Gérardmer 2015 : une programmation d’enfer


A ce moment de l’année, le monde se divise en deux catégories : ceux qui commentent les nominations des Oscars, et ceux qui trépignent en attendant la programmation du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer. Vous vous doutez bien qu’ici, on fait partie de la seconde catégorie, et ce n’est pas sans jubilation et sans un plaisir incommensurable qu’une fois de plus, Intervista vous présente la programmation officielle complète de cette vingt-deuxième édition de Fantastic’Arts, qui s’annonce très riche et très bonne.

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Est-ce que la programmation sera exceptionnelle ? Est-ce que le cinéma de genre saura affirmer qu’il a toujours la même verve ? Est-ce que David Rault va finir par se mettre – enfin – à poil ? Autant de questions que tout habitué du Festival de Gérardmer se pose depuis… vingt-deux ans maintenant. Mais soyons réalistes : avec tout l’amour que notre équipe porte à ce festival, cela fait déjà quelques années que la programmation perd en punch, en fun et en grands films qui marquent et qui peuvent continuer à affirmer que le cinéma fantastique et d’horreur reste un genre majeur du septième art, malgré une réputation tâchée par un grand nombre de conneries innommables qui sortent le long de l’année sur nos écrans, à tel point que l’on espère plus que James Wan sorte un film par mois histoire de relever le niveau. Mais Gérardmer, qui s’est rapidement installée comme une institution et que les années n’ont pu que conforter dans ce sens, reste le haut lieu du cinéma de genre en France, celui où l’on découvre, où l’on dévore, où l’on s’amuse aussi, bref, the place to be à chaque fin du mois de janvier. Etonnamment, les deux grands festivals de cinéma de la région Lorraine – Gérardmer et le Festival du Film Italien de Villerupt, pour les deux du fond – proposent depuis quelques années des programmations qui font débat, qui divisent beaucoup. Mais la dernière édition du Festival de Villerupt, qui s’est tenue en novembre dernier, s’est révélée être l’une des meilleures de son histoire, affirmons-le sans crainte, et le vingt-deuxième Festival de Gérardmer semble suivre le même chemin, avec une programmation très excitante.

La programmation 2015 comprendra donc trente-six longs métrages dont dix en compétition, ces derniers étant soumis au regard du jury officiel qui sera présidé par Christophe Gans, entouré de Marie Kremer – la légendaire Fabienne de Dikkenek –, Christa Théret, et toute la team Aja : le réalisateur, qui a souvent foulé le sol enneigé (ou le béton mouillé, selon les années) de Gérardmer, notamment en 2011 où il était déjà membre du jury longs sous la présidence de maître Dario, reviendra, accompagné de son frangin de cinéma Grégory Levasseur, d’Alysson Paradis, de Rob et de Franck Khalfoun. Dans les dix films de la sélection, quatre seront des premiers films, parmi lesquels le très attendu Ex Machina, dans lequel on retrouvera Domnhall Gleeson et Oscar Isaac. D’autres films ont déjà fait parler d’eux et/ou font saliver : It Follows ou The Signal, par exemple, qui depuis quelques mois, ont de très bons retours d’un peu partout dans le monde, ou The Voices, le nouveau film de Marjane Satrapi, avec Ryan Reynolds, Gemma Arterton et Anna Kendrick.

Du côté de la sélection hors-compet’, on retrouve également de très bons films qui feront le bonheur des festivaliers comme le film collectif The ABCs of Death 2, le nouveau Kevin Smith, Tusk, le documentaire survolté Electric Boogaloo, mais il ne fait aucun doute que deux des plus grandes attentes de toute cette édition seront le nouveau film des Wachowski, Jupiter Ascending, qui comme son grand frère (ou sa grande sœur, avec les Wachowski, on ne sait plus trop…) Cloud Atlas, sera présenté en première française pendant le festival, quelques jours avant sa sortie nationale, ainsi que Réalité, le petit dernier de Quentin Dupieux, dont le simple nom provoque une excitation automatique mâtinée d’hystérie chez nos rédacteurs.

Mais Gérardmer, ce n’est pas seulement s’impatienter sur tout film qui pourrait provoquer le moindre sentiment exacerbé de quoi que ce soit, non non. Parce que Gérardmer, ce n’est pas seulement du cinéma en salles, et comme tous les ans, des expositions et des tables rondes sont organisées. Cette année, c’est un grand – peut-être le plus grand – nom du fantastique qui sera mis en avant, celui de la Hammer. Un nom qui a une résonnance toute particulière dans nos pages puisque nous portons nous-mêmes un intérêt tout particulier au cinéma de genre venu de la mère Britannia et que nous avons déjà longuement parlé du renouveau de la Hammer, qui continuera cette année à Gérardmer avec la projection, hors-compétition, des Ames silencieuses, leur avant-dernière production, que les festivaliers pourront découvrir alors même que La dame en noir 2 – l’ange de la mort sera projeté dans les salles obscures partout en France. Mais la Hammer sera également mise à l’honneur à l’occasion d’une exposition intitulée Dans les griffes de la Hammer, reprenant le titre du très beau livre du spécialiste Nicolas Stanzick sorti il y a quelques années, de la séance spéciale des Trailers de la peur, et d’une rencontre autour du même thème, animée justement par Nicolas Stanzick, entouré de Christophe Gans, Vincent Lowy et Christophe Lemaire, une présence indispensable lorsqu’on aborde le bis.

En plus des événements organisés autour du thème de la Hammer, le Festival reprend ses habituelles rencontres de la littérature fantastique, le Grimoire et son Espace fantastique, une exposition sur la bande dessinée autour de l’artiste Julien Telo, quatre expositions d’arts plastiques, des ateliers réservés à la jeunesse, et, bien sûr, l’habituelle zombie walk. Pour la première fois, un autre événement risque d’intéresser les festivaliers les plus avides de cinéma : les 24h des réalisations, qui se dérouleront entre le samedi 31 janvier et le dimanche 1er février, et qui permettront aux plus inventifs, aux plus aguerris et aux plus courageux d’écrire, réaliser et monter un court métrage en vingt-quatre heures ; les gagnants du concours auront même l’honneur de participer à l’édition nationale de ce même événement, qui se déroulera à partir du 27 février à Paris. Enfin, pour conclure en se rapprochant plus du festival lui-même, cette édition rendra un hommage à Robert Rodriguez en sa présence, et trois films projetés : Sin City 2, Machete Kills et Spy Kids 3… En espérant que vous avez poussé un « NOOOOOON ! » de désespoir, sachez que les trois films de Rodriguez qui seront présentés sont les cultes Une nuit en enfer, The Faculty et Sin City. A ce point-là, Jonathan Liebesman peut être nommé à l’Oscar du meilleur réalisateur pour Ninja Turtles, on s’en foutrait complètement, alors on se fait le plaisir de retourner à Gérardmer en 2015 pour se ruer sur cette sélection immanquable !

Jury longs métrages : Christophe Gans (président), Alexandre Aja, Grégory Levasseur, Franck Khalfoun, Rob, Alysson Paradis, Marie Kremer, Christa Théret.

Jury courts métrages : Bruno Wolkowitch (président), Lola Dewaere, Maud Jurez, Jérôme Niel, Lilly Wood & the Prick.

Compétition officielle – longs métrages

Cub de Jonas Govaerts (Belgique)

Ex Machina d’Alex Garland (Royaume-Uni/France)

Goodnight Mommy de Veronika Franz & Severin Fiala (Autriche)

Honeymoon de Leigh Janiak (Etats-Unis)

It Follows de David Robert Mitchell (Etats-Unis)

Jamie Marks is Dead de Carter Smith (Etats-Unis)

The Man in the Orange Jacket d’Aik Karapetian (Lettonie/Estonie)

The Signal de William Eubank (Etats-Unis)

The Voices de Marjane Satrapi (Etats-Unis)

These Final Hours de Zak Hilditch (Australie)

Hors-compétition

The ABCs of Death 2, film collectif (Etats-Unis)

At the Devil’s Door de Nicolas McCarthy (Etats-Unis)

Electric Boogaloo de Mark Hartley (Australie)

Exists d’Eduardo Sanchez (Etats-Unis)

Jupiter – Le destin de l’univers d’Andy & Lana Wachowski (Etats-Unis)

La légende de Viy d’Oleg Stepchenko (Russie)

Le projet Atticus de Chris Sparling (Etats-Unis)

Les âmes silencieuses de John Pogue (Royaume-Uni/Etats-Unis)

Les nouveaux héros de Don Hall & Chris Williams (Etats-Unis)

Monsterz d’Hideo Nakata (Japon)

Ouija de Stiles White (Etats-Unis)

Out of the Dark de Lluis Quilez (Etats-Unis/Colombie/Espagne)

Réalité de Quentin Dupieux (France)

The Mirror de Mike Flanagan (Etats-Unis)

The Pool de Chris W. Mitchell (Etats-Unis)

Tusk de Kevin Smith (Etats-Unis)

What We Do in the Shadows de Taika Waititi & Jermaine Clement (Nouvelle-Zélande)

La nuit décalée : Bon appétit !

American Burger de Johan Bromander & Bonita Drake (Suède)

Eat de Jimmy Weber (Etats-Unis)

Zombeavers de Jordan Rubin (Etats-Unis)

Compétition officielle – courts métrages

L’art du geste d’Ivan Radkine (France)

Habana d’Edouard Salier (France)

Puzzle de Rémy Rondeau (France)

Rien ne peut t’arrêter de David Hourrègue (France)

Shadow de Lorenzo Recio (France)

Hommage à Robert Rodriguez

Une nuit en enfer (Etats-Unis)

The Faculty (Etats-Unis)

Sin City (co-réalisé avec Frank Miller & Quentin Tarantino) (Etats-Unis)

Hommage à Christophe Gans

Crying Freeman (France)

Le Pacte des Loups (France)

Silent Hill (France/Canada)

Valentin Maniglia


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.

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