The Boys – Saison 1


Adaptée de la bande-dessinée homonyme de Garth Ennis et Darick Robertson, la première saison de The Boys est arrivée cet été sur la plateforme Amazon Prime Video. Produit par Seth Rogen et Evan Goldberg, c’est Eric Kripke, créateur de Supernatural (2005-2020), qui y officie en tant que showrunner. Alors que les productions super-héroïques affluent aussi bien au cinéma qu’à la télévision, The Boys change de perspective et propose une dose de super-héros bien différente. Super, non ?

Le Protecteur sous les traits de l'acteur Antony Starr dans The Boys (critique)

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Injustice League

Dans The Boys, les super-héros existent et ne se cachent plus. Ils vivent au sein des simples mortels, et cherchent à rejoindre un groupe d’élites, les stars des stars parmi les surhumains : les Sept. Mais de cette heureuse situation, qui a tout d’une intrigue où les gentils sont gentils, et les méchants sont méchants, The Boys n’en garde qu’un simple mirage, très vite dissipé pour le spectateur. Alors que sa copine est tuée accidentellement par A-Train, super-héros à la vitesse extraordinaire, Hughie fait la rencontre de Billy Butcher, qui lui montrera que les super-héros ne sont pas si super que cela et qu’il faut les combattre en montant une petite équipe. Un voyage initiatique en quête de vengeance et justice, dans un monde où toute la population vit dans le déni des horribles activités de ces êtres hors du commun. C’est ainsi que démarre l’une des aventures super-héroïques les plus rafraîchissantes et enjouées que le genre ait connu depuis longtemps ! Alors oui, c’est facile de déjouer les codes instaurés par les productions Marvel ou DC Comics depuis le début des années 2000, mais il faut toutefois un peu de talent pour transformer une simple farce parodique en un réel propos argumenté. The Boys ne se résume pas à la simple boutade de détruire ce qui existe et domine le marché – aussi bien en matière de cinéma que de séries et de comic-book – mais cherche concrètement à créer un univers qui lui est propre. Comme Watchmen : Les Gardiens (Zach Snyder, 2009) et Kick-Ass (Matthew Vaughn, 2010) en leur temps, la nouvelle série Amazon Prime Video propose un axe de réflexion, bien plus intéressant qu’il n’y paraît, sur la notion de bon et de mauvais, où la réponse n’est jamais aussi manichéenne que dans les productions dont elle prend la tangente. D’autant plus qu’à une époque où de tels longs-métrages dominent le box-office presque automatiquement, la série se paye quelques pensées méta sur le genre super-héroïque. The Boys est d’autant plus méta que ses super-héros sont calqués sur ceux de la Justice League de DC Comics. On retrouve des ersatz de Superman, Wonder Woman ou encore Aquaman avec des personnages comme le Protecteur, la Reine Maeve et l’Homme-Poisson. La ressemblance est frappante, le degré d’ironie et de rigolade encore plus fort lorsque l’on fait le lien et la comparaison avec leur homologue de la « Distinguée Concurrence ». Néanmoins, bien que très drôle, The Boys n’est pas une tendre comédie super-héroïque et se révèle être très violente… Les âmes sensibles s’abstiendront, tandis que ceux aux cœurs plus accrochés seront ravis. Nos boys, chasseur de super-héros, cassent des genoux et bottent des culs aussi bien que s’ils avaient des pouvoirs. Boom !

Le super-héros Le Protecteur et ses fans dans la série The Boys (critique)

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Outre l’aspect comique et un brin ironique sur le genre super-héroïque, The Boys est surtout une série violente, qui n’a pas froid aux yeux et qui recherche un réalisme de bon ton, renforçant davantage son histoire. Car oui, bien qu’un homme vole et possède des yeux lasers ou qu’un autre parle aux dauphins, le monde dans lequel évoluent chacun des personnages ressemble pour beaucoup au nôtre. On retrouve une entreprise bien capitaliste à la direction des Sept, gérant missions de sauvetages mais aussi réseaux sociaux, produits dérivés et même longs-métrages des super-héros sous contrat chez eux. La société Vought est en réalité au cœur des problèmes de criminalités des super-héros et tenue pour responsable par Billy Butcher de la disparition de sa femme. Si une forme de violence physique est souvent présente à l’écran, la réelle violence de The Boys se trouve dans cet aspect très précis du scénario. Sans être physique, une  brutalité plus psychologique et surtout alarmante est présente dans les actions de Vought, tant des parallèles peuvent être faits avec notre actualité contemporaine. Le nombre de thématiques abordées est très large, englobant une catastrophe aérienne, des actes misogynes au sein de l’entreprise ou encore les mensonges liés à un marketing bien trop pensé nécessitant de modifier la vérité. En réalité, le combat que mène notre bande de renégats, contre ces super-héros au-dessus des lois, n’est pas tant contre eux spécifiquement mais davantage contre ceux qui ont tous les pouvoirs – aussi bien littéralement que métaphoriquement.

La bande de garçons chasseurs de super-héros de The Boys (critique)

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Derrière un monde fantaisiste et surréel, The Boys se questionne surtout sur notre monde à nous, celui des spectateurs, et c’est là que la violence se révèle encore plus lourde. Cette atmosphère pesante, qui permet à un tel sentiment d’exister durant huit épisodes, est rendue possible grâce à une direction artistique très minutieuse. The Boys possède ce teint à l’image qui tâche l’ensemble, par des nuances de gris, de marrons et de bleus. Ambiance poisseuse pour une histoire qui l’est tout autant, et où Karl Urban adopte une allure de clodo dépressif qui lui marque si bien les hanches. Ce dernier nous semble n’avoir pas pris autant de plaisir à incarner un personnage depuis… ouh là, bien trop longtemps ! D’ailleurs, la dynamique de groupe est l’une des belles réussites, l’alchimie étant au rendez-vous. The Boys, c’est une bande. Une bande de désœuvrés, de paumés, qui cherchent désespérément à changer les choses pour que leur triste sort ne soit pas partagé avec d’autres, dans le futur. Une sorte de rébellion adolescente qui, malgré l’adversité et alors même qu’elle se sait déjà perdante, restera aussi vive qu’aux premiers instants : les Boys, rassemblement !


A propos de William Tessier

Si vous demandez à William ce qu'il préfère dans le cinéma, il ne saura répondre qu'avec une seule et simple réponse. Le cinéma qu'il aime est celui qu'il n'a pas encore vu, celui qui ne l'a pas encore touché, ému, fait rire. Le teen-movie est son éternel compagnon, le film de genre son nouvel ami. Et dans ses rêves les plus fous, il dine avec Gégé.

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