés à l’empathie qui font le cinéma d’angoisse, l’attraction-répulsion vers la vision de la mort. C’est plus « profond » et amoureux du genre, à l’image d’un Scream (Wes Craven, 1996), plus attachant et respectueux du public qu’un grotesque La Cabane dans les bois (Drew Goddard, 2011) tiens.
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