Echo 1


Après Super 8 en 2011, voilà qu’un autre film débarque sur le terrain de la SF familliale, dénommé Echo, avec comme volonté première de rendre hommage aux pionniers du genre – Spielberg en tête – tout en remettant au goût du jour les codes de ce sous-genre par le prisme du found footage.

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Comme un écho

Lorsqu’en 2011 sortait sur les écrans le Super 8 de J.J Abrams, on espérait tous que son succès allait permettre une bonne fois pour toute le retour d’un cinéma révolu, ce cinéma de science-fiction si particulier, dans lequel l’étrange et l’étranger était vu avec les yeux fascinés des enfants. C’était le cas bien sûr de E.T. l’Extraterrestre (1982, Steven Spielberg) mais aussi plus tard, du méconnu Explorers de Joe Dante (1985). Depuis 2011 et l’événement Super 8, quid du renouveau du genre ? Que dalle. 7773458747_echo-rappelle-e-t-l-extra-terrestre-et-super-8-est-le-premier-film-de-dave-greenNada. On nous annonce un remake des Goonies (Richard Donner, 1985) et du film de Joe Dante précédemment cité, mais rien de bien neuf. Alors forcément, l’arrivée sur les écrans de ce petit film nommé Echo avait de quoi intriguer. Petit film vous avez dit ? En apparence seulement, puisque le projet a d’abord été développé et commandé par Walt Disney Pictures, qui s’en serait finalement dédouané après avoir vu le premier montage, revendant le produit terminé au studio Relativity Media pour qu’il se charge de sa diffusion. Le film de Dave Green perd finalement le logo Disney et, de fait, la qualité marketing qui accompagne la marque. Résultat, ce film, taillé et produit pour être une grosse production – 13 millions de dollars est une somme considérable en comparaison des autres films de found footage – se retrouve à sortir dans un quasi anonymat, sans grande promotion.

Venons en au film. Echo nous raconte l’histoire de trois jeunes potes : Tuck, Alex et Munch dont l’amitié est menacée par la construction d’une autoroute à la place de leur quartier, forçant leurs familles respectives à déménager. À quelques jours de plier bagages, le groupe découvre, hébété, une série d’étranges messages cryptés sur leur smartphone. Bien décidés à vivre ensemble une dernière aventure, ils décident de suivre la carte et les signaux présents sur leurs téléphones et vont faire une découverte bien maxresdefaultétrange : échoué sur notre planète, un mystérieux petit extraterrestre robotique se cache et tente désespérément de reconstituer sa navette pour repartir chez lui avant que le gouvernement américain ne le trouve.

Vous l’aurez compris, le pitch ressemble à un mélange de beaucoup de films précédemment cités dans cette article : le petit extraterrestre qui veut rentrer chez lui façon E.T, un groupe de gosse qui suit une carte mystérieuse façon Les Goonies, des gamins aventureux qui vont découvrir une entité extraterrestre rappelant Explorers et enfin, le complot du gouvernement et le petit gros qui fait des blagues comme dans Super 8. Malheureusement, à aucun moment le film ne parvient ni à dépasser ses illustres modèles, ni à clairement s’en démarquer. Et pourtant, l’utilisation du found footage comme argument so 2014 du film n’est pas si mal. à bien des égards, le film est largement supérieur à 85% des films en found footage des dix dernières années. Son utilisation est inventive, jouant de la proportion qu’ont les jeunes d’aujourd’hui à être sur-connectés, le film est l’un des principaux found footages – avec The Bay de Barry Levinson peut être – qui utilisent réellement toutes les possibilités qu’un tel dispositif filmique permet. La très bonne idée du film réside dans le fait d’en avoir fait non pas un film de Dave Green, mais bien un film du jeune Tuck, réalisateur en herbe qui filme absolument tout de sa vie, en fait des montages et balance ça sur sa chaîne YouTube. Le film est donc présenté comme une sorte de montage patchwork de toute la matière engrangée par Tuck, agrémentée d’une voix-off réalisée par ses soins, et de quelques illustrations supplémentaires tels que des captures d’écran de Google Street pour mettre en image les déplacements qu’ils n’ont pas pu filmer. Dans cette même optique, certaines séquences du film sont particulièrement inventives, je pense tout particulièrement à une séance de Skype entre les trois gosses. Au moment où l’un d’entre eux commence à élaborer un plan d’enfer, on le voit cliquer sur son iTunes et lancer la musique de Robin des Bois, Prince des Voleurs (Kevin Reynolds, 1991), donnant immédiatement à ce moment une dimension épique.

Echo-140612-04Malgré tout, le dispositif, comme souvent dans le found footage, atteint très vite ses limites, à la toute fin du film, le spectateur se sent frustré de ne pas voir cette caméra – beaucoup trop cloisonnée dans son registre de caméra qui bouge dans tous les sens – se fixer un instant pour profiter du final d’une grande beauté. Au lieu de ça, le film finit par devenir illisible et bordélique, une impression qui n’est d’ailleurs pas amoindrie par le fait que le scénario est lui-même bourré d’incohérences et de facilités. Des séquences d’une grande invraisemblance s’enchaînent les unes après les autres et l’enchantement de la première heure laisse vite place à l’ennui et l’agacement. Cela démarrait pourtant sacrément bien, le casting des gosses est impeccable – mention spéciale pour le petit gros du groupe, Munch, un surdoué bricoleur, capable de te pirater un Apple avec un fer à souder, mais qui, par dessus tout, est une mauviette invétérée – ce qui ne l’empêche pas d’être néanmoins hilarant.

Pour le reste, même si les effets spéciaux font le travail – sans être du niveau d’une grosse production, ils assurent le spectacle, notamment dans le dernier tiers – et que la petite créature trop kawaï qui donne son nom au film – sorte d’ersatz de Wall-E ayant copulé avec un Tamagotchi – est plutôt bien réalisée, le film pêche faute d’un scénario convaincant et d’une véritable personnalité. On comprend pourquoi Disney a préféré passer son chemin, Echo ressemble à s’y méprendre à ces films faits pour ressembler un maximum à un autre, des ersatz en somme : et on comprendra aisément que ce n’est pas là l’ambition d’un studio de l’envergure de Disney.

Lecture complémentaire : Ce cinéma qui n’existe plus.


A propos de Joris Laquittant

Sorti diplômé du département Montage de la Fémis en 2017, Joris monte et réalise des films en parallèle de son activité de Rédacteur en Chef tyrannique sur Fais pas Genre (ou inversement). A noter aussi qu'il est éleveur d'un Mogwaï depuis 2021 et qu'il a été témoin du Rayon Bleu. Ses spécialités sont le cinéma de genre populaire des années 80/90 et tout spécialement la filmographie de Joe Dante, le cinéma de genre français et les films de monstres. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/sJxKY


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