The Society – Saison 1


Réécriture libre de Sa Majesté des Mouches, on vous parle de la énième série originale Netflix, The Society sortie le 10 mai dernier où des adolescents beaux et riches se retrouvent livrés à eux-mêmes. Ça fait rêver (ou pas) !

                                                          © Netflix

Teenage Dream

Les séries fantastiques où des adolescents doivent combattre le mal pour survivre ne manquent pas sur Netflix, au point même de frôler l’overdose. La première saison de The Society n’amène rien de bien nouveau au genre, si ce n’est que cette fois le mal est directement incarné dans les rapports humains. De retour d’un voyage scolaire avorté, des lycéens retrouvent leur ville complètement vide : plus de parents, plus de frères et sœurs, plus personne. Pire encore, plus d’internet ni de télévision. Reste le téléphone qui fonctionne seulement quand les adolescents s’appellent entre eux. Pratique, non ? La ville étant désormais entourée d’une immense forêt, les personnages sont donc bel et bien coincés. Si leur premier réflexe est de faire la fiesta en mode Projet X (Nima Nourizadeh, 2012) ils se rendent vite compte que des décisions collectives doivent être prises, notamment pour rationner la nourriture et instaurer un semblant d’ordre dans la nouvelle communauté. Seulement voilà, difficile de mettre tout le monde d’accord. Les tensions entre filles et garçons, beaux gosses et nerds, leaders et fidèles serviteurs se font ressentir dès le premier épisode, renforçant ainsi tous les clichés imaginables des personnages de séries américaines. The Society, c’est un peu comme si Gossip Girl rencontrait The Walking Dead mais sans les zombies. Trêve de plaisanterie, on est plutôt dans une réécriture très libre du roman Sa Majesté des Mouches de William Golding (1954), où des jeunes garçons se retrouvent seuls sur une île après un crash d’avion. Sauf qu’ici, ce sont les filles qui sont au pouvoir.

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D’abord refusée par la chaine américaine Showtime, la série de Christopher Keyser (également créateur de La Vie à cinq) atterrit finalement chez Netflix et recrute Marc Webb (500 jours ensemble, The Amazing Spider-Man) comme réalisateur et producteur exécutif. Fort d’un casting de jeunes actrices talentueuses comme Kathryn Newton (la série Big Little Lies, 2017-en production), Olivia Dejonge (The Visit de M. Shyamalan, 2015) ou Kristine Froseth (La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, 2018), la série trouve immédiatement son public et se voit renouvelée pour une seconde saison prévue en 2020. Il est indéniable que The Society peut satisfaire plusieurs publics : celui qui aime les belles gueules et les histoires de cœurs, ou celui qui préfère le survival en milieu hostile. En revanche, pour les spectateurs davantage attirés par la trame fantastique, la déception est lourde. Les mélodrames et questions existentielles en tous genres ralentissent, voire anéantissent, le mystère de la ville désertée. Intentionnel de la part des scénaristes ? C’est bien possible.

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Le premier épisode pose les bases de l’intrigue fantastique avec une inscription biblique mystérieuse « tu as été pesé dans la balance et tu as été trouvé léger », une mauvaise odeur inexplicable et un voyage scolaire qui tourne court. Et après ? Rien, ou presque. Quelques hypothèses par-ci par-là : les lycéens ont-ils été placés volontairement dans une réplique de la ville ? Sont-ils dans un univers parallèle ? Ont-ils été punis et sacrifiés par leurs propres parents ? Le peu d’intérêt porté à ces questions ressort peut-être d’une stratégie pour faire durer le suspense et justifier une deuxième saison, ou d’un choix délibéré d’axer la série sur des questions sociales et politiques telles que la démocratie, la peine de mort, l’abus de pouvoir, etc. Si ces questions quasi-philosophiques ont tout leur sens dans un contexte de survie en communauté, en particulier une communauté d’adolescents qui n’ont jamais eu à réfléchir à de telles interrogations, le tout finit quand même par sonner faux. The Society ne parvient pas à trouver un équilibre entre le superficiel des histoires d’ados et la gravité de la situation dans laquelle ils se trouvent. Les épisodes s’enchainent de manière très inégale et incohérente, sautant d’une intrigue secondaire à une autre, la faute peut-être à trop de personnages. Heureusement que les trois derniers épisodes sauvent un peu la mise, je n’en dirai pas plus. Inutile également de tergiverser sur les serments religieux et autres discours moralisateurs qui pullulent dans toute la série, ni même de lancer un débat sur les origines sociales hyper-privilégiées de tous les personnages, on est dans une série américaine, on ne va pas s’en étonner. Au final, The Society est à la fois une soupe pour adolescents et un drame social efficace sur une toile de fond fantastique qui aurait quand même mérité une plus grande place.


A propos de Emma Ben Hadj

Étudiante de doctorat et enseignante à l’université de Pittsburgh, Emma commence actuellement l’écriture de sa thèse sur l’industrie des films d’horreur en France. Étrangement fascinée par les femmes cannibales au cinéma, elle n’a pourtant aucune intention de reproduire ces méfaits dans la vraie vie. Enfin, il ne faut jamais dire jamais.

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