Après plusieurs rumeurs quant à l’avenir de la franchise, la saga Men In Black revient avec un nouvel opus qui s’annonce plus comme un reboot. Malheureusement, le résultat – par manque évident de volonté – s’avère décevant.
Noir c’est noir (il n’y a plus d’espoir)
Difficile de ne pas parler de gâchis quand on pense à la saga Men In Black (1997-2019). Après un premier opus sorti en 1997 qui ouvrait un univers original en rendant triviaux des personnages iconiques du folklore conspirationniste, la saga a échoué à se renouveler avec un second opus (2002) qui trahissait non seulement le message du premier volet (à savoir la transmission) mais aussi tous les mécanismes mis en place par l’organisation pour conserver son anonymat. Si Men In Black 3 (Barry Sonnenfeld, 2012) tentait de sauver les meubles il n’apportait rien de nouveau à la franchise, si bien que celle-ci fut mise en pause par les producteurs. On a alors entendu diverses rumeurs au sujet de l’avenir de la saga, dont un crossover avec les films 21 jump street (Phil Lord & Chris Miller, 2012-2014) aussi incongru qu’inattendu. L’annonce finalement de ce Men In Black International (F. Gary Gray, 2019) spin-off de la saga originelle réalisé par le réalisateur de NWA : Straight Outta Compton (2015) et Fast and Furious 8 (2017) avait de quoi étonner. En effet, il s’agissait du premier épisode de la saga sans Will Smith ni Tommy Lee Jones, dont le duo culte rendait les deux derniers films si attrayants. De plus, le fait que l’action se déroule hors des États-Unis pouvait poser des problèmes pour adapter des personnages qui appartiennent typiquement au folklore américain.
Le film narre l’histoire de Molly. Vingt ans plus tôt, elle a vu ses parents se faire “neuralyser” par des Men In Black et décide de faire des recherches sur la fameuse organisation. En pénétrant dans leur quartier général, elle se fait repérer par l’agent O qui décide de lui donner une chance. Elle est alors envoyé comme stagiaire dans l’agence londonnienne. Elle y collabore avec l’agent H qui enquête sur un meurtre mystérieux lié à la ruche…L’un des défauts principal est clairement le manque d’originalité. En effet, alors qu’on aurait pu s’attendre à un traitement différent des Men In Black en fonction des pays le long-métrage nous resserre les mêmes poncifs vu dans les opus précédents de la saga. Bien que certains éléments de l’univers Men In Black sont immuables (le Neuralyzer, l’objet céleste….), on aurait aimé que le dernier épisode apporte des éléments nouveaux dans sa narration. Ce manque d’originalité rend le scénario beaucoup trop prévisible, surtout dans son épilogue qui clôt l’intrigue avec un Deus Ex Machina honteux.
Coté mise enscène, c’est le calme plat. Si le réalisateur F. Gary Gray nous avait démontré son talent de cinéaste dans l’excellent Straight Outta Compton (2015). Ici, il se contente du strict minimum ne proposant aucune fulgurance, aucune audace de découpage. Pourtant, il y avait plusieurs occasions de se montrer créatif notamment dans les séquences se déroulant à Marrakech ou à Gizeh…Il est fort possible que l’inertie de la mise en scène soit principalement contrainte par des problèmes de production et un cahier des charges étouffant. Ce qui permet toutefois (en parti) de sauver l’objet, c’est sa distribution. En effet, le métrage est porté par le duo Tessa Thompson et Chris Hemsworth. Bien qu’ils soient moins complémentaires que Will Smith et Tommy Lee Jones, les deux acteurs qui se sont déjà donné la réplique dans Thor : Ragnarok (Taïka Waititi, 2017) semblent s’amuser dans cet aventure : Chris Hemsworth campe un agent H surjouant le flegme anglais et Tessa Thompson excelle en novice. Cependant, cela ne permet pas de sauver cette nouvelle mouture qui était censée relancer la franchise. De quoi s’inquiéter pour la suite, s’il y en a une, puisque l’insuccès en salles à l’international pourrait de toute façon enterrer définitivement toute ré-invention du mythe des hommes en noir au cinéma.