Le Métro de la Mort


Petit film d’horreur social que les éditions Rimini nous propose de redécouvrir, on vous propose une critique du film Le métro de la mort de Gary Sherman, sorti en 1972. 

En contre-plongée, un mendiant qui a presque l'air d'un zombie tient une lampe à huile, en sous-sol ; plan issu du film Le métro de la mort.

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Metro, boulot, couteau

Le visage d'un homme, décharné, ensanglanté, sans yeux, tel un zombie dans le film Le métro de la mort.

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Si dans les années 1960 la mode est à l’horreur gothique avec une forte présence du cinéma anglais sur le marché international – notamment avec les films produits par la Hammer et la Amicus – les années 1970 proposèrent un autre son de cloche. L’enlisement dans le conflit vietnamien qui entraîne la remise en question de la toute-puissance américaine et l’arrivée aux pouvoirs des conservateurs en Angleterre donnent naissance à une horreur plus sociale, de proximité. Si le cinéma américain se plonge dans une horreur plus réaliste dès la fin de la décennie précédente avec des longs-métrages comme La nuit des morts-vivants (George A. Romero, 1968) et La dernière maison sur la gauche (Wes Craven, 1972), les Anglais peinent à suivre. Dans ce marasme, c’est un Américain expatrié en Angleterre qui va apporter un nouveau souffle à la production horrifique locale avec son premier long-métrage, Le Métro de la mort (Gary Sherman, 1972) dont il est question ici. Produit avec un budget ridicule et tourné de nuit pour ne pas gêner les voyageurs, le film s’avère une virée horrifique efficace. Débutant dans le métro londonien où deux étudiants américains tombent sur le corps gisant d’un homme. Après avoir prévenu les autorités, ils constatent que le corps a disparu. C’est le début d’une enquête qui remontera jusqu’à l’histoire de la construction du métro londonien… L’une des originalités du Métro de la mort réside dans le choix d’utiliser le métro comme métaphore pour illustrer les différents problèmes sociaux. En effet, par la faune hétérogène qui l’emprunte chaque jour, le métro est l’endroit idéal pour analyser un macrocosme via un microcosme et en faire une critique sociale : rappelons que l’antagoniste du film est un descendant des victimes d’un éboulement survenu lors de la construction du métro de Londres, il est donc plus victime que coupable… Par cette approche, Gary Sherman précède d’une trentaine d’années des œuvres comme Neverwhere (Neil Gaiman, 1996), Le train de l’abattoir (Clive Barker, 1984) ou Creep (Christopher Smith, 2004).

Si le film emprunte beaucoup au cinéma américain, il reste néanmoins très anglais dans sa forme. Ne serait-ce que par son discours social très ancré dans la réalité du Royaume-Uni d’alors, et la mise en scène qui épouse l’esthétique terne si caractéristique des productions anglaises de l’époque. Contrairement aux productions américaines qui jouent beaucoup sur le coté presque “amateur” de ce types de productions pour accentuer leur coté “crade”, Gary Sherman opte plutôt pour une mise en scène léchée, usant de plans très composés sur les tunnels du métro qui sont quasi-documentaires. Mais c’est surtout sur son aspect horrifique que Le métro de la mort laisse transparaître son héritage anglais. Délaissant l’horreur viscérale qui était un canon de Blu-Ray du film Le métro de la mort proposé par Rimini Editions.l’époque, le récit laisse le temps d’installer une enquête policière afin de bien développer les personnages. Ces derniers correspondent à des archétypes très britanniques l’inspecteur accroc au thé, le policier flegmatique – notamment ceux interprétés par Christopher Lee et Donald Pleasence dont la rivalité proche de l’absurde n’aurait pas dépareillé dans un sketch des Monty Python. Par ailleurs, l’antagoniste principal n’est pas sans rappeler le monstre de Frankenstein. S’exprimant par le lancinant « Mind the door » (qui fait référence à la fermeture des portes dans le métro londonien) il est avant tout la victime d’une société qui l’a littéralement transformé en monstre, et malgré sa cruauté, il n’en est pas moins profondément humain.

Habitué des propositions éditoriales de qualités, les éditions Rimini nous proposent une pléthore de bonus pour cette première ressortie du film en Blu-Ray. En plus des bandes annonces de l’époque, l’édition contient aussi un livret rédigé par Marc Toullec d’une vingtaine de pages, revenant sur la genèse du projet. Nous avons aussi le droit à trois interviews : l’une des deux producteurs du film, David Ladd et Paul Malansky, qui reviennent pendant une dizaine de minutes sur les tracas de la production ; une autre de l’acteur principal Hugh Armstrong qui revient sur sa carrière et raconte les conditions de tournages et enfin du réalisateur qui revient sur le tournage du film, un Métro de la mort qui mérite une édition aussi riche et qui mérite tout autant votre attention.


A propos de Freddy Fiack

Passionné d’histoire et de série B Freddy aime bien passer ses samedis à mater l’intégrale des films de Max Pécas. En plus, de ces activités sur le site, il adore écrire des nouvelles horrifiques. Grand admirateur des œuvres de Lloyd Kauffman, il considère le cinéma d’exploitation des années 1970 et 1980 comme l’âge d’or du cinéma. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/rZYkQ

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