Insidious : Chapitre 2


Deux ans après Insidious, premier du nom, et quelques semaines à peine après la sortie de Conjuring, l’inépuisable James Wan rempile pour réaliser, pour la première fois, une suite à l’un de ses propres films. Patrick Wilson et Leigh Whannell sont bien évidemment toujours de la partie, mais le film était attendu non sans craintes. Nous avons chroniqué pour vous le Blu-Ray sorti ces jours-ci chez Sony.

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Le retour de Josh Lambert

Cette suite reprend là où le premier film s’était arrêté : Josh, sous l’emprise d’une force surnaturelle malveillante, a assassiné Elise après que cette dernière l’ait pris en photo. Il est alors soupçonné du meurtre par la police, alors qu’il part vivre avec Renai, Dalton et Foster chez Lorraine, sa mère. Mais même malgré cela, les esprits semblent ne pas les avoir lâchés : ils vont devoir, à nouveau, déjouer le secret qui les lie au royaume des ténèbres.

Insidious et Conjuring, c’est un peu James Wan au sommet de son art, on en a déjà largement parlé dans des articles concernant chacun de ces deux films. Insidious 2 a permis au cinéaste australo-malaysien de se lancer pour la première fois dans la réalisation d’une suite à l’un de ses propres films (chose qui aurait peut-être, à une époque, empêché Saw II, III, IV, V, VI, VII – ce dernier ayant même été converti en III-D – et… bientôt VIII ?), mais surtout de retrouver toute sa troupe, Leigh Whannell toujours présent au scénario et Patrick Wilson, devenu à force tellement indissociable de James Wan qu’on se demande si Paul Walker n’est pas mort exprès pour qu’il le remplace dans Fast & Furious 7. Le projet Insidious 2 semble donc être alléchant, mais aussi inquiétant lorsqu’on se demande s’il était vraiment nécessaire de donner une suite à un film d’une virtuosité telle que le premier volet, d’autant que cette suite n’est sortie en salles que quelques semaines après Conjuring, déjà un film de fantômes signé James insidious2-2Wan et avec Patrick Wilson.

Jason Blum ne s’arrêtera jamais : avec près de dix films produits en 2013 (et une bonne vingtaine de films en production, pré et post-production d’ici à 2015), il est LE grand représentant du nouveau cinéma de genre américain, et le seul représentant aussi médiatisé du cinéma de genre à Hollywood. Lui qui, en 2013, a pu se payer des noms comme Barry Levinson, Rob Zombie, Joe Johnston ou John Hillcoat, nous propose un retour très rapide de James Wan derrière la caméra (après un petit passage de ce dernier, furtif mais remarqué, chez Warner). Et quand on laisse James Wan derrière une caméra, vous savez ce que ça donne ; il signe pour la première fois une suite, et il valait mieux ne pas la louper, celle-ci. Contrat rempli pour le cinéaste, qui rempile avec la même équipe technique et artistique, et qui, au lieu de réitérer ce qu’il avait déjà fait dans ses deux derniers films, évolue, doucement mais sûrement. Si la photographie – et, par extension, l’ambiance – de Conjuring rappelait les classiques du cinéma d’horreur hollywoodien, de Robert Wise à Hitchcock, celle d’Insidious 2 se trouve être bien plus proche d’Argento, et rappelle même au détour de certains plans son précédent Dead Silence, qui utilisait lui aussi comme références visuelles le giallo de tonton Dario au même titre que le gothique de Bava. Insidious 2, dans sa technique visuelle, reste très fidèle au premier volet, mais il se permet de s’éloigner sporadiquement des teintes fades prédominantes (celles qui hantaient le chapitre 1), le temps de quelques détails, quelques inserts, parfois même quelques scènes, dans lesquels on retrouve le travail sur les contrastes de couleurs propres aux maîtres du giallo, donnant ainsi au film une ambiance plus mouvementée et plus stimulante que celle d’Insidious. Au niveau sonore aussi, exit le morceau flippant au ukulélé que le film a rendu culte, place à un soundtrack entièrement original, encore une fois composé par Joseph Bishara, qui rappelle parfois vaguement telle ou telle béo de Nicolai, sûrement entendue chez Sergio Martino.

L’homme de la situation, c’est bien sûr le petit Leigh Whannell, toujours aussi doué pour le scénario que moi je ne le suis pas pour faire du sport. Il prend à contrepied le principe de base du sequel pour réinventer, avec sa suite, le premier film : Josh est coincé dans le Lointain, le monde des ténèbres, et plus il y passe de temps, plus son enveloppe charnelle reste « vide », plus elle s’affaiblit et est donc convoitée par les esprits malveillants. Dans les ténèbres, il essaie alors de mettre hors d’état de nuire cette force en creusant dans son propre passé. La séquence d’ouverture du film est un flashback de Josh enfant, séquence qui trouvera tout son insidious2-3sens plus tard dans le film, mais il est important de souligner qu’il s’agit du seul flashback du film, selon une définition académique du terme. Whannell amène ensuite les allers/retours dans les autres temporalités d’une manière originale : en les inscrivant dans l’errance à l’intérieur du Lointain, une idée postérieure à l’écriture (et à la sortie) du premier film, mais qui fonctionne très bien. Le script noue les deux films avec quelques moments de bravoure scénaristique et de trouvailles remarquables que l’on aimerait voir plus souvent.

Enfin, c’est un vrai plaisir de retrouver l’équipe d’acteurs au grand complet. Ils reviennent en force, Patrick Wilson est excellent en personnage mi-homme mi-démon (le maquillage jouant aussi pour beaucoup, c’est vrai), Rose Byrne fait très bien le boulot, comme d’habitude, tout comme Barbara Hershey et Lin Shaye. On remarquera, bien plus pour ce film que dans le précédent volet, les prestations des deux enfants, Ty Simpkins et Andrew Astor, et surtout du duo Leigh Whannell/Angus Sampson, qui abandonnent un peu leur dégaine de ghostbusters de bas étage pour se renouveler dans les attitudes, dans les gags et dans les gadgets.

Sorti le 5 février dernier, le Blu-Ray d’Insidious : Chapitre 2 peut se targuer d’être plutôt bien fourni. L’image est impeccable et rend hommage au travail minutieux que James Wan a exercé sur les décors, les maquillages, les couleurs et les détails. Coupez le son, et vous aurez droit à un excellent spectacle visuel. Montez le son, et vous aurez bien sûr l’occasion de sursauter sur votre fauteuil, car ce côté-là non plus n’a pas été négligé : les violons stridents, les jump scares furtifs, bref, la dynamique sonore de la peur fonctionne même si l’on a déjà vu le film. Seul petit reproche pour le master audio : si la VO est irréprochable, les dialogues sont un peu trop étouffés dans la VF… Pour ce qui est des bonus, la galette offre plusieurs : un making of (15’) qui survole peut-être un peu le tournage mais qui n’en est pas moins riche en informations sur le film, un journal vidéo de Leigh Whannell (8’) qui se fait un complément du bonus précédemment cité, un module sur les lieux du tournage (10’), et particulièrement l’hôpital Linda Vista, réputé pour être réellement hanté, que l’on découvre avec de jeunes passionnés d’histoires paranormales, un module sur le maquillage des fantômes (7’), intéressant mais manquant un peu de consistance, et enfin, les deux bonus les plus réjouissants, un entretien sur le set (24’) avec toute l’équipe du film qui répond aux nombreuses questions avec précision, joie et humour et un court métrage en trois parties (12’) qui se trouve être un spin-off sur les deux personnages interprétés par Leigh Whannell et Angus Sampson. Au final, l’ensemble des bonus est très correct, mais leur contenu laisse souvent sur la faim, pour un Blu-Ray qui se révèle dans sa globalité très satisfaisant.


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.

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