Jamais édité en vidéo dans nos contrées, les éditions Rimini nous proposent de redécouvrir Cérémonie mortelle (Howard Avedis, 1983), un slasher qui malgré de belles prémices, plongent dans tous les travers liés au genre : critique.
J’irai slasher sur vos tombes
Les succès de Halloween (John Carpenter, 1978) et de Vendredi 13 (Sean.S. Cunningham, 1980) ont permis l’émergence d’un nouveau genre horrifique : le slasher. Si certaines productions de l’époque étaient faites par des artisans sincères comme Wes Craven ou Don Coscarelli – qui parvinrent admirablement à passer outre les faibles moyens offerts pour la confection de tels films pour donner vie à de véritables chefs-d’œuvre iconoclastes qui marqueront l’Histoire du cinéma – la plupart des projets du genre qui émergeront au début des années 1980 furent souvent montés par des producteurs margoulins qui voyaient ici l’occasion d’engranger des recettes faciles. Cérémonie Mortelle (1983) appartient à cette catégorie. Réalisé par Howard Avedis (un réalisateur de série B fauché) et produit par sa femme, le long-métrage pâtit d’un manque d’ambition et a tout du projet monté rapidement pour surfer sur la vague de slashers qui envahissait les salles de cinéma.
Et pourtant, Cérémonie Mortelle proposait quelque chose d’assez original pour l’époque : un casting composé quasi-exclusivement de vedettes de sitcoms télévisées. Alors que la plupart des productions de ce genre font la part belle à une distribution entièrement composée d’adolescents ou de jeunes adultes – pour des raisons budgétaires mais surtout pour assurer d’attirer son public cible – Avedis a choisi un casting plus âgé, dont la présence dans ce genre de film peut dénoter tant la présence de personnages adolescents est un code en soi du slasher. C’est un choix intéressant, mais le réalisateur n’en fait rien. À aucun moment, il ne joue sur ce décalage ou ne profite du talent de ses acteurs plus confirmés pour proposer quelque chose de plus abouti. Pire encore, la plupart des comédiens semble complètement absente au récit, semblant naviguer à travers lui comme des navires fantômes, la faute à une direction d’acteur inexistante.
Le scénario souffre du même problème. Le film part d’abord dans une direction intéressante en se concentrant sur le traumatisme d’une femme hantée par la mort de son père et qui cherche à savoir s’il s’agit d’un accident ou d’un meurtre. Au fur et à mesure de son investigation, elle sera témoin de rituels de magie noire et deviendra la cible d’un tueur en série. Si les idées de base sont intéressantes, elles ne sont jamais exploitées et donnent souvent l’impression d’avoir été rajoutées au script au dernier moment. Pire encore, les scènes de rituels sont filmées de manière si fade qu’elles en deviennent simplement ridicules, même la partie purement horrifique est ratée. La mise en scène des codes manque de rythme et jamais le cinéaste n’arrive a créer une tension horrifique tant sa réalisation manque de maîtrise et d’envergure. Mais au-delà de cette mise en scène pâteuse et de ce scénario amorphe, le vrai problème de Cérémonie Mortelle, c’est son boogeyman. Interprété par un Bill Paxton en tout début de carrière, celui-ci est tout bonnement ridicule. Affublé d’un maquillage grotesque, ses apparitions fugaces dans le film sont plus drôles que terrifiantes, pas aidées par l’interprétation du comédien, en totale roue libre.
Du côté des bonus, fidèle à sa réputation de proposer du contenu de qualité, Rimini Editions nous servent un livret d’une vingtaine de pages rédigés par Marc Toullec, journaliste cinéma, qui revient sur l’émergence des slashers au début des années 1980. En plus de cela, nous avons une présentation du film d’une vingtaine de minutes par Gilles Penso, réalisateur à qui l’on doit, entre autre, un excellent documentaire sur Ray Harryhausen co-réalisé avec son compère Alexandre Poncet.