X-Men : Apocalypse


Après un précédent épisode assez impressionnant qui servait à réunir les deux générations d’acteurs de la franchise dans un même film à base de voyage dans le temps, Bryan Singer revient aux affaires avec un nouvel épisode de la saga X-Men. 

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L’Apocalypse n’aura pas lieu

On a beau commencer à saturer sérieusement de l’invasion de super-héros sur nos écrans, la franchise X-Men conserve, de film en film, une véritable authenticité et identité, principalement due au fait que sa cosmogonie n’a jamais été mêlée à celle du Marvel Cinematic Universe détenu aujourd’hui par Disney. Force est de constater que cet univers constitué d’une première génération de mutants – incarnés par Hugh Jackman, Hall Berry, Ellen Page, Ian McKellen et Patrick Stewart – et d’une seconde lancée avec le très bon épisode X-Men : First Class (Matthew Vaughn, 2011) – où l’on retrouve Magneto et Charles Xavier jeunes, incarnés par Michael Fassbender et James McAvoy et entourés de jeunes comédiens dont la carrière n’était alors qu’à son balbutiement, comme Jennifer Lawrence et Nicholas Hoult – a su s’imposer comme l’une des sagas les plus lucratives et impressionnantes de ces dernières années. Le dernier épisode en date, X-Men : Days of Future Past (Bryan Singer, 2014), sûrement l’un des meilleurs de la saga à ce jour, avait réussi un double tour de force : réunir deux générations de mutants et de comédiens en un seul film – via un habile tour de passe-passe scénaristique à base de voyage dans le temps – et littéralement annuler le troisième volet honteux, X-Men : l’affrontement Final (Brett Ratner, 2006), film détesté par les fans et par l’artilleur principal de la saga, Bryan Singer, qui fit de l’annihilation des événements narrés dans cet épisode, un véritable fait d’armes qu’il ne manque par ailleurs jamais de rappeler lors Capture d’écran 2016-05-31 à 16.11.29de ses sorties médiatiques. Table rase faite sur ce qu’il advenait dans ce troisième film du personnage de Jane Grey, puissante télépathe et accessoirement girlfriend de Wolverine, Bryan Singer, décidément pas peu fier de son incroyable hold-up, se permet avec ce X-Men : Apocalypse (Bryan Singer, 2016) de reprendre en main ce personnage, en lui affublant une nouvelle jeune comédienne, en la personne de Sophie Turner, connue pour être l’une des filles de la famille Stark dans Games of Thrones : Le Trône de Fer (2011-) aka la série chiante à mourir – je dis ce que je pense et alors ?

Si X-Men : First Class (2011) se déroulait en pleine Guerre Froide, dans les années 1960, le précédent volet X-Men : Days of Future Past (2014) se passait lui sur deux époques, l’une futuriste, en 2023, et l’autre dans les années 1970. Suivant cette nouvelle logique de la saga qui est de proposer pour chaque nouvel épisode un saut de dix ans dans le temps, X-Men : Apocalypse (2016) se déroule donc dans les années 80. Cette époque bénie pour les mutants puisqu’il s’agit quand même de l’époque où ont officié Dorothée et ses Musclés, Abba, Michael Jackson, et les frères Bogdanov. Une nouvelle fois, la saga élargit sa mythologie en posant son intrigue au temps de l’Égypte Antique. On y découvre, le temps d’une séquence d’introduction un peu what the fuck, que les Égyptiens connaissaient déjà le secret de l’existence des mutants et qu’un pharaon du nom de En Sabah Nur en serait le spécimen le plus ancien et le plus puissant. Apocalypse de son nom de mutant, est incarné par un Oscar Isaac peinturluré d’un bleu flashy lui recouvrant la peau comme s’il sortait d’un atelier de bodypainting qui aurait mal tourné. Réveillé de son sommeil ancestral par des incantations, le mec débarque dans les années 80, ce qui tombe vachement bien, parce qu’avec son look de méchant tout droit sorti de Power Rangers et fringué comme il est, c’était la seule période de l’histoire où il pouvait passer à peu près incognito. Particulièrement mal intentionné – encore une histoire de fin du monde programmée de manière prophétique sans aucune pensée idéologique cohérente derrière tout ce tintouin – le gars convertit à sa cause quatre mutants dont il fait ses larbins : Psyloke, Capture d’écran 2016-05-31 à 16.12.04Tornade, Archangel et notre bon vieux Magneto, qui s’était pourtant mis au vert en Pologne où il travaille dans une métallurgie – ça s’invente pas – ayant recréé une famille sous une fausse identité, les polices du monde entier étant à ses trousses depuis qu’il a pété un câble et soulevé un stade de foot dans les airs. Afin de pouvoir arrêter l’Apocalypse et ses quatre cavaliers – oui, on apprend dans le film que la Bible parle explicitement des mutants – le Professeur Xavier va devoir unir les forces à sa disposition et réunir une armée de jeunes mutants parmi lesquels quelques nouveaux comme les jeunes Cyclope (Tye Sheridan) et Diablo (Kodi Smit-McPhee) que l’on connût déjà un peu plus âgés dans les anciens épisodes qui se déroulaient bien plus tard. Faut suivre.

Ce nouvel épisode est de loin l’un des moins inspirés de la saga – si l’on met bien sûr à part les deux spin-off consacrés à Wolverine et le troisième volet, mais celui-là, il a été effacé une bonne fois pour toutes de nos pensées… – peut être aussi le moins profond parce qu’on y aborde assez peu la thématique qui fait la substance même de la saga X-Men : à savoir, la difficulté d’exister lorsque l’on est vus comme différents par les autres. Seule la mise en place de quelques nouveaux personnages permet à Bryan Singer de continuer à tracer ce sillon, mais le film déborde, prend l’eau, sans jamais aborder concrètement le moindre sujet. Noyer dans son scénario foutraque et apocalyptique, le film s’assume comme un épisode pétaradant et spectaculaire, en charge de poser les bases d’une nouvelle équipe de mutants pour les épisodes à venir. Au rayon des réjouissances, tout de même, on appréciera le caméo forcé x_men_apocalypse_99697mais plaisant de Hugh Jackman, plus énervé et protéiné que jamais dans le rôle de Wolverine, ainsi qu’une nouvelle séquence en slow-motion mettant une nouvelle fois en lumière le pouvoir du Vif-d’Argent (voir le making-of) personnage le plus cool de cette nouvelle génération. Malgré le peu d’ambition du film, on ne peut pas nier que cette saga est d’une solidité scénaristique à toute épreuve. En effet, les liens tissés entre ces films parfois espacés les uns des autres par plus de quinze années sont en béton armé. Il faut souligner toute l’intelligence de Singer qui a préféré raconter la genèse des personnages de sa trilogie initiale plutôt que d’accumuler les nouveaux mutants comme d’autres l’ont fait par ailleurs dans d’autres univers cinématographique adaptés de l’univers Marvel, qui virent, me semble-t-il, un peu au bal masqué. Nul doute que cet épisode un peu en dessous du reste, prendra une toute autre dimension au regard des liens qu’il entretiendra avec le suivant. En tout cas, la formule semble fonctionner – le film est encore une fois un succès international conséquent – si bien qu’un prochain volet qui se déroulera dans les années 90 a été annoncé, et pourrait définitivement faire le pont avec la première saga, sortie dans les années 2000.


A propos de Joris Laquittant

Sorti diplômé du département Montage de la Fémis en 2017, Joris monte et réalise des films en parallèle de son activité de Rédacteur en Chef tyrannique sur Fais pas Genre (ou inversement). A noter aussi qu'il est éleveur d'un Mogwaï depuis 2021 et qu'il a été témoin du Rayon Bleu. Ses spécialités sont le cinéma de genre populaire des années 80/90 et tout spécialement la filmographie de Joe Dante, le cinéma de genre français et les films de monstres. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/sJxKY

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