Un important avis critique au deuxième volet de Conjuring a été favorable, vantant notamment les mérites de sa mise en scène bien plus que lors de la sortie du premier élément en 2013 : dommage que Fais Pas Genre doive jouer les trouble-fêtes en étant carrément moins convaincu par le film de James Wan…
Say my name
Je dois faire preuve d’honnêteté en vous disant dès l’ouverture que je n’ai pas vu le premier Conjuring (2013). Difficilement tolérable dans une presse cinéma où la déontologie ordonne de n’écrire que sur des sujets connus et familiers, je suis par conséquent dans une posture délicate vis-à-vis de toi lecteur-lectrice. J’espère que ce papier ci-présent saura te séduire et t’intriguer tout de même, et que tu n’en enlèveras aucune légitimité…Parce que moi de base je m’en bats les couilles. Considérant tout juste James Wan comme un petit malin (c’est pas forcément péjoratif d’ailleurs, le premier Saw était une vraie frappe d’ingénierie et d’efficacité originale), les Conjuring et autres Insidious ne sont pas vraiment les sorties cinéma vers lesquelles je me précipite, mais plutôt celles en face desquelles je vais préférer aller voir un film avec Michel Simon. Mais pour ce Conjuring 2 là, j’ai lu et entendu des choses qui m’ont fait frétiller, notamment concernant la mise en scène, jugée particulièrement inventive…
En 1977, soit quelques années après les événements de Conjuring qui abordaient le fameux mythe urbain d’Amityville, Ed et Lorraine Warren (enfin surtout Madame) pensent à raccrocher les gants, fatigués de devoir lutter contre l’incrédulité du monde plus encore même que contre les démons et autres possesseurs en folie. Cependant, poussés par un désir tout chrétien, ils acceptent d’aider une famille monoparentale dont la mère doit faire face à la possession de sa fille par semble-t-il l’esprit d’un vieux résident de leur maison. Vu que la gosse fout un sacré boxon dans la cuisine et dit des trucs pas très sympas (mais rien de sexuel comme dans L’exorciste de William Friedkin – dont nous vous avions retranscrit la masterclass -non plus, rappelez-vous que 2016 est bien plus prude que 1974), le démon semble puissant, si tant est qu’il existe…De manière assez divertissante, aucun doute n’est laissé au spectateur quant à la teneur fantastique (on voit bien les chaises voler pour rien) mais aussi à plusieurs des personnages qui ne peuvent que constater le surnaturel (les premiers policiers sur les lieux, l’équipe de télévision, les voisins…) : le spectateur se dit alors qu’il a à faire à un long-métrage duquel sera enfin expulsé l’éternel doute « est-ce vrai ou pas ? ».
Fainéantise scénaristique oblige, on a bien le droit au personnage sceptique qui arrive même à « prouver » (temporairement) aux époux Warren l’espace d’une séquence que la possession n’est qu’un canular hystérique d’enfant, et on le droit au suspense banal lié. Entre autres, Conjuring 2 montre par-là un effarant sens de la poudre aux yeux, ayant bien plus travaillé son marketing que son originalité. Narrativement c’est calibré pour être un comestible audiovisuel obéissant à la lettre aux impératifs hollywoodiens jusqu’à un happy end en forme de grand cœur avec les doigts. Visuellement, les deux, trois idées de mise en scène qui ont bâti au film sa réputation d’intérêt cinématographique (des travellings m-as-tu-vu et un intéressant entretien avec l’au-delà filmé en plan-séquence jouant sur la profondeur de champ) sont vite oubliées face à un vide cruel d’ambiance ou de construction réelle de la peur, autrement que par les jump-scares et des scènes d’exploration de maison répétitives. Ce que j’aurais retenu de la feignasserie des réalisateurs et scénaristes néanmoins, c’est qu’il suffit de connaître le nom d’un démon pour le détruire, et du même coup pour finir un mauvais film. Ça peut servir.
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