On a tardé à vous parler de la suite de l’étonnant et sympathique Happy Birthdead (Christopher Landon, 2017), mais rassurez-vous tout de suite, vous n’avez rien manqué.
Hazy Concept
Mais que s’est-il passé chez Blumhouse ? Au royaume du film d’horreur bon marché pour adolescents, les high concept sont rois. À l’inverse d’un Action ou vérité (Jeff Wadlow, 2018) sans saveur, Happy Birthdead avait su pasticher Un Jour sans fin (Harold Ramis, 1993) avec originalité et inventivité, sur un ton potache à double tranchant, le tout porté par une actrice étonnante, Jessica Rothe, alias Tree. Ce film méta jouant à plein les codes du cinéma horrifique avait été l’un des bons divertissements de la fin d’année 2017. C’est donc sans appréhension et sans prudence que nous nous sommes réjouis quand les lumières de la salle se sont éteintes avant le début de la séance d’Happy Birthdead 2 You (Christopher Landon, 2019). Mal nous en a pris…
Sans dévoiler les quelques (et vraiment très rares) bonnes idées, cette suite fainéante avoue elle-même son incapacité à se renouveler, en s’enfonçant dans des explications pseudo-scientifiques fumeuses autour d’univers parallèles et de portail temporel… Rien que ça. Le high concept n’est plus très high, il est surtout hazy. Le scénario ne s’embarrasse que peu des paradoxes temporels, il les utilise quand ça l’arrange et les met sous le tapis quand ils deviennent gênants. Pour un film qui voulait s’inscrire dans la suite d’une histoire à la charpente solide et à la construction soignée, c’est raté. Il s’agit donc pour Tree de se sortir encore une fois d’une boucle temporelle encore une fois bien exaspérante, causée cette fois-ci par ses petits camarades physiciens qui jouent aux apprentis sorciers. Mais là où le premier volet jouait la carte du récit d’enquête, à savoir « découvrir qui se cache sous le masque immonde Babyface ?», le second devient un mélodrame niais et aussi délicat qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Facile me direz-vous. Jugez donc par vous-même les violons littéralement sortis pour une séquence de retrouvailles entre mère et fille. Car Tree va se retrouver projetée dans un univers parallèle où sa mère n’est pas morte mais où Carter n’est plus son petit ami. Quel univers va choisir notre héroïne ? Va-t-elle privilégier l’amour maternel (en se tournant vers le passé) ou bien l’amour passionnel (en se tournant vers le futur) ?
Le dilemme aurait pu être intéressant s’il n’était traité avec un ton grandiloquent et moralisateur. Le problème, c’est qu’on a furieusement l’impression que le film se prend trop au sérieux. Ça en devient gênant. Quant à toutes les trouvailles qui faisaient le sel du précédent épisode, elles sont ici expédiées au spectateur, froides et sans saveur. Comme si les créateurs n’en avaient cure mais s’obligeaient à saupoudrer les ingrédients du premier volet : un jump scare un peu mou par ici, une scène de montage rapide sur le thème « quelle est la façon la plus débile de mourir » par là, une traque banale et une « révélation » finale grotesque… La mise en scène ne se renouvelle pas et, pire, nous gratifie des pires poncifs à tous les niveaux. Appeler cet objet un film « d’horreur » est presque insultant pour toutes les œuvres (bonnes ou mauvaises) du genre qui ont la sincérité d’y plonger la tête la première. Là encore, la faute à un scénario embourbé dans ses multiples thématiques à traiter et qui renonce à choisir. Le teenage movie faussement provoc’ a de beaux jours devant lui. Non vraiment, il n’y a pas grand-chose à sauver de cet ennuyeux téléfilm qui manque cruellement de conflits intéressants chez des personnages tous interprétés de façon plus caricaturale les uns que les autres. On avait eu une série B bien ficelée et truffées d’auto-références réflexives, on se retrouve avec un nanar qui ne s’assume pas. Mais nous, on assume de ne pas aimer.