Annoncée depuis des mois comme la série Netflix qui allait rendre hommage à ce cinéma qui n’existe plus (quoi qu’il commence à revenir sacrément en force), je me suis bien évidemment jeté sur cette première saison de Stranger Things. Impressions.
Super 16
Après avoir longtemps pleuré la disparition d’un certain cinéma de notre enfance – voir mon article, Ce cinéma qui n’existe plus – je dois désormais admettre qu’un certain revival du genre gagne visiblement en hype depuis quelques temps. Si le Super 8 de J.J Abrams (2011) faisait encore office jadis de film hommage, on s’aperçoit qu’il a finalement ouvert des portes qui ont menées à quelques sorties récentes, qui nous font toutes penser qu’un retour en grâce du genre est en marche : qu’il s’agisse du film d’horreur Krampus (Michael Dougherty, 2016), du très beau Midnight Special de Jeff Nichols (2016), le remake de S.O.S Fantômes (Paul Feig, 2016) dont on vous parlera dans quelques jours, et donc, encore du succès rétro-geek de cette nouvelle série Netflix qui fait tant parler. Stranger Things (2016) a déferlé partout dans le monde le 15 Juillet, ses huit épisodes d’un coup, donnant lieu à des binge watching record – à savoir, regarder un maximum d’épisodes à la suite – qui en ont fait l’un des grands succès série de l’été et de l’année. Ses arguments ? Retrouver les saveurs des films Amblin de notre enfance, mariné dans une bonne grosse dose d’ambiance fantastique teintée d’horreur, entre le Tobe Hooper de Poltergeist (1982), le John Carpenter de Dark Star (1974), Starman (1984) ou The Thing (1982) et les best-sellers du Stephen King de la grande époque.
L’histoire se déroule à Hawkins, en l’année sainte de 1983 – celle là même où sortait le meilleur épisode de Star Wars, Le Retour du Jedi (Richard Marquand, 1983), celui avec mes idoles, les Ewoks et la version cinématographique de La Quatrième Dimension réalisée par le gratin du cinéma américain de l’époque, le boys band Spielberg-Dante-Landis-Miller – dans l’Indiana, après une partie de Donjon & Dragon avec ses meilleurs potes, le jeune Will Byers disparaît mystérieusement. Ses amis, juchés sur leurs vélo bicross, armés de leur talkie walkie et lance pierre, tels les Goonies, se mettent alors à sa recherche. Alors que la mère du jeune garçon – une incroyable Winona Ryder qu’il fait bon de revoir enfin devant les caméras –crois pouvoir communiquer avec lui dans un autre monde grâce à l’électricité, les jeunes garçons rencontrent une étonnante jeune fille, prénommée Eleven – on pense bien sur à E.T L’Extraterrestre (Steven Spielberg, 1982) – dont l’un d’entre eux, le jeune Mike – espèce de version miniature de Wes Anderson – va tomber amoureux. Il faut dire qu’elle a beau avoir le crâne rasé et ne pas très bien porté les robes, Eleven est quand même sacrément cool parce qu’elle peut exploser la gueule des méchants par la pensée, même si ça l’a fait un peu saigner du nez et tomber dans les pommes. Poursuivie par des scientifiques en costards dont le chef est le sosie officiel de David Cronenberg, la jeune fille semble être la clé qui pourrait résoudre le mystère de la disparition de Will.
Si la série assume clairement ses influences cinématographiques, on pense aussi beaucoup, en terme d’influences télévisuelles, à deux des grandes séries fantastiques des années 90 que sont Twin Peaks (David Lynch, 1990-2016) et The X-Files (Chris Carter, 1993-2015) bien qu’ici, Stranger Things, du fait de son format plus court – huit épisodes d’une heure – se mange d’avantage comme un long film en deux parties que comme un long feuilleton à l’ancienne. La nouvelle série de Netflix produite, écrite et réalisée en partie par les frères Duffer – ils ont pour seuls faits d’armes avant cela l’écriture de quelques épisodes de la très moyenne série de M.Night Shyamalan, Wayward Pines (2015) ainsi que la réalisation d’une série B, me dis t’on distrayante, nommée Hidden (2015) – brasse toutefois les mêmes thèmes et motifs que ceux qui firent le succès des films qui bercèrent notre enfance – l’émerveillement enfantin, ce moment où l’ordinaire et le quotidien se frotte avec l’extraordinaire et l’incroyable, un monstre venus d’ailleurs, des méchants humains etc. Utilisant le canevas télévisuel pour multiplier les axes, les personnages et les (en)quêtes parallèles, Stranger Things demeure bien plus intéressante quand elle nous laisse profiter de la compagnie des trois jeunes garçons formidables et de leur copine aux super-pouvoirs, fort d’abord d’un casting parfait d’enfants aux trognes attachantes – la palme pour l’édenté Dustin, cousin éloigné de Choco des Goonies (Richard Donner, 1985) – et parce qu’ils donne l’impression par ailleurs de traiter le thème rabâché depuis des années du super-héros d’une façon quelque peu différente du tout-venant. Si les autres histoires parallèles sont peut être un peu plus faibles, force est d’admettre tout de même que les séquences les plus fortes en terme d’émotion et de mise en scène concernent principalement celles avec la mère incarnée par Winona Ryder. L’image référence qui restera de cette première saison est sans nul doute celle de l’alphabet écrit à même le mur par la mère, guirlandes de noël disposées au dessus des lettres, pour communiquer avec son enfant. C’est donc peut être le récit d’amour adolescent, réunissant le grands frère du garçon disparu et la grande sœur du jeune héro – une Keira Knightley du pauvre – qui affaiblit l’ensemble parce qu’il n’est jamais teinté d’une once de merveilleux et s’aventure d’avantage vers le teenage movie, le film de campus, ou l’épouvante désabusée.
Démarrant par trois épisodes majestueux – mention spéciale pour l’Episode 3 qui est véritablement le meilleur épisode de série télévisée que j’ai vu depuis très très longtemps, même si je dois bien admettre que je ne suis pas un grand goinfre de séries – la série s’essouffle toutefois quelque peu au fil de ses épisodes jusqu’à un final assez timide. Néanmoins, son épilogue, tout droit sorti d’un film de Carpenter ou d’une nouvelle de Stephen King – on pense tout particulièrement à The Thing, comme souvent durant ces huit épisodes – donne vraiment envie d’en voir plus. Pour chance, les réalisateurs semblent assez optimistes quant au retour de leurs jeunes héros pour une seconde salve d’épisodes. Au vu du succès public et critique de la série, véritable phénomène, on imagine mal Netflix ne pas sauter sur l’occasion. Entre leurs séries Marvel d’avantage tournées vers une noirceur de comics violents – voir notre article sur Daredevil (2015-2016) – la série de science-fiction des Wachowski Sense8 (2015), la géniale série d’animation pour adultes Bojack Horseman (2014-2016) dont on vous parlera très vite de la saison 3 qui vient juste de paraître, et bientôt une troisième saison de la série dystopique Black Mirror (2017) : l’écurie, au fil du temps, en plus de proposer généralement des séries télévisées de très haute qualité, s’impose comme le lieu d’expression idéal pour des séries qui ne font pas genre ! Et on ne va pas se plaindre.
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