Juste après Un pont trop loin, et juste avant l’oscarisé Gandhi, Richard Attenborough réalise le thriller Magic avec Anthony Hopkins, qu’il dirigeait déjà dans son film de guerre. Presque vingt ans après Psychose (Alfred Hitchcock, 1960), est-ce bien nécessaire pour le spectateur de replonger dans la vie d’un meurtrier schizophrène ré-édité par Rimini Editions ?
Psychose
Il y a, dans les premières séquences de Magic un je-ne-sais-quoi qui hypnotise et qui fait fantasmer au spectateur que ce qui va suivre possède de l’intérêt. Un magicien, peu habile de son charme, trouve un soudain succès lorsqu’il se met à la ventriloquie avec sa marionnette, Fats. C’est alors qu’il part en retraite spirituelle, loin de la foule et du succès (oui, oui, on rentre déjà là dans le monde du fantastique et de l’étrange). Il retourne dans sa ville natale et retrouve son amour de jeunesse coincée dans un mariage qui ne la rend pas heureuse. Vous aurez rapidement compris où tout cela va nous mener, les tenants et aboutissants n’étant pas la première qualité de l’œuvre : possible que la marionnette se mette en tête de régler la situation à sa manière… Magic possède le mérite de pas tirer sur la corde et d’aller, comme nos cousins marseillais, droit au but. C’est une œuvre sombre, et dans un même temps teintée d’une romance un peu à l’eau de rose avec un Anthony Hopkins socialement inadapté. Deux salles, deux tons, deux ambiances qui ne sont pas forcément impossible à lier, mais qui peinent à trouver un rythme de croisière.
En réalité Magic est coincé entre deux références, la première, avant lui, dans le temps – Psychose (Alfred Hitchcock, 1960) et la deuxième, qui lui succédera bien (bien !) plus tard, Joker (Todd Philips, 2019). Alors, nous allons un peu trop loin dans la recherche de référence, me direz-vous, et vous aurez sûrement raison. C’est davantage que Magic n’a rien de plus (et surtout de mieux) à proposer que ces deux mastodontes du cinéma qu’il est difficile d’oublier pour le spectateur de 2021. Alors, on n’a rien contre un petit Anthony Hopkins en roule libre et une marionnette de ventriloque qui trucide des gens, mais force est de constater que l’ensemble reste franchement insignifiant. Comme l’impression que la magie s’est envolée. La mise en scène de Richard Attenborough ne cherche pas l’effet de style, et se rapproche davantage d’une approche télévisuelle, préférant la clarté du fond à une recherche un peu originale de la forme. Difficile de croire que quelques années plus tard, le même réalisateur ramènera la coupe (un Oscar) à la maison.
Du côté de l’édition Rimini Editions continue un très beau travail de restauration. La copie de Magic retrouve une teinte et une netteté qui offrent un vrai regard nouveau sur une œuvre pourtant désormais datée. Du côté des bonus, quelques capsules d’origines sont présentes et nous replonge dans la promotion pur jus de l’époque : plusieurs interviews (toujours sympathique de découvrir et entendre Anthony Hopkins, avant le succès qu’on lui connaît), un film annonce, des spots TV, et même une featurette sur les essais de maquillage. Notre intention sera retenue par “Fats et compagnie, une histoire de la ventriloquie “, supplément du Blu-Ray, et bien entendu sur le livret de 24 pages proposé dans ce coffret DVD/Blu-Ray sobrement intitulé “Maudit Pantin”. Une édition à conseiller aux puristes qui voudront découvrir une curiosité, au goût un peu amer – le temps ayant fait son effet. Pour ceux à la recherche de sensation nouvelle et originale, passez votre chemin. La magie n’aura pas effet sur vous.