Five Nights At Freddy’s


Adaptation de la célèbre franchise vidéoludique du même nom, Five Nights at Freddy’s (Emma Tammi, 2023) nous plonge dans les recoins sombres d’une pizzeria désaffectée hanté par de drôles d’animatroniques. Essayez de survivre à ces 5 nuits… Sans vous endormir.

Les cinq animatroniques tueurs du film Five Nights at Freddy's, aux faciès de lapins et d'oiseaux mais au regard inquiétant, posent devant l'objectif et nous regardent droit dans les yeux.

© Universal Studios

Les Animatronics de la Nuit

L'acteur John Hutcherson est poursuivi par trois animatroniques géants, des ours et des loups dont les yeux rouges et la gueule ouverte semblent déterminés à le croquer ; scène du film Five Nights at Freddy's.

© Universal Studios

La communauté de gameurs s’agrandissant d’année en année, il était évident que le cinéma allait s’emparer du phénomène pour faire exploser ses chiffres au box-office comme on a pu le voir dernièrement avec Super Mario Bros, le film (Aaron Horvath, Michael Jelenic, 2023), ou Uncharted (Ruben Fleischer, 2022). Essayer de rester fidèle à une œuvre tout en la trahissant pour contenter les fans et les néophytes est une tâche ardue, comme a pu le constater Uwe Boll, réalisateur conspué qui s’est fait une spécialité des adaptations de jeux vidéo comme House of the Dead (2003) ou le très déconcertant Postal (2007). Mais je ne vais pas m’étendre sur la filmographie du réalisateur allemand de peur d’être provoqué en duel pour un match de boxe… Hantant probablement encore l’inconscient de quelques joueurs avides de pizzas et de mascottes pas vraiment sympas, la saga de jeux vidéo Five nights at Freddy’s débutée en 2014 continue de faire frissonner les amateurs de survival horror type point and click dont je fais partie. Dans la peau du gardien de nuit coincé dans sa salle de contrôle, switchant entre les caméras de surveillance placées un peu partout dans la pizzeria, j’avais tellement peur que ce fichu Bonnie me prenne par surprise que j’occultais complétement l’inquiétante Chica, cliquant frénétiquement sur les touches de la manette pour que la porte blindée me protège de ces animatroniques cinglés. Peine perdue car si l’on cède à la panique, la gestion de l’énergie qui permet de fermer les portes fond comme neige au soleil jusqu’à atteindre le zéro fatidique… Allez savoir ce qui se passe après, j’ai déjà les yeux fermés, mais pas les oreilles bouchées, hélas. Un concept simple quoi que très efficace, dans l’environnement familier d’une pizzeria style Chuck E Chesse’s, rendu inquiétant par des animatroniques décharnés qui cherchent à vous insérer de force dans un costume. Loin des Silent Hill et autres Resident Evil reposant sur la vulnérabilité du joueur et une ambiance vraiment oppressante, le jeu s’est rapidement constitué une fanbase qui cherchera au fur et à mesure des suites des indices pour reconstituer une histoire pleine de zones floues… Que le film s’empressera de combler avec plus ou moins de réussite.

Un papa tient sa fille effrayée tout contre lui dans le film Five Nights at Freddy's.

© Universal Studios

La première scène introduisait pourtant très bien le concept effrayant du jeu, reproduisant visuellement le « supplice du costume » qu’allait subir le premier gardien avant de faire place à Mike Schmidt, incarné par Josh Hutcherson, acteur bien connu de la saga Hunger Games (Francis Lawrance, Gary Ross, 2012). Pour les plus vieux d’entre nous – c’était clairement moi l’ancêtre dans la salle de cinéma – on ne peut pas passer à côté de la bouille si reconnaissable de Matthew Lillard, l’un des premiers boogeyman dissimulé sous le masque de Ghosface dans Scream (Wes Craven, 1997) incarnant ici le petit rôle du conseiller de Mike Schmidt. Celui qui, comme par hasard, presse excessivement ce pauvre Mike à accepter ce boulot de gardien de nuit dans une pizzeria ultra flippante. Est-ce que vous flairez le mauvais coup là ? Pas Mike en tout cas qui a peut-être vu Scooby-Doo (Raja Gosnell, 2002) mais pas la saga de Wes Craven. Il faut dire que depuis la mort de ses parents qui l’ont laissé lui et sa petite sœur Abby orphelins – et souffrant d’un traumatisme envahissant suite à l’enlèvement de son petit frère lors d’une sortie familiale – le pauvre bougre n’a ni le temps, ni l’envie de se faire une toile. Il va pourtant falloir qu’il se ressaisisse car la méchante tante Jane va tout faire pour lui retirer la garde de Abby, quitte à mettre leurs vies en danger.

Quatre animatroniques -un coyote, un canari, un ours, et un lapin - sont debout les bras ballants dans une des salles de restauration vide de Five Nights at Freddy's ; plutôt qu’effrayant, ils ont plutôt l'air sympathiques et bêtes.

© Universal Studios

Cette situation initiale expliquée trop longuement dans la première partie du long-métrage va trouver une résonance avec le reste de l’histoire où des liens assez superficiels vont se tisser entre les personnages mais aussi avec les effrayants animatroniques qui se transformeront au fur et à mesure du film en gentilles peluches. On comprend donc rapidement que l’effet jumpscare et angoissants de ces créatures à la démarche saccadée et au sourire carnassier est vite annihilé au profit d’une enquête assez inintéressante qui cherchera à démasquer le vrai criminel… De ce fait, nous aurons très peu de scènes d’attaques et si certaines séduisent, la plupart se feront hors-champ. Comprenant assez rapidement qui est le grand méchant de Five Nights at Freddy’s – indice : il aime bien porter des costumes – l’enquête lasse vite et le manque évident de gore pour un film d’horreur ainsi que le jeu robotique des acteurs rendent ces cinq nuits beaucoup plus longues que prévu. Reste une jolie reconstitution du restaurant et un plaisir de voir sans sursauter ces robots musiciens poilus s’animer de belle façon sous nos yeux et ceux d’Abby, triste enfant au regard d’adulte qui retrouve une joie naïve face à ses nouveaux amis. Car si le twist final a évidemment de quoi décevoir, le message saisissant de l’influence dangereuse que peuvent avoir consciemment les adultes sur des enfants qui n’ont pas les codes pour comprendre et se défendre trouve sa plus poétique expression sous la forme d’un simple dessin : message universel et compréhensible libérant enfants et adultes de traumatismes enfouis. En espérant qu’après une telle aventure, ils arrivent à ne pas hurler de peur devant une part de pizza.


A propos de Charlotte Viala

Fille cachée et indigne de la famille Sawyer parce qu'elle a toujours refusé de manger ses tartines de pieds au petit déjeuner, elle a décidé de rejoindre la civilisation pour dévorer des films et participer le plus possible à la vie culturelle de sa ville en devenant bénévole pour différents festivals de cinéma. Fan absolue de slashers, elle réserve une place de choix dans sa collection de masques au visage de John Carpenter pour faire comme son grand frère adoré. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/riRbw

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