A l’occasion de sa restauration et sa ressortie dans une belle édition blu-ray signé Le Chat Qui Fume, on redécouvre une La 7ème Malédiction : un film d’aventure à base de mission humanitaire, de sacrifices humains, de malédictions millénaires et de bébé-démon sanguinaire, mêlant les genres et les tons. Une véritable curiosité cinéphile dont Hong-Kong a le secret.

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Big Trouble in Hong Kong
Imaginez. Vous êtes le Dr. Yuen, médecin en mission humanitaire en Thaïlande, quand soudain, vous vous éprenez d’une jeune femme, Betsy, au bord de la rivière. Jusqu’ici tout va bien. Maintenant imaginez que cette jeune femme est vouée à être sacrifiée dans un rituel sanglant pour apaiser un démon prenant la forme d’un genre de nourrisson volant, quelque part entre un Chestbuster de la saga Alien et un Bouffe-tout de Ghostbusters version carnivore. Bon, déjà, quelques signes de vertiges apparaissent. Enfin, maintenant imaginez que pour avoir sauvé Betsy de ce destin funeste et sanguinolent, le démon et sa secte vous avait affublé d’une malédiction de sang, rongeant peu à peu votre corps et attaquant progressivement votre système sanguin.

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Sans nul doute, l’attaque nerveuse est proche. Alors plus fou encore : imaginez que ce pitch existe réellement et qu’il s’agit de celui de La Septième Malédiction, film hong-kongais de 1986, réalisé par Lam Nai-Choi, réalisateur notamment connu pour la réalisation de quelques-uns des plus éminents films Category III (les films interdits aux moins de 18 ans, notamment connu aux abords de la rétrocession de Hong-Kong à la Chine pour être certaines des œuvres les plus provocatrices et outrancières), et notamment Riki-Oh : The Story of Ricky (1991). S’il n’est pas le plus connu des Category III et plus généralement des films hong-kongais de l’époque, on y retrouve tout de même beaucoup de ce qui fait le sel de ce haut lieu de la cinéphilie.
On retrouve déjà dans un second rôle, le grand, le beau, l’unique Chow Yun-Fat, en professeur spécialiste de l’occulte et de l’étrange, intervenant un peu au hasard, apparaissant et disparaissant ponctuellement au cours de l’intrigue, pas pour faire grand-chose, mais plutôt pour commenter d’un air amusé, lunettes immenses et pipe à tabac à l’appui, dans un rôle qui n’aurait pas détonné dans un autre immense film sorti la même année : Les Aventures de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin (John Carpenter, 1986). C’est également la géniale Maggie Cheung que l’on retrouve toujours avec bonheur, ici en intrépide journaliste se joignant à l’action à la recherche d’un scoop.
Plus encore, La 7ème Malédiction, c’est ce que l’on aime retrouver dans le cinéma hong-kongais : une très bonne série B, définitivement ce que l’on appellerait du « cinéma d’exploitation », mais qui révèle en réalité une énergie sans borne pendant ses 1h20 de durée. La 7ème Malédiction, bien que modeste dans ses ambitions, fourmille d’idées, tourbillonne et emporte son spectateur dans son aventure à la fois grandiose, grotesque, hallucinante et, surtout, ne reculant devant rien, tenant tout du long son pitch abracadabrantesque digne d’un Indiana Jones sous acide, et n’hésitant pas à aller jusqu’au bout de son concept. Toutes les raisons pour s’intéresser de près à la belle édition Blu-Ray du Chat Qui Fume, incluant la restauration 2K du film plus que convaincante et de sympathiques bonus et notamment un panorama de la carrière de Lam Nai-Choi, artisan du cinéma hong-kongais que l’on aime et qu’on ne se lasse pas de redécouvrir.



