Clown


Alors qu’il était inédit jusque là en France, Wild Bunch propose de découvrir le premier film de Jon Watts, réalisateur du très sympathique Cop Car (2015) et dernière recrue des studios Marvel avec le futur Spider-Man: Homecoming (2017). À travers une fable sombre et horrifique, Clown (2014) revisite la mythique figure clownesque qui hante de temps à autres le cinéma d’horreur, entre film de malédiction et de monstre.

J’ai un gros nez rouge, et j’bouffe des enfants

Jon Watts a réussi en quelques années à peine à s’imposer comme un réalisateur prometteur, s’essayant à des genres divers et variés. C’est par un habile tour de passe-passe, couillu mais non moins ingénieux, que Watts est arrivé jusqu’à nos salles obscures. En 2012, il poste sur YouTube la fausse bande-annonce d’un film à venir, produit entre autres par Lions Gate, présenté comme réalisé par « le Maître de l’horreur Eli Roth ». La bande-annonce fait le buzz et attire ainsi plus d’un million de clics, dont celui d’Eli Roth lui-même. Roth, convaincu par le projet et l’audace de Watts, lui propose de produire ce qui deviendra en 2014 le film Clown. On serait presque tenté de faire la même chose, si jamais Spielberg passait par là…

Clown suit les mésaventures de Kent, un agent immobilier qui, pour célébrer l’anniversaire de son jeune fils, décide de se déguiser en clown. Par (mal)chance, il trouve dans la cave d’une maison en rénovation dont il a la charge un costume qu’il enfile aussitôt. Kent découvre dès le lendemain qu’il ne peut plus l’enlever, le costume semblant comme fusionner avec son porteur, dont le comportement change de jour en jour… Menant sa petite enquête, il apprend que le costume (indestructible bien entendu) transforme progressivement tous ceux qui le portent en une créature du folklore nordique, un clown monstrueux et mangeur d’enfants. Le tout premier film de Jon Watts aurait pu être un petit bijoux d’horreur, à l’image de l’excellent Krampus (Michael Dougherty, 2015), s’il n’avait pas été truffé d’incohérences scénaristiques et de maladresses qui se transforment très rapidement en clichés. L’histoire se déroule d’une manière somme toute très classique, avec des personnages vus et revus, sans vraiment de charme, allant de l’épouse dévouée pas très maligne au vieux type survivant de la malédiction. Et parlons-en de cette soi-disante malédiction, prétendue impossible à briser ! Bien entendu, il existe quand même une solution, très couillonne d’ailleurs : il suffit de dévorer cinq enfants. Sauf que si l’on suit la logique du film où la victime finit par devenir la créature cannibale et affamée redoutée, Kent finira inévitablement par les bouffer ces gosses, et ainsi se défaire automatiquement de la malédiction. Le final a ainsi l’effet d’un pétard mouillé, avec une fin ouverte encore une fois très clichée, qui nous laissera nous-mêmes sur notre faim.

Pourtant, Clown regorge de petites idées brillantes dans sa mise en scène et l’élaboration de sa créature, sauvant ainsi le film du désastre. On retiendra quelques scènes bien pensées et efficaces, comme celle où le clown monstrueux piège ses victimes dans une aire de jeu labyrinthique. La figure du clown, bien que finalement pauvrement exploitée, donne lieu à la création d’un monstre bien pensé, effrayant dans son apparence finale, grâce à un maquillage très efficace. Autre élément en faveur du film : Clown est très généreux dans l’horreur, qui s’axe principalement autour de meurtres d’enfants plus ou moins trashs. Un pari audacieux quand on sait que peu de réalisateurs osent montrer la mort enfantine de manière explicite. Pas de quartier pour les bambins qui finissent dévorés, démembrés, trucidés, sans aucune retenue devant la caméra de Watts. La mise en scène du réalisateur, travaillée et réussie, vient repêcher un casting moyen qui, à l’exception de l’acteur principal Andy Powers, nous laisse totalement indifférents. Néanmoins le film ne perd pas de temps, et tient un rythme très efficace soutenu par de nombreux rebondissements, qui feront de Clown un bon choix pour le film pop-corn entre potes du samedi soir, pas vraiment innovant, mais intéressant dans son traitement.

Clown se démarquera des habituels psychopathes déguisés à la sauce 31 (Rob Zombie, 2016) et autres monstres pour se présenter comme un bon divertissement, mais dont il ne faut attendre rien de plus. On conseillera aux novices de se tourner vers des classiques comme Ça (Tommy Lee Wallace, 1990) ou vers le délirant Stitches (Connor McMahon, 2012). En bonus de cette édition vidéo, on trouvera un making-of de cinq minutes bien trop court et finalement peu approfondi, ainsi que la fameuse bande-annonce qui a permis la découverte et le succès actuel de Jon Watts. Cette édition de Clown reste un bon compromis pour faire patienter les amoureux du genre, en attendant le très prometteur remake de Ça réalisé par Andrés Muschietti.


A propos de Jade Vincent

Jeune sorcière attendant toujours sa lettre de Poudlard, Jade se contente pour le moment de la magie du cinéma. Fan absolue de Jurassic Park, Robin Williams et Sono Sion, elle espère pouvoir un jour apporter sa pierre à l'édifice du septième art en tant que scénariste. Les rumeurs prétendent qu'elle voue un culte non assumé aux found-footages, mais chut... Ses spécialités sont le cinéma japonais et asiatique en général.

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