WandaVision


Première série Marvel de la nouvelle plateforme Disney +, WandaVision était plus qu’attendue au tournant. Véritable première pierre de cette Phase 4 – Black Widow étant repoussé à un peu plus tard dans l’année – la série doit donner le ton pour les cinq prochaines années à venir, tout en proposant, pour la première fois, une réelle extension du MCU dans la petite lucarne. À vos télécommandes !

La Sorcière Rouge hésite à lancer une boule de feu rouge, sur fond de ciel rouge irréel ; scène de la mini-série WandaVision.

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Ma sorcière mal-aimée

Vêtue en femme de ménage des années 50, Wanda Maximoff tient dans sa main une petite carte, tandis que d'autres cartes flottent dans l'air à côté d'elle ; plan en noir et blanc de la série WandaVision.

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Jusqu’à présent, les séries Marvel Studios ne possédaient pas le privilège d’avoir un impact direct sur les longs-métrages du studio, même si la réciproque était pourtant vraie. Cela n’a pas empêché de très belles séries de voir le jour, on pense notamment à Daredevil (Drew Goddard, 2015-2018), Jessica Jones (Melissa Rosenberg, 2015-2019), The Punisher (Steve Lightfoot, 2017-2019) ou la première des premières, qui n’a cessé de se bonifier avec le temps Agents of S.H.I.E.L.D. (Joss Whedon, Jed Whedon et Maurissa Tancharoen, 2013-2020) ! Mais la nouvelle plateforme de streaming du studio aux grandes oreilles change complètement la donne, et propose du contenu de luxe, où les acteurs du grand écran s’invitent dans celui de votre salon. Pour cette première incursion télévisuelle, WandaVision nous narre la vie de Wanda Maximoff et de Vision dans la charmante ville de Westview, le tout dans l’apparat des codes de séries télés. C’est alors que plane un mystère, puisque Vision est mort – deux fois d’ailleurs – dans Avengers : Infinity War (Anthony et Joe Russo, 2018) et que depuis l’extérieur, la paisible ville de Westview se trouve piégée dans un dôme infranchissable. Une chose est certaine, un mystère aussi épais qu’une brume automnale englobe les différents épisodes de la série et le S.W.O.R.D., nouvelle agence de protection de la Terre, compte bien répondre à la question.

Avec WandaVision, on distingue deux sortes d’épisodes : ceux propres à la vision de Wanda – au sein de Westview et mis en scène par le prisme de la culture télévisuelle ; et ceux prenant place en-dehors du dôme – revenant à la mise ne scène « classique » que l’on connaît du MCU. Force est d’avouer que les épisodes concepts, reprenant des séries comme Ma sorcière bien-aimée (William Asher, 1964-1972), Malcom (Linwood Boomer, 2000-2006) ou plus récemment Modern Family (Christopher Lloyd et Steven Levitan, 2009-2020) sont assez ludiques à regarder, par leur aspect méta et parodique – une facette que l’on n’a que trop peu aperçue dans le MCU. C’est rafraîchissant, et quand bien même cela ne raconte pas grand-chose, divertissant. A l’inverse le contre-point, en dehors du dôme, ne propose rien de bien novateur et ne sert, bien trop souvent, qu’à surexpliquer ce qui se passe dans le dôme et dans les épisodes concepts. Mais finalement, ça raconte quoi WandaVision ? Eh bien, ça essaye de parler de deuil et de comment Wanda surmonte les terribles épreuves des dernières productions Avengers, entre la perte de son frère et celle de son amant. Sur le papier, c’est terriblement fascinant, le personnage étant face à elle-même et ses propres démons et peurs. On pouvait espérer une thérapie magique, sous forme d’influences télévisuelles, où le personnage trouverait enfin une épaisseur et une présence qu’elle n’arrivait pas à prendre, aux côtés de ses amis Avengers dans les films collectifs. Bref, on était en droit d’espérer une série qui offre enfin ses lettres de noblesse à la Sorcière Rouge, lettres qu’elle mérite pleinement. Mais concrètement, la déception reste un sentiment plus fort que l’exaltation après la découverte de ces neuf épisodes. WandaVision ouvre une multitude de portes et se rapproche de plusieurs grands arcs de comics, laissant les fans imaginer 236 théories par semaine. In fine, que nenni : la série préférera une vision plus terre à terre, moins sensationnelle et plus convenue. La palme de la palme revenant à la réapparition du personnage de Ralph Bohner, la déception des déceptions, le gag que l’on n’avait plus vu depuis Iron Man 3 (Shane Black, 2013), et qu’on ne voulait plus revoir… On ne sait pas si le but était que les internets s’enflamment chaque vendredi ou si le fan est devenu le pire ennemi des œuvres pop et geek.

La Sorcière Rouge et Pietro Maximoff côte à côte dans la rue, le regard intrigué par ce qu'ils ont devant eux dans la série WandaVision.

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Fort heureusement, tout n’est pas à jeter. Les moments plus intimes de Wanda et les dialogues avec Vision valent tout l’or du monde, offrant là le plus bel intérêt de la série. C’est dans ces moments plus calmes et loin de la marvelerie habituelle que WandaVision trouve une singularité. C’est dommage d’avoir voulu absolument offrir un point de vue extérieur ou d’avoir créé le triangle Monica Rambeau – Jimmy Woo – Darcy Lewis (bien que très rafraîchissant). L’histoire et le deuil de Wanda Maximoff se suffisait à eux-mêmes, et aurait permis de moins rusher les deux derniers épisodes, à qui reviennent la douloureuse mission de clôturer sept épisodes de fausses,pistes et d’arcs en tout genre… De même, bien que le personnage de Kathryn Hahn, dont on taira le nom pour vous éviter des spoilers, soit fort sympathique, très intéressant et formidablement interprété, il nous reste la désagréable sensation qu’il est en trop. En définitive, les scènes les plus réussies de la série sont celles qui démontrent que Wanda est à la fois l’héroïne et la méchante de sa propre histoire, son plus grand adversaire éant elle-même. Et dans un souci de ne pas diaboliser son interprète principal, WandaVision ne cesse de lui chercher des excuses, sous couvert d’antagonistes. Autre point fort, la direction artistique et le rendu des effets spéciaux, dont l’énergie est similaire à des productions de longs-métrages. On ne prend pas les spectateurs de salons pour des cornichons, et ça, ça fait plaisir. Marvel Studios met la main au portefeuille, et offre, au moins, un écrin de luxe pour ces feuilletons. Ce qui semble permettre à ces acteurs de prendre leur pied comme jamais ils ne l’ont pris dans ces productions : Elizabeth Olsen propose une interprétation de son personnage, et de ses palettes d’actrice, comme elle ne l’avait jamais fait auparavant, comme certainement elle n’en avait pas eu la chance. Paul Bettany lui s’amuse et amène Vision dans un registre comique qui sied si bien au personnage… WandaVision peut avoir tous les défauts du monde, on est prêts à regarder ces deux personnages coexister encore pendant 78 épisodes. Et ça, c’est beau !

Pour les fans les plus renseignés, il est clair que cette mini-série nous sert d’introduction à ce que sera le Doctor Strange in the Multiverse of Madness de Sam Raimi, prévue pour l’année 2022. On espère que les prochaines séries Marvel de Disney + auront un peu plus à raconter et surtout, sans trahir la très bonne idée de base (coucou Loki, on parle de toi … car oui, on a aucun espoir dans Falcon et le soldat de l’hiver). Le plus intéressant sera de constater si cette stratégie de lier directement longs-métrages et séries s’avère payante, ou si elle ne perd que d’autant plus les spectateurs dans cette univers surconnecté, dont les barrières semblent de plus en plus fragilisées


A propos de William Tessier

Si vous demandez à William ce qu'il préfère dans le cinéma, il ne saura répondre qu'avec une seule et simple réponse. Le cinéma qu'il aime est celui qu'il n'a pas encore vu, celui qui ne l'a pas encore touché, ému, fait rire. Le teen-movie est son éternel compagnon, le film de genre son nouvel ami. Et dans ses rêves les plus fous, il dine avec Gégé.

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