Space sweepers


Blockbuster sud-coréen survitaminé, Space sweepers réalisé par Jo Sung-hee a débarqué sur Netflix début février pour nous livrer une bonne dose de space opera qu’il serait dommage de rater.

Deux astronautes, un homme et une femme se penchent sur une machine, intrigués ; entre eux se trouve un robot ; derrière eux, un ciel intersidéral violet ; scène du film Space sweepers.

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Les zinzins de l’espace

Plusieurs petits vaisseaux éparpillés dans l'espace du film Space sweepers.

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Initialement prévu pour les salles obscures avant que la pandémie n’en décide autrement, Space Sweepers a fait ses débuts sur Netflix il y a quelques semaines et ça fait quand même un peu de peine tant le film était clairement destiné à être apprécié sur grand écran. Avec ses 20 millions d’euros de budget, c’est le premier blockbuster sud-coréen qui se déroule dans l’espace, et les effets spéciaux envoient du très lourd : on se croirait dans un jeu vidéo à l’ambiance steampunk. Le réalisateur Jo Sung-hee a mis près de 10 ans à écrire le scénario à partir d’une seule idée qui lui est venue après une discussion sur les débris qui flottent dans l’espace : comment s’en débarrasser ? C’est ainsi qu’il crée les space sweepers (littéralement les balayeurs de l’espace), ces hommes et femmes qui récupèrent des débris de vaisseaux et de satellites en échange d’argent. Écolo mais pas réglo, car en 2092 la Terre est devenue irrespirable et seuls quelques heureux élus ont la chance de pouvoir vivre en orbite. Les autres sont malheureusement condamnés à s’asphyxier tout en espérant un jour gagner leur ticket de sortie… Alors oui, on a déjà vu ça dans Elysium (Neill Blomkamp, 2013), mais attendez la suite. Le fondateur de ce nouveau monde en orbite, c’est James Sullivan (joué par Richard Armitage qu’on a récemment pu voir dans The Lodge ou dans la trilogie du Hobbit). Agé de 152 ans, l’homme vante les mérites de ce monde où les plantes peuvent à nouveau pousser et où les hommes peuvent donc respirer à pleins poumons. Il s’apprête d’ailleurs à dévoiler une future colonie sur Mars qu’il compte bien transformer en planète verte. Sous ses faux airs de sauveur de l’humanité à la sauce mi-Elon Musk mi-Wolverine (si, si, vous verrez), Sullivan cache en réalité un lourd secret.

Le récit suit une équipe de space sweepers composée de Tae-ho (Song Joon-ki) et de ses trois acolytes dont un robot. Ancien sentinelle des forces de l’ordre officielles, Tae-ho a été déchu de son rang et cherche maintenant à amasser un maximum d’argent pour retrouver sa fille disparue. Quand l’équipe tombe sur une petite fille abandonnée dans un vaisseau, ils se prennent tous d’affection pour elle, surtout Tae-ho qui replonge dans son passé… Mais cette enfant n’est autre qu’un nano robot que plusieurs groupes officiels et rebelles se disputent. Piégés au milieu des hostilités, les space sweepers vont donc se retrouver au cœur d’une mission où pourrait bien se jouer l’avenir de l’humanité toute entière… Space sweepers s’est clairement inspiré de films de science-fiction déjà bien connus : un space opera à la Star Wars (1977 – en production) avec des scènes ultra rythmées de courses de vaisseaux spatiaux, une mission périlleuse à la Armageddon (Michael Bay, 1998), et quelques scènes qui rappellent un peu Valérian et la Cité des mille planètes (Luc Besson, 2017) mais sans l’univers fantasque. Malgré tout, le long-métrage parvient à trouver son originalité, notamment dans son mélange des genres. Avec ses instants comiques, ses scènes incongrues, ses moments d’émotions et une énorme dose d’action, Space sweepers se veut divertissant et palpitant pendant sa durée quand même conséquente de 2h15 (d’où sa catégorisation de space opera).

Une astronaute est au milieu de ballons blancs, on ne voit que son visage, enfermé dans le casque au milieu des ballons ; scène du film Space sweepers.

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Bien sûr le film n’échappe pas aux clichés, et les Français en prennent pour leur grade avec le personnage de Pierre, l’incontournable French lover…. Allez, la bouille du nano robot Dorothy est si mignonne qu’on leur pardonne ! Bref, Space sweepers se veut international et donc multilingue (on conseille de le regarder en version originale pour éviter quelques incohérences de doublage), mais n’a été produit qu’avec des fonds asiatiques. Étant donné l’engouement de Netflix pour les contenus orientaux, l’impossibilité de sortir Space Sweepers en salles a dû être la parfaite aubaine pour le géant américain. La Corée du Sud a en effet le vent en poupe sur la plateforme, et on ne parle pas seulement des korean dramas. Après l’excellentissime Kingdom (2019 – en production) dont on attend impatiemment l’épisode spécial devant sortir cette année, les séries Strangers From Hell (2019) et Sweet Home (2020) continuent d’occuper le haut des tendances, faisant la part belle au genre horrifique. On savait déjà que la Corée du Sud produisait des films et séries d’horreur de qualité, et avec Space Sweepers elle prouve qu’elle n’est pas non plus en reste dans le domaine de la science-fiction. On en redemande !


A propos de Emma Ben Hadj

Étudiante de doctorat et enseignante à l’université de Pittsburgh, Emma commence actuellement l’écriture de sa thèse sur l’industrie des films d’horreur en France. Étrangement fascinée par les femmes cannibales au cinéma, elle n’a pourtant aucune intention de reproduire ces méfaits dans la vraie vie. Enfin, il ne faut jamais dire jamais.

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