Sorti en France en plein milieu des vacances scolaires de la Toussaint, Shaun le mouton: La Ferme contre-attaque (Will Becher & Richard Phelan, 2019) est dès à présent distribué en DVD et Blu-Ray par StudioCanal. Alors nous rattrapons nos devoirs de vacances pour vous parler de ce second opus qui décevra petits et grands.
Shaun of the Dead
Compter les moutons pour s’endormir, une astuce vieille comme le monde ! Un mouton, deux moutons, trois mout… zzzzzz. Ce deuxième opus du facétieux personnage laineux des studios d’animation Aardman réglera tous vos problèmes d’insomnie. Après un premier film n’ayant pas réussi l’exploit d’égaler la fameuse série télévisée – comme l’avait fait dans son temps le géniallissime Wallace et Gromit : Le Mystère du-lapin garou (Nick Park & Steve Box, 2005) – ce deuxième volet faisant intervenir des extra-terrestres annonçait déjà une histoire à dormir debout. Cela n’a pas manqué : voici qu’une alien débarque par mégarde à proximité de l’étable de Shaun et ses compères, avec la ferme envie d’en repartir illico presto – on pense forcément à E.T L’Extraterrestre (Steven Spielberg, 1982). Bien sûr, sans surprise, une méchante scientifique l’en empêchera (même si on nous apprendra que personne n’est méchant par hasard, merci les flash-backs). Le retour à la maison s’annonce donc plus compliqué que prévu pour notre petit alien…
Confiée à Will Becher et Richard Phelan, des cinéastes moins expérimentés que les vétérans du studio que sont Nick Park et Peter Lord, la réalisation pâtit d’un manque d’idées criant, aussi bien dans la science de la narration que dans l’humour so british qui a pourtant fait le charme (et la renommée) des productions Aardman. Nous avons ici à faire à un pur produit marketing, au scénario balisé, à la cible identifiée, et aux gags éculés. Les quelques références cinématographiques – telles que 2001, l’odyssée de l’espace (Stanley Kubrick, 1968) pour la plus évidente – qui émaillent le film ne tireront tout au plus qu’un maigre sourire aux adultes avertis qui resteront de marbre aux traits d’humour ras les pâquerettes. On avait déjà regretté en son temps l’aspect prévisible et enfantin de Cro Man (Nick Park, 2018). Mais ce chapitre-ci bat tous les records, on vous assure, et il est fort regrettable de voir les studios Aardman se déliter artistiquement de productions en productions. D’autant plus dommage que le studio nous avait pourtant habitués dans ses vertes années à des scénarios déjantés surlignés d’une animation aussi inventive que burlesque. Ce Shaun le mouton : la ferme contre-attaque nous abreuve au contraire d’effets surajoutés et de nouveaux graphismes dont on se serait bien passé. La palme revenant peut-être au design de l’alien, dont on se demande si l’aspect « pâte à modeler » assez banale n’a pas été fait pour permettre aux jeunes spectateurs de le reproduire à la maison.
Non, décidément, il n’y a vraiment pas grand-chose à sauver de ce film ennuyeux à souhait, qui voudrait faire genre avec sa cinéphilie épanchée et ses modèles multi-récompensés sans jamais y parvenir. Mais dans cette entreprise entièrement vouée à livrer une histoire la plus compréhensible par tous (pas question de perdre la moindre tranche du public), la marge de manœuvre est fatalement restreinte. Reste tout de même la technique de l’animation en stop-motion qui reste, malgré tout, une technique appréciable, car beaucoup trop rare sur les écrans. Les bonus compacts – quatre capsules d’une durée totale de moins de 25 minutes ! – présents dans l’édition vidéo permettront toutefois aux plus curieux de prolonger l’expérience en découvrant l’envers du décor de la fabrication du long-métrage, à l’occasion d’un making-of efficace et d’une rencontre pédagogique avec l’ équipe du film.