Historique du Film Fantastique 1


Après le Film Noir, le Péplum et le Western, les éditions Le Courrier du Livre complètent leur collection Ciné Vintage consacrée aux grands genres du cinéma par un ouvrage sur le cinéma fantastique. Écrit par Christophe Champclaux et Linda Tahir-Meriau, ce livre qui ne fait pas genre constitue un très beau cadeau de Noël pour tous les aficionados de cinéma. 

© Tous droits réservés

Fantastique Bête et où la trouver !

Sorti en Novembre 2016 aux éditions Le Courrier du Livre, le livre Le Film Fantastique propose au lecteur de se plonger dans l’histoire du cinéma fantastique. Un cinéma longtemps classé dans le genre péjoratif (qui ne l’est pourtant pas) de la série B, et qui dès sa genèse faisait partie du cinéma le plus populaire. C’est également ce cinéma qui a permis à de nombreux acteurs et actrices de percer à Hollywood et autour du monde, de Christopher Lee à Barbara Steele en passant par Charlton Heston ou encore Johnny Depp. Certains des plus grands réalisateurs de l’histoire du cinéma ont fait leurs armes où y sont passés à un moment de leur carrière : Terence Fisher, Brian De Palma, Guillermo Del Toro, Tim Burton et bien d’autres. Surtout, contrairement à ce que beaucoup de personnes imaginent, le cinéma fantastique n’est pas que le cinéma des Histoire sans Fin (Wolfgang Petersen, 1984), Harry Potter (2001 à 2011) ou Le Seigneur des Anneaux (Peter Jackson, 2001, 2002, 2003). Le cinéma fantastique regroupe tous les films faisant appel à l’imaginaire, au surnaturel, à l’irrationnel. C’est-à-dire aussi bien la science-fiction que l’horreur ou encore le film de monstres et de fantasy. Surtout, le cinéma fantastique est probablement l’un des genres qui a le plus marqué l’histoire d’Hollywood et plus largement, celle du 7ème Art tout court. Un exploit qui méritait donc que l’on s’y attarde à l’occasion de la lecture de ce livre.

© Tous droits réservés / Toho

L’histoire du cinéma fantastique débute dès le début du précédent millénaire et alors que le cinéma n’a pas encore trouvé la parole. S’inspirant de la littérature fantastique, le premier film fantastique de l’histoire du cinéma est le Voyage dans la lune (1902) du réalisateur Georges Méliès. C’est donc l’un des pères fondateurs du cinéma qui réalisa en 1902  le tout premier film du genre. De l’autre côté de l’Atlantique, ce sont les romans de Stevenson, Dr. Jekyll et Mr. Hyde et le Frankenstein de Mary Shelley qui feront les premiers l’objet d’adaptations cinématographiques en 1908 et 1910 respectivement. Le cinéma finit par passer du muet au parlant au début des années 30. Cette transition va permettre au film de genre de connaître un essor retentissant aux États-Unis. Chapeauté par les producteurs des studios historiques Universal Pictures et RKO Pictures (malheureusement dissous à la fin des années 50), le genre fantastique et horrifique va connaître son premier âge d’or et voir naître des productions depuis devenues cultes : Dracula (Tod Browning, 1931), La Chasse du comte Zaroff (Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel, 1932) ou encore le classique parmi les classiques King Kong de Merian C. Cooper et le même Schoedsack en 1933. Spécialité des studios Universal, les monstres s’invitent dans la danse. Les loups-garous deviennent notamment très tendance tout comme le monstre de Frankenstein. Délaissés pendant toute la période de la Seconde Guerre Mondiale, ces monstres et autres créatures horrifiques vont faire leur retour dès la fin du conflit le plus meurtrier de l’histoire de l’Humanité. On le sait, le cinéma, même fantastique, est souvent – voir toujours – le simple reflet de la société réelle. Ainsi, la bombe atomique et tout l’imaginaire qui va se développer autour d’elle va devenir un vrai vivier pour le cinéma de genre. Du coup, les monstres imaginaires issus des romans fantastiques de la fin du XIXe siècle vont laisser place à des créatures issues de mutations ou d’expériences scientifiques ayant mal tourné. On assiste donc à la naissance du cinéma d’anticipation, la science-Fiction. Au Japon, seul pays ayant subi les atrocités et conséquences humaines et environnementales de la bombe atomique, c’est la naissance d’un autre genre du cinéma, le film de kaiju, et celle du plus célèbre de ses monstres : Godzilla !  Réalisé par Ishiro Honda en 1954, le premier Godzilla (qui a depuis été suivi par une trentaine d’autres itérations) est un énorme succès au Japon et est depuis devenu un film référence pour le genre monstrueux et fantastique et a fait naître un vrai culte autour du monde.

Autre studio référence dans la réalisation de films fantastiques – après Universal et RKO – la Hammer Film Productions basée au Royaume-Uni va permettre d’offrir un nouvel âge d’or au genre dans les années 50. Un renouveau plutôt contradictoire puisqu’il va tout simplement remettre au goût du jour le style qui avait fait connaître son premier essor au genre, celui des thèmes classiques issus de la littérature fantastique du XIXe siècle. Figure de proue de ce retour aux origines, le réalisateur Terrence Fisher remet Frankenstein et sa créature au goût du jour avec Frankenstein s’est échappé en 1957. Le studio va également révéler des acteurs depuis devenus légendaires. On pense forcément en premier lieu à Christopher Lee, révélé par son rôle du comte Dracula dans pas moins de 7 films produits par la Hammer entre 1957 et 1974 – les deux premiers ayant été réalisés par le fameux Terrence Fisher. Depuis, Lee s’est illustré dans de nombreux autres films du genre fantastique, et ce jusqu’à sa mort en 2015, comme Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête (Tim Burton, 1999), la deuxième trilogie Star Wars (George Lucas, 2002, 2005) ou encore Hugo Cabret (Martin Scorsese, 2011).

© Tous droits réservés

Puis, dans le courant des années 60-70, sous l’impulsion du maître Alfred Hitchcock, le cinéma fantastique va prendre un tournant beaucoup plus réaliste. C’est avec ses deux chefs-d’œuvres Psychose et Les Oiseaux en 1960 et 1963 respectivement que le réalisateur britannique amorce ce changement. D’autres après lui vont s’engouffrer dans la brèche qu’il a ouverte. Du Rosemary’s Baby (1968) de Roman Polanski à L’Exorciste (1973) de William Friedkin, Hitchcock peut en fait être considéré comme le père fondateur du cinéma d’épouvante “moderne”. Du cinéma d’épouvante au cinéma d’horreur, il n’y a qu’un pas. Et c’est cette direction que le cinéma fantastique va prendre à la fin des années 70 et dans le courant des années 80. Un cinéma d’horreur qui va donner naissance durant cette période à deux sous-genres : le cinéma gore et le slasher. Ce dernier va être à l’origine de nombreux films devenus cultes depuis : Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper en 1974 rapidement suivi par Halloween (John Carpenter, 1978) ou encore Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980). Dans le même temps, un autre genre de cinéma fantastique va connaître un essor et une popularité spectaculaire : le cinéma post-apocalyptique et d’anticipation. C’est le film La Planète des Singes de Franklin J. Schaffner sorti en 1968 qui va vraiment propulser ce genre sur le devant de la scène. Abordant des thèmes variés allant de l’exploration spatiale à la génétique en passant par la torture animale et l’expérimentation scientifique, le film mettant en vedette Charlton Heston va donner ses lettres de noblesse au genre. Il sera bien sûr suivi par de nombreuses autres réalisations similaires, notamment celles de John Carpenter ou la saga des Mad Max de George Miller et mettant en vedette Mel Gibson. Il fallait s’en douter, tant de succès ne pouvait pas passer inaperçu du côté des grands producteurs américains qui ont rapidement perçu un moyen de se faire beaucoup d’argent.

C’est la naissance des énormes blockbusters hollywoodiens. Associant des budgets faramineux encore jamais vus au cinéma à la révolution des effets spéciaux et à l’arrivée sur la scène de jeunes réalisateurs ambitieux et talentueux, ces blockbusters vont tout simplement révolutionner le cinéma dans son ensemble. De Steven Spielberg à George Lucas en passant par Tim Burton, Ridley Scott ou encore James Cameron, Hollywood va devenir le berceau du cinéma fantastique à gros budget et fournir au monde entier de nombreux blockbusters : Alien (Ridley Scott, 1979), La Guerre des Etoiles (George Lucas, 1977), Beetlejuice (Tim Burton, 1988) ou encore Terminator (James Cameron, 1984). Finalement, c’est ce cinéma à gros budget qui influence le plus encore aujourd’hui le cinéma fantastique. Qu’on le veuille ou non, le genre est largement dominé par les superproductions hollywoodiennes, en tout cas en termes de box-office et de recettes. Surtout, on peut se demander si le cinéma fantastique n’est pas en train de devenir la victime de son propre succès et de sa longue histoire. En effet, tous les plus grands thèmes, les plus grands sujets sociétaux et les plus cultes des créatures et personnages de la littérature ont déjà été traités à un moment ou un autre au cours de la longue histoire du genre au cinéma. Du coup, on assiste aujourd’hui à une multitude de reboots et autres remakes plus ou moins réussis et plus ou moins bien accueillis par le public et la critique. De Godzilla à King Kong en passant par La Planète des Singes, Mad Max, Alien ou encore La Momie (Karl Freund, 1932), tous les plus grands films et plus gros succès de l’histoire du cinéma fantastique font l’objet de nouvelles productions.

Grâce au livre Le Film Fantastique édité par Le Courrier du Livre, les amoureux du 7ème Art et de son histoire et plus particulièrement de celle du film de genre pourront en apprendre bien plus, et avec beaucoup de détails et de références. Le livre écrit par Christophe Chamclaux et Linda Tahir-Meriau traite en effet, à travers un choix judicieux de films, périodes et réalisateurs, de toutes les plus grandes heures de l’histoire du cinéma fantastique. On y parle donc du cinéma de monstres et d’horreur en parallèle d’une mini-biographie de Tim Burton, de sa carrière et de son influence indéniable sur le cours de l’histoire du cinéma de genre. Les fans de Beetlejuice, Batman et Johnny Depp en auront donc pour leur compte ! L’ouvrage propose de plus un sacré bonus : le DVD du film La Nuit des Morts Vivants (George A. Romero, 1968) ! Un bonus 5 étoiles quand l’on sait que le film est encore aujourd’hui considéré par beaucoup comme l’un des films les plus importants de l’histoire du cinéma. De par ses nombreux films de mort-vivants, faisant partie intégrale de la grande histoire du cinéma d’horreur, le réalisateur met en exergue les dérives de la société américaine. Les éditions du Courrier du Livre proposent ainsi au lecteur de redécouvrir son plus grand chef-d’œuvre mais aussi une interview exclusive de l’artiste. Autre grand réalisateur de films fantastiques – Le Pacte des loups (2001), Silent Hill (2006) et plus récemment l’adaptation en live action de La Belle et la Bête (2014) – le réalisateur français Christophe Gans est également à l’honneur à travers une interview très intéressante et à lire absolument pour les fans du réalisateur souvent mis à l’honneur pour la photographie ultra soignée de ses films. Enfin, chapitre peut-être le plus intéressant et enrichissant de ce très bel ouvrage, les images cultes du film fantastique proposent au lecteur de découvrir de magnifiques photos en noir et blanc ou en couleurs des plus grandes œuvres de l’histoire du cinéma de genre. Enrichies par des commentaires très informatifs, ces photos et autres affiches achèvent en beauté un ouvrage qui vaut le coup d’œil. Car la principale qualité de ce livre est son édition de manière générale. En effet, Le Film Fantastique bénéficie d’une esthétique soignée et travaillée et les commentaires des auteurs sont magnifiés par des illustrations – photos ou affiches de films – splendides qui plongent littéralement le lecteur au cœur du film fantastique. Un cadeau de noël immanquable pour tous les fans de cinéma !

 

 


A propos de Flavien Albarras

Un amour infini pour le cinéma de Kubrick, une passion perverse pour les super-héros en slip moulant, un intérêt certains pour le cinéma indépendant et une curiosité malsaine pour le cinéma d'horreur, on peut dire que les goûts de Flavien sont le reflet du pandémonium qui règne dans sa tête.


Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Commentaire sur “Historique du Film Fantastique