Violent Night 1


Quel meilleur moment que le mois de juillet pour se plonger dans l’ambiance des fêtes de fin d’année, avec ses feux de cheminée, ses chocolats bien chauds et ses … Méchants ? Comme son titre l’indique, Violent Night (Tommy Wirkola, 2022) propose de mêler meurtre et magie de Noël. Une idée certes prometteuse, mais dont la mise en pratique peut laisser un certain goût de trop plein, un peu à l’image d’un bon gros repas de fête.

Un Père Noël tout tâché de sang pose fièrement près de son traineau, une hache sur l'épaule ; plan issu du film Violent Night.

© Tous Droits Réservés

Le Père Noël est un gros dur

Une petite fille montre du doigt, dans une forêt enneigée, à quatre adultes estomaqués dont un déguisé en Père Noël, quelque chose à l'horizon, dans le film Violent Night.

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24 décembre, un type morose et blasé par la vie noie son ennui dans l’alcool, accoudé au comptoir d’un bar. Plot twist, ce type n’est nul autre que Papa Noël en personne. Cette première rencontre avec notre personnage principal lance tout de suite le ton de l’histoire : on est clairement pas là pour rigoler… Il est bien loin le joyeux rondouillard dont l’image est gravée dans l’imaginaire collectif grâce à des classiques comme Le Miracle de la 34e rue (George Seaton, 1947). La suite de l’histoire fait aussi rapidement penser à un autre grand classique de Noël, j’ai nommé Piège de cristal (John McTiernan, 1988). En effet, notre protagoniste à la barbe blanche se retrouve également au mauvais endroit au mauvais moment, c’est-à-dire assister à une prise d’otage et à l’image de John McClane il se révèle être lui aussi une machine à tuer. On reviendra sur le déroulement de la prise d’otage plus bas, mais mentionnons que parmi les victimes se trouve une petite fille, Trudy, qui, un instant livrée à elle-même, va redoubler d’inventivité pour repousser les malfrats avec les moyens du bord. Cette intrigue ne rappelle-t-elle pas également quelques souvenirs ? Dans le mille ! Violent Night ne se prive pas non plus de faire référence à un autre indispensable de la période des fêtes, le cultissime Maman, j’ai raté l’avion ! (Chris Colombus, 1990). Attention, le but ici est bien de rendre hommage à ces longs-métrages avec lesquels nous avons grandi, et non de pomper des éléments scénaristiques qui ont déjà fait leurs preuves.

D’ailleurs, en parlant de films cultes de Noël, revenons un peu sur quelques autres long-métrages qui s’inscrivent dans la même lignée que Violent Night, c’est-à-dire celle des thrillers et autres slashers de Noël. L’idée de raconter des histoires affreuses qui contrastent avec l’habituelle effervescence d’amour et de paix de la période des fêtes est loin d’être nouvelle. La preuve en est avec la sortie de Black Christmas (Bob Clark) en 1974, soit il y a près de 50 ans d’ici – qui a aussi eu droit à deux remakes éponymes, un en 2006 (Glen Morgan), et un en 2019 (Sophia Takal) produit par Blumhouse – un slasher à la Halloween (John Carpenter, 1978) qui se déroule à la période de Noël comme le français 3615 Code Père Noël (René Manzor, 1990). Autre exemple, celui de Christmas Evil (Lewis Jackson, 1980), dans lequel on suit un tueur fou déguisé en Père Noël. Le personnage de Santa Claus a par la suite été subverti à maintes reprises, dans des productions telles que Douce nuit, sanglante nuit (Charles E. Sellier Jr., 1984) et Père Noël Origines (Jalmari Helander, 2010), qui présentent le côté sombre de la légende qui l’entoure. Ce n’est ainsi pas la première fois – et ce ne sera pas la dernière non plus – que des scénaristes décident de détourner l’image du gentil Père Noël ou celle de l’esprit de Noël en général. En quoi Violent Night se détache-il alors du lot ?

Avant de répondre à cette question, parlons d’abord un peu de qui se cache derrière ce film. À la réalisation justement, le norvégien Tommy Wirkola, déjà connu des amateur.ices de cinéma de genre pour les extravagants Dead Snow (2009) et Dead Snow 2 (2014), ainsi que les nanardesques Kill Buljo (2007) et Hansel et Gretel, chasseurs de sorcières (2013). Un réalisateur venu du froid donc, avec un palmarès plutôt inégal mais néanmoins axé sur l’horreur ; il semblait donc être un bon candidat pour ce projet. On pouvait espérer retrouver le niveau de Dead Snow, et même aller un cran au-dessus. Au scénario, le duo Pat Casey et Josh Miller, notamment responsables des Sonic (Jeff Fowler, 2020, 2022, et 2024). Leur style mêlant humour, authenticité et héroïsme s’adapte bien à l’histoire proposée ici. Enfin, à la production, 87North, une jeune société spécialisée dans les films d’action qui nous a déjà offert Nobody (Ilya Naishuller, 2021) et Bullet Train (David Leitch, 2022). Quant à celles et ceux que l’on retrouve devant la caméra, commençons par David Harbour dans le rôle du Père Noël badass. Ce dernier s’est récemment illustré dans la série Stranger Things (Matt et Ross Duffer, 2016 – présent) et livre ici aussi une très bonne performance. Avec la petite Leah Brady, dans le rôle de Trudy – l’équivalent féminin de Kevin McCallister – ils forment un beau duo qui nous livrent les séquences émotion du récit. Film de Noël oblige, la magie doit opérer à un moment ou l’autre. Dans le rôle du leader des méchants, John Leguizamo, habitué des films d’action, est aussi très convaincant. Concernant le reste du casting, le jeu d’acteur laisse à désirer et est même parfois plutôt digne d’un de ces maudits téléfilms de Noël qui passent tous les jours à la télévision entre novembre et février…

John Leguizamo séquestre le Père Noël, ligoté avec des guirlandes allumées dans le film Violent Night.

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En quoi Violent Night est-il donc digne d’intérêt (ou pas) ? C’est bel et bien un film d’action qui se vautre dans les codes de son genre. Citons donc, à juste titre, l’exécution des scènes d’action, avec juste ce qu’il faut de gore, ainsi que l’originalité dans le panel d’armes disponibles, guirlandes et autres objets que l’on trouve sur le sapin. Les effets spéciaux sont d’ailleurs assez bien réussis, ce qui est un réel plaisir pour les yeux. On apprécie aussi la backstory du Père Noël qui fait de lui un ancien guerrier viking et vient lui apporter un peu plus de profondeur, ainsi que toutes les références à la thématique de Noël – des hommages aux productions citées précédemment au choix des surnoms pour les preneurs d’otage. On apprécie un peu moins cette impression que le film essaie à tout prix d’avoir des répliques cultes et nous balance des punchlines à tout bout de champ. Quant au développement de l’histoire, il est pour le moins inégal. Si Violent Night commence bien, en nous présentant une joyeuse petite famille multiraciale en route pour célébrer le réveillon, on se retrouve très vite dans ce sempiternel cadre de la riche famille blanche dysfonctionnelle, dont les membres sont tous plus insupportables les uns que les autres. Entre la veuve riche et désagréable, la fille opportuniste qui tient à son héritage et l’adolescent accro aux réseaux sociaux, on ne sait pas qui mettre en priorité sur la naughty list… Attention, un plot twist assez évident nous révélera plus tard que le pire d’entre tous n’était pas forcément celui auquel on pensait. Bref, l’intrigue commence à devenir prenante au moment de la prise d’otage, et plus particulièrement quand se forme le duo Santa -Trudy. Puis c’est de l’action, de l’action, et encore de l’action, jusqu’au grand final chargé en émotion qui nous permet de finir sur une bonne note. En conclusion, Violent Night possède tout ce qu’il faut pour s’imposer en tant que classique dans le sous-genre des films d’action de Noël – ambiance, cascades, humour un peu déjanté – mais, comme pour tout le reste en période de fêtes, attention à ne pas en abuser !


A propos de Andie

Pur produit de la génération Z, Andie a du mal à passer plus d'une journée sans regarder un écran. Ses préférés sont ceux du cinéma et de la télévision, sur lesquels elle a pu visionner toutes sortes d'œuvres plus étranges et insolites les unes que les autres. En effet, elle est invariablement attirée par le bizarre, le kitsch, l'absurde, et le surréaliste (cela dit, pas étonnant lorsque l'on vient du plat pays...). Ne vous attendez surtout pas à trouver de la cohérence dans ses choix cinématographiques... Malgré tout, elle a un faible pour les comédies romantiques et les films surnaturels. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/riobs


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Commentaire sur “Violent Night

  • Thierry GRU

    Personnellement j’ai adoré. Et je suis vraiment impatient de voir la suite. L’acteur choisi pour incarner notre très cher Papa Noël, endosse le costume avec classe, après avoir fait forte impression dans « Stranger Things ».
    Vraiment hâte de voir la suite.
    Merci à ce blog, pour vos appréciations bien écrites et intelligentes, ce qui change de bcp d’autres sites. C pourquoi je me décide à vous écrire. GRAND MERCI à Vous, du fond du Cœur de la part d’un vrai amateur de films de genre de 45 ans.