Wet Woman in the Wind 1


Deuxième film présenté à l’Etrange Festival appartenant à l’anthologie de la Nikkatsu visant à rendre hommage au roman porno – série de films à caractère érotique, assez libres dans leur forme ou les thèmes abordés, très populaire dans les années 1970 – Wet Woman in the Wind est une œuvre singulière et attachante dont on vous parle sur Fais Pas Genre en bon lubriques que nous sommes !

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Prends-moi si tu peux !

Bien qu’il soit une commande – au même titre que tous les romans pornos de cette anthologie dont Antiporno (Sono Sion – 2016), également projeté durant le festival – Wet Woman in the Wind est une œuvre dans la continuité du travail de Akihiko Shiota, le réalisateur de Moonlight Whispers (1999) et Harmful Insect (2001). On pourrait même se hasarder à penser que le film peut être un hommage de Shiota à son mentor Kiyoshi Kurosawa, réalisateur émérite de Cure (1997), Rétribution (2007) ou plus récemment Vers L’autre rive (2015) et dont le premier long-métrage Kandagawa Wars (1983) s’inscrit dans la même mouvance. Shiota nous narre l’histoire de Kosuke, un dramaturge qui vit depuis quelques temps en ermite, bien loin du tumulte de Tokyo. C’est alors qu’un jour, il fait la rencontre de Shiori, une jeune au caractère bien trempé qui s’éprend de notre protagoniste qui la rejette. Dès lors, la vie tranquille de Kosuke va être bouleversée par cette très belle femme qui a bien l’intention de coucher avec lui.

wet_woman_in_the_wind_still_h_2016Shiota donne à son film un côté absurde comme en témoigne la première rencontre assez atypique entre Kosuke et Shiori. Où la jeune femme fonce à vélo dans l’eau avant de remonter et se dénuder sans gêne devant un Kosuke profondément indifférent. Dès ces premières minutes, Shiota introduit de façon très efficace le conflit entre les deux personnages qui sera le moteur du film. En effet, l’appétit sexuel de Shiori va se heurter aux rejets d’un Kosuke qui ne pense qu’à être seul. Cette confrontation va alors prendre la forme d’un jeu où les personnages vont peu à peu déployer tous les moyens à leur disposition pour contrer les assauts de l’autre ou faire naître la jalousie. Shiota traite ses personnages avec intérêt et respect, recherchant l’émotion et la justesse des traits de caractère de chaque personnage plus qu’à magnifier les scènes de sexe présentes dans le cahier des charges au demeurant simples et attrayantes – et bien loin d’une vision pornographique comme on peut se le représenter en Occident, la nudité ainsi que la représentation explicite de la sexualité étant très réprimée au pays du Soleil Levant, on vous aura prévenu ! Shiori est un personnage à la vitalité et à la sexualité débordantes qui, à cause ou grâce aux nombreux rejets de Kosuke, va apprendre certaines choses sur elle-même ainsi que développer de nouveaux désirs. Kosuke va devoir accepter son passé d’homme à femmes et que la gente féminine a une forte ascendance sur sa personne. Sa volonté de s’isoler pour créer cache en fait ce questionnement qui le taraude jusqu’à l’arrivée de Shiori. Émotionnel, le film de Shiota est aussi très drôle avec des vrais moments de comédies parfois même durant des scènes érotiques – Shiori qui séduit un Kosuke en chaleur…Avant le l’assener de coups pour le faire partir – racontant l’histoire d’un homme qui, en voulant fuir ses pulsions, va se retrouver avec autre chose que le doigt dans l’engrenage créé par le jeu érotique engagé par Shiori jusqu’à un final explosif qui ne peut que satisfaire notre lubricité.

68ee8ee689b618b7e69b8a52db4cc6b63e564012Le propos de Wet Woman in the Wind est très libertaire, faisant la part belle à une galerie de personnages secondaires où des personnages féminins vont prendre conscience de leur force au contact de Shiori –incarnée par une Yuki Mamiya magistrale – tandis que les hommes sombrent littéralement dans leurs travers diverses – le patron de Shiori réclame l’exclusivité sur le corps de la jeune femme tout en essayant de récupérer sa femme, ou les personnages des acteurs, sosies de Kosuke, qui ne deviennent que des objets sexuels – toute tentative de s’affranchir est balayée. Sorte de Théorème (Pier Paolo Pasolini – 1968) au féminin, Wet Woman in the Wind est un film attachant et jamais vulgaire, porteur de l’héritage d’un genre cinématographique qui, même si’il est une œuvre de commande, reste libre aussi bien dans le fond que dans la forme.


A propos de Mathieu Pluquet

C'est après avoir découvert Le Voyage de Chihiro, Blade Runner et L'Exorciste que Mathieu se passionne pour le cinéma; depuis cette passion ne l'a pas quitté. Sinon il aime les comics, le café et est persuadé qu'un jour il volera dans le TARDIS et rencontrera le Docteur (et qu'il pourra lui piquer son tournevis sonique). Ses spécialités sont la filmographie de Guillermo Del Toro, les adaptations de comics et le cinéma de science-fiction.


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