X-Men (1992)


La sortie récente de la série animée X-Men ‘97 (Beau DeMayo, 2024) est l’occasion rêvée de revenir sur celle qui la précède : X-Men (Mark Edward Edens, Sidney Iwanter & Eric Lewald, 1992-1997) ! Cinq saisons et soixante-seize épisodes où bien avant les films de Bryan Singer, nous avons appris à connaitre Wolverine, Tornade, Magnéto et tant d’autres…

Plan rapproché-épaule, décadré, sur Wolverine qui sourit dans la série d'animation X-Men.

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Generation X

Jubile, Jean Grey et Cyclope en conciliabule, en pleine forêt, dans la série d'animation X-Men (1992).

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Marvel Comics a commencé l’aventure X-Men en 1963 sous le dessin de Jack Kirby et sous la plume de Stan Lee, et jusqu’aux années 1990, les mutants ont connus des bas mais aussi des très hauts avec l’arrivée de Chris Claremont et John Byrne et leur Saga du Phénix ou Days of Future Past. Cette longévité n’a pas vraiment permis aux élèves du Professeur Xavier de se faire une place aussi importante qu’un Spider-Man dans nos contrées françaises, mais une série animée allait y remédier et préparer le terrain pour les prochaines adaptations en prises de vue réelle à venir. Cette série, les enfants ayant grandi dans les années 90 s’en rappellent avec émotion, il s’agit de la bien nommée X-Men. À part si vous aviez enregistré les épisodes sur VHS lors de leurs diffusions, il était compliqué de revoir le programme autrement que de manière illégale. C’est chose corrigée puisque Marvel appartenant à Disney, la série est désormais disponible sur la plateforme de Mickey. Et ce n’est pas un hasard ou par pur élan de générosité que le studio nous la met à disposition, c’est pour inaugurer la première incursion officielle des mutants dans le Marvel Cinematic Universe, avant Deadpool & Wolverine (Shawn Levy, 2024) avec sa suite : X-Men ’97.

Il faut dire que comme porte d’entrée, les mutants ne pouvaient rêver mieux. La saga cinématographique s’étant achevée de la pire des manières avec X-Men : Dark Phoenix (Simon Kinberg, 2019), Marvel et Disney font le choix de garder quelques acquis tout en partant d’une œuvre ayant une place de choix dans le cœur des fans – sentiment amplifié par la nostalgie, il faut le dire. Car la série animée de 1992 n’est pas exempte de défauts. L’animation est parfois, selon les épisodes, très sommaire voire limitée ; la fluidité des mouvements de nos héroïnes et héros était pour le moins hasardeuse. On peut regretter une esthétisation à l’extrême des corps, même si c’est bien entendu hérité des comics originels. Avec un regard d’aujourd’hui, cette façon de sexualiser les personnages sonne différemment et heureusement. Mais surtout, le défaut majeur de la série est de nous embarquer dans l’histoire brutalement, sans contexte aucun, dès le premier épisode. Si on ne connait pas les X-Men, il y a de quoi être perdu. Bien que l’on raccroche les wagons assez vite, on aurait aimé voir les rencontres des uns et des autres et les origines de certains. Des flashbacks disséminés sur les cinq saisons permettent de combler les trous, mais cela joue la plupart du temps contre le programme. De même, le manque de structure globale interpelle quand il amène à créer des incohérences majeures.

Ces mauvais aspects étant énoncés, il est à noter que la série possède plus de qualités que de défauts. Bien sûr, elle n’égale pas la géniale série Batman (Bruce Timm, 1992-1995), mais elle reste suffisamment réussie pour combler ses faiblesses. D’abord, et ce n’est pas donné à toutes les séries jeunesse, elle a pour elle un générique mythique qui n’avait curieusement pas été repris dans X-Men (Bryan Singer, 2000) mais dont on a entendu quelques notes dans Miss Marvel (Bisha K. Ali, 2022). Cette composition musicale, que l’on doit à Ron Wasserman, contribue grandement à rendre culte X-Men. La qualité majeure du show reste avant tout son respect pour le matériau original ; chaque personnage reste fidèle à son double de papier, et la série embrasse tout l’héritage des mutants. Ainsi, les récits des premières années côtoient les cycles plus récents comme Days of Future Past qui a le droit à deux épisodes en fin de première saison. X-Men sur petit écran retranscrit à merveille l’ambivalence des personnages – en premier lieu Magnéto, jamais manichéen – qui s’affirment tous, n’étant jamais de simples outils narratifs fonctionnels. Par exemple, lors d’une scène d’action, chacun va y aller de son pouvoir pour combattre l’ennemi, mais le scénario va traiter en creux de la place des uns par rapport aux autres en créant des enjeux entre chaque membre de l’équipe.

Wolverine observe une photo dans un cadre, allongé dans un lit une place ; scène de la série animée X-Men.

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La constante de toutes les versions des X-Men, qu’elles soient dans les pages, sur petit ou grand écran, c’est le message sur la tolérance. En effet, les mutants ne sont que la métaphore des luttes civiques et sociales ayant traversées les États-Unis depuis les années 60. S’il parait réducteur de comparer Professeur Xavier/Martin Luther King et Magnéto/Malcolm X comme ça a pu être dit par le passé, force est de constater que chaque auteur s’étant emparé du sujet a toujours su rendre le combat des X-Men contemporain. La série n’y échappe pas et on peut même reconnaitre que pour un programme destiné aux plus jeunes, elle n’y va pas de main morte. Dès le premier épisode, les mutants sont traqués et pointés du doigt par les Hommes qui craignent évidemment ce qu’ils ne connaissent pas. Une allégorie peu reluisante de notre monde, toujours plus d’actualité plus de trente ans après, et qui épate dans sa façon toute pédagogue d’amener à réfléchir nos chères petites têtes blondes. Cette maturité contrebalance des passages plus débilisants de X-Men liés aux années 90, et elle demeure encore le véritable cœur de la série. Et c’est pourquoi nous sommes plus qu’impatients de découvrir si Disney aura le courage de mettre les pieds dans le plat aussi franchement avec X-Men ’97, sa suite tardive qui devrait enfin conclure des arcs narratifs laissés en suspens depuis 1997.


A propos de Kévin Robic

Kevin a décidé de ne plus se laver la main depuis qu’il lui a serré celle de son idole Martin Scorsese, un beau matin d’août 2010. Spectateur compulsif de nouveautés comme de vieux films, sa vie est rythmée autour de ces sessions de visionnage. Et de ses enfants, accessoirement. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/rNJuC

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