Attendus depuis une quinzaine d’années, si on oublie le retour raté d’un film oubliable, les X-Files nous ont fait le plaisir de revenir dans ce début d’année 2016. Retour sur cette dixième saison.
La vérité est ici
Si vous avez l’habitude de trainer par ici vous allez commencer à cerner le personnage qui écrit ces lignes mais j’insiste une nouvelle fois sur ma monstrueuse enfance, dans le sens évidemment ou j’ai grandi biberonnée aux monstres – pas seulement mes petits frères – des Chair de Poules, aux momies en passant évidemment par les X-Files. L’exécrable film X-files : Regeneration sorti en 2008 aurait pu achever cette foi inébranlable que je portais aux X-Files, à Mulder, Scully et Krychek (parce qu’il est trop mignon), mais j’ai la chance d’avoir une mémoire sélective et d’oublier ce massacre. X-files c’est quoi ? Je récapitule pour ceux qui ont oublié – car tout le monde connait les X-files – Les affaires non classées, en français, c’est un bureau du FBI, en sous-sol du bureau fédéral, qui enquête sur des affaires curieuses, non résolues et, la plupart du temps, paranormales. Fox Mulder – grand brun à la démarche adolescente traumatisé par l’enlèvement devant ses yeux de sa petite sœur Samantha par ce qu’il croit être des extra-terrestres – est le seul agent affecté à cette tâche et est rejoint un matin de 1993 par Dana Scully – une jolie petite rousse, docteur en médecine et éternelle sceptique – dans le but de faire tomber les X-Files en prouvant que les affaires dont s’occupe Mulder ne sont pas sérieuses. Pas de chance pour le bureau fédéral, la première affaire démarre par une mystérieuse perte de temps – au sens propre – et un complot paranormal inexplicable par l’agent Scully. L’aventure commence … Au fil des neuf saisons le bureau des affaires non-classés fermera plusieurs fois, des enquêtes seront résolues et d’autres non. Des monstres apparaitront le temps d’un épisode, entre deux épisodes de complot gouvernemental. Des guests stars se feront le plaisir d’apparaître le temps d’un épisode etc. Il m’est difficile de résumer une série d’anthologie en un paragraphe, tant j’ai envie de n’omettre aucun détail, aucune histoire, aucun personnage. Je pourrais écrire une thèse sur l’huile noire et l’homme à la cigarette mais franchement, qui a le temps de lire ça alors que tout ce que racontait Mulder sur le gouvernement, il y a plus de quinze ans je vous le rappelle, qu’on considérait comme une paranoïa exacerbé s’est avéré pratiquement vrai, dans l’ensemble. Sauf pour les extra-terrestres mais ce n’est qu’une question de temps. Bref, tandis que la huitième saison s’achève sur un bébé bizarre issu d’une relation éphémère entre Mulder, Scully et les aliens, la neuvième s’achèvera sur un câlin entre les deux agents dans un motel perdu au fin fond des Etats-Unis, abritant les deux amoureux en fuite, Mulder étant injustement accusé de meurtre et condamné à la chaise électrique – il sera grâcié dans le film X-Files : Regeneration en deux secondes (« Aidez-nous on vous gracie »). Rapide résumé donc, pour vous introduire la dixième saison tant attendue !
Janvier 2016. Les agents spéciaux Fox Mulder et Dana Scully ne sont plus agents, ni spéciaux. Maquillés à la truelle, les rides que l’on tente injustement de gommer n’en ressortent que de plus belle, et les perruques se repèrent à des kilomètres. Dana Scully adopte cet accent chelou qu’elle a depuis Hannibal, mais a retrouvé la jambe qu’elle s’était coupée elle-même pour l’offrir au cannibale le plus redouté au monde. Mulder est toujours Mulder mais en moins énervé, quoiqu’il déchire quand même son fameux poster d’un simple coup de pied, l’idiot ! Le premier épisode démarre sur la voix de Mulder nous résumant les neuf précédentes saisons avec un terriblement cheap panorama de photo promotionnelles, procédé que l’on retrouvera dans le sixième épisode mais du point de vue de Scully. Un vaisseau spatial, celui de Roswell, échoue sur Terre, ce qui est curieux car la série a eu le bon goût jusqu’alors, de prendre le parti de ne pas montrer ce genre de choses. Soit, à ce moment là je ne doute pas encore, I want to believe comme on dit. Un présentateur télé Tad O’Malley (comme le chat) dans son émission The Truth Squad with Tad O’Malley balance que le gouvernement nous ment et que les extra-terrestres sont parmi nous (« Depuis la nuit des temps monsieur Mulder »). Il rentre en contact avec Scully, occupée à découper des cadavres, qui rentre à son tour en contact avec Mulder. La fine équipe se fait réhabiliter par le FBI et les rôles s’inversent brièvement, Mulder boude et doute alors que Scully y croit avec ferveur et découvre qu’elle a de l’ADN d’Alien dans le sien – j’ai oublié de vous dire que pour cacher la grossesse de la comédienne dans la saison 2, son personnage fut enlevé par les extra-terrestres qui firent des expérimentations sur elle – O’Malley dévoile les clefs d’une conspiration pas si nouvelle que ça et les balance en direct à la télévision. Les X-files sont ré-ouverts et l’on découvre que l’homme à la cigarette n’est pas mort, est content et fume toujours autant. Premier épisode un peu mou donc mais qui n’ébranle pas ma foi, bien au contraire, j’affirmais haut et fort que c’était un très bon épisode de réintroduction et comme pour me donner raison, la Fox diffuse dans la foulée le deuxième épisode de la mini-série. Un épisode qui commence par le suicide d’un chercheur à la fin d’une réunion qu’il n’a pu entendre, préoccuper par l’incessant bourdonnement dans sa tête – vous ai-je dit que chaque début d’épisode, tout au long de la série, pourraient faire à eux seuls des petits courts-métrages ? – Les deux agents n’enquêtent pas, mais fouinent, retour au bon vieux temps et découvrent que des expérimentations sont menés sur des enfants présentant des pouvoirs. Cet épisode, fidèle à l’esprit de la série, est entrecoupé par des flashbacks d’une vie rêvée si les agents n’avaient pas dû donner à l’adoption leur enfant, William. William va à l’école, joue avec des fusées et présente des pouvoirs paranormaux. William blablabla. La fan que je suis se réjouissait à l’idée d’avoir enfin des nouvelles de ce bébé, devenu un grand garçon. Malheureusement l’affaire William ne sera abordée que dans cet épisode et vite rangée au placard, dommage. L’arrivée d’un nouveau personnage lié au deux agents aurait été bienvenue. Dans l’épisode suivant on retrouve Mulder, déprimé, qui découvre que la plupart des affaires non résolues, l’ont été depuis et avec des preuves scientifiques et rationnelles. Mulder perd la foi et Scully l’emmène résoudre une affaire de monstre. Enfin ! Le monster of the week est là, Mulder and Scully meet the were-monster (S10E03) est ce type d’épisode barré qu’on attend avec impatience lors de chaque saison, on va enfin pouvoir s’amuser, sur le fond et la forme, c’est bien le seul épisode qui ne m’ait pas un peu déçu. Complètement loufoque, on y retrouve un Mulder qui ne croit plus en rien et dont la sonnerie d’Iphone est le générique des X-Files. Une Scully qui vole un chien en souvenir de son Queequeg dévoré par un crocodile dans la saison 3. On s’amuse, on rigole, le monstre est attachant et Mulder y croit de nouveau. On retrouve le manque de sérieux et l’autodérision de l’équipe et c’est le morceau de sucre qui aide la médecine à couler, avant de s’embarquer dans deux épisodes au parti pris politique bienvenu.
Home again (S10E04), quatrième épisode de cette saison, originalement prévu pour être le deuxième, s’ouvre sur l’expulsion de SDF dans un quartier à l’abandon. Une créature monstrueuse à l’odeur épouvantable s’occupe d’arracher têtes et membres des responsables de ces expulsions. L’enquête est pratiquement menée entièrement par Mulder, Scully étant occupée à l’hôpital à veiller sa mère mourante et pleurer encore une fois son fils abandonné, ça commence à être lourd surtout que, j’insiste dessus, il ne se passera rien. L’homme poubelle donc, tue pour venger ces laissés pour compte; dont se débarrassent sans pitié aucune, la mairie de la ville. Si cet épisode est un peu parasité par l’histoire de Scully, il fait un puissant écho aux expulsions de migrants en Europe et à la responsabilité que l’on porte tous sur ça. Ironiquement, il fut diffusé en France en pleine évacuation de la jungle de Calais. Je ne sais pas si aux USA l’importance accordée sera la même pour cet épisode. Enfin, Babylon (S10E05), avant-dernier épisode de cette beaucoup trop courte saison, s’ouvre sur un attentat à la bombe perpétré par des islamistes intégristes de moins de trente ans. Une fois de plus l’épisode résonne curieusement au vue des événements des derniers mois. Un des terroristes est dans le coma et deux jeunes agents, miroir parfaits des deux « vieux », viennent leur demander de l’aide pour tenter de communiquer avec ce dernier – ce qui donnera lieu à une très drôle séquence d’un Mulder drogué, dansant en boite de nuit. Quand la clef de voûte des X-Files était le fanatisme en tout genre, il me semblait impensable que la nouvelle saison ne s’interroge pas sur ce fléau, malheureusement bien vite expédié. Morale faible et dépassée du type « Les mots c’est très important ça manipule les gens » et autres « faites l’amour pas la guerre », l’épisode reste tout de même bienvenu. Le drame de Babylon est de terminer sur la trop connue chanson des Luminers tandis que Mulder et Scully marchent main dans la main dans le jardin de Mulder, bien loin de l’esprit des X-Files.
Le véritable problème à mon sens de cette nouvelle saison, c’est que chaque épisode ne se suffit pas à lui-même donnant l’impression qu’ils ont été pensés comme s’inscrivant dans une saison de vingt épisodes et non pas de six, nous laissant un déplaisant goût d’inachevé. Avec vingt épisodes, la série avait le droit à l’erreur, le droit d’avoir un épisode trop mou, le droit d’être écornée. Avec six épisodes tout se doit d’être parfait, et comme la perfection n’existe pas, nous devenons naturellement très critiques. Trop de sujets abordés, des guests, et pas les meilleurs, pour le plaisir et non pour l’intérêt dramaturgique de l’histoire – Quitte à nous faire revenir des morts remettez-moi Krychek !! – beaucoup trop de clins d’œil et beaucoup trop de flashbacks. Chris Carter devrait certainement, tout comme George Lucas a fini par le faire pour ses Star Wars – laisser son bébé à l’adoption – aux scénaristes James Wong et Glen Morgan qui savent très bien s’en occuper, pour que la série puisse reprendre l’air. Bien sur, je salue l’initiative des épisodes politiques prouvant que la série n’a pas tant été aseptisée que ça – tellement pas aseptisée que M6, qui a eu l’excellente initiative de diffuser les épisodes moins de deux semaines après la diffusion américaine, a eu la moins bonne idée de quasiment tout censurer. La saison se termine par un inutile cliffhanger qui me fait grincer des dents – Une soucoupe volante vient rechercher Scully alors que le monde entier est en train de mourir d’une grippe en pire – semblant annoncer une onzième saison que l’on espère moins fourre-tout et plus longue – et je l’attendrais avec autant d’impatience que la dixième parce que je suis indécrottable. Et si onzième saison il n’y a pas, on regrettera la fin romantique de la neuvième, qui concluait joliment la série culte de la trilogie des samedi soir.
Pingback: La nuit des Extraterrestres | Fais pas genre !
Pingback: Stranger Things - Saison 1 | Fais pas genre !
Pingback: Under the skin | Fais pas genre !
Pingback: Hero Corp - Saison 5 - Chronique de l'édition Blu-Ray sur Fais pas Genre
Pingback: Stranger Things Saison 2 - Critique sur Fais pas Genre !
Pingback: Metropia | Fais pas genre ! : Webzine sur le Cinéma de Genre