Cela peut sembler opportuniste, chercheur de clics, et pourtant, voilà plusieurs mois déjà que nous explorons dans l’ombre la filmographie récente de Will Smith, avec comme angle d’analyse sa prédisposition nouvelle à redéfinir son image publique comme de cinéma par des choix de rôles de plus en plus tournés vers des figures paternalistes et protectrices. Ce texte, pas encore achevé, s’est vu percuté en pleine face le soir du 28 Mars, quand l’acteur est venu ternir sa consécration d’une malheureuse et désormais mythique claque. Pourtant, force est de constater que du geste inattendu de l’acteur jusqu’au discours lacrymal qu’il a prononcé en forme de pardon murmuré, tout remettait de l’eau à notre moulin.
Family Business
S’attaquer à une analyse de la carrière d’un acteur nécessite naturellement de revisiter son passé. Dans le cas de Will Smith, c’est d’autant plus intéressant qu’elle est composite. Bien qu’il ne soit pas le seul de son espèce – on le classerait peut-être dans une famille d’acteurs contemporains où se côtoieraient par exemple Mark Wahlberg et Dwayne Johnson – Smith fait partie de ces rares spécimens à avoir connu le succès sur plusieurs strates du grand divertissement américain. Il atteignit certainement le premier summum de sa popularité avec l’incontournable sitcom Le Prince de Bel-Air (1990-1996) qui l’imposa comme une star montante – dans le registre très précis de l’humour noir-américain – jusqu’à l’envisager comme l’héritier tout désigné de son idole Eddie Murphy. Néanmoins, le succès de la série et de son mythique générique rappé mit surtout à nouveau dans la lumière une autre facette, plus ancienne, de l’activité artistique de Will Smith qui opérait déjà depuis 1987 dans le milieu encore assez confidentiel du hip-hop américain. L’acteur était déjà bien connu des amateurs de musique urbaine, sous le nom de scène de The Fresh Prince, formant un groupe avec un certain DJ Jazzy Jeff dont le premier album avait même été auréolé d’un Grammy Award en 1988. Porté par le succès public des six saisons de sa série, Smith va rapidement devenir la petite coqueluche des studios hollywoodiens. Après quelques apparitions dans des films assez confidentiels sous forme de banc d’essai entre 1992 et 1993, la Will Smith mania va déferler sur les grands écrans du monde entier avec le succès intercontinental de Bad Boys de Michael Bay (1995) qui capitalise sur l’image de l’acteur – semi-ghetto, semi-humoristique. Les années suivantes, Will Smith s’imposera comme l’un des comédiens les plus bankables de sa génération, enchaînant des blockbusters à succès tels que Independance Day (Roland Emmerich, 1996) et Men in Black (Barry Sonnenfeld, 1997). Son style inimitable se façonne quasiment toujours sur un double registre : un appétit pour l’actionner burné déplacé par un sens de l’humour décalé, presque toujours volontairement avide d’autodérision.
Sans jamais vraiment abandonner ce registre dans la décennie 2000 – le retour aux suites avec Bad Boys 2 (Michael Bay, 2003) et Men in Black 2 (Barry Sonnenfeld, 2001) en témoigne – Smith va entamer une première mutation au sein de sa filmographie au contact de rôles performatifs et plus dramatiques dont le biopic Ali de Michael Mann (2001), pour lequel il fut nommé une première fois aux Oscars, est certainement l’illustration la plus évidente. La consécration du sceau « dramatique » si précieux à Hollywood pour les acteurs dits « comiques », ainsi acquise, de même que son emprise quasi-indéboulonnable sur le box-office américain comme international – seule ombre au tableau, l’insuccès de Wild Wild West (Barry Sonnenfeld, 1999) – consolidèrent l’acteur dans cette réinvention de sa propre image, profitant de cette puissance vis-à-vis des studios pour rejoindre le club très fermé de ces comédiens en capacité d’avoir un droit de regard sur les films, leurs scénarios, et même leur nom crédité à la production. Dans cette période post-Ali, Will Smith va alors enchevêtrer ses deux personnalités d’acteurs. Prendre à bras le corps, d’une part, sa nouvelle carrure dramatique et l’accoquiner à sa partition maintes fois éprouvée du héros de film d’action – on pense à I, Robot (Alex Proyas, 2004) ou Je suis une Légende (Francis Lawrence, 2007) – et d’autre part, continuer à s’amuser de sa gouaille comique inimitable en la transfusant dans des comédies familiales spectaculaires – l’étonnant Hancock (Peter Berg, 2008) – voire dans le carré balisé de la comédie romantique – Hitch, expert en séduction (Andy Tennant, 2005).
Néanmoins, et c’est bien là que commence véritablement notre exposé, cette décennie est aussi celle qui voit émerger une autre facette du personnage fictif et public qu’incarne Will Smith à la vie comme à l’écran : celle d’un acteur qui souhaite s’éloigner de son image « hip-hop » souvent injustement amalgamée, pour revendiquer autour de lui un cercle familial serein et une aura de père modèle. Ses deux derniers enfants – il a un fils, Trey, d’un premier mariage rapidement écourté – que sont Jaden Christopher Syre Smith et Willow Camille Reign Smith sont respectivement nés en 1998 et en 2000 de son union avec la non-moins célèbre Jada Pinkett Smith, dont on a beaucoup entendu parler ces derniers jours. Si cette dernière est relativement moins connue que son mari à l’International, elle dispose d’une certaine renommée dans son pays, en tant que chanteuse et actrice, et bien sûr, de part sa relation avec l’un des acteurs les plus célèbres des États-Unis. Replacer le contexte familial de Will Smith et le baliser de dates clés offre un éclairage intéressant sur la façon dont ce dernier a volontairement orienté ses choix de films en fonction de sa nouvelle image publique. Cela débute avec A la recherche du Bonheur (Gabriele Muccino, 2006) dans lequel l’acteur incarne un père qui peine à maintenir sa famille, essoufflée par la précarité. Quitté par sa femme, il se retrouve avec son fils Christopher, alors âgé de cinq ans, et doit s’affirmer en père-courage pour redresser l’échine et rendre fier son enfant. Couvert de bon sentiment, le long-métrage a ceci de particulier que Will Smith joue pour la première fois à l’écran avec son propre fils, Jaden. On a souvent lu que l’acteur a fait des pieds et des mains et usé de son pouvoir sur les studios pour imposer l’intronisation à l’écran de son Syre de fils. L’Intéressé s’en défend et à toujours expliqué que c’était une demande exclusive du cinéaste. Porté par cette histoire familiale parallèle au film lui-même, extrêmement vendeuse, le long-métrage permet à Will Smith d’être une deuxième fois nommé à l’Oscar du Meilleur Acteur, sans le remporter à nouveau. Un an plus tard, c’est la petite Willow qui débute son Reign sur l’industrie, placée par papa pour incarner « la fille de son père » dans Je suis une Légende (2007). Enfin, il retrouve Gabriele Muccino pour lisser encore plus son image de good-guy , bon chic bon genre, défenseur de la veuve et de l’orphelin, dans le mélodrame Sept Vies (2008). Il y incarne un homme cherchant la rédemption après avoir provoquer un accident de voiture mortel. Il va alors se mettre en tête de changer la vie de sept personnes inconnues, mais cela se complique quand il s’amourache d’une femme condamnée par la maladie. Née alors à l’écran une autre facette de Will Smith, tout aussi travaillée « à la ville », celle d’un homme dédié aux autres, engagé dans la défense de sa communauté, et toujours plus recentré autour du noyau familial dont le nom est toujours associé directement à toutes ces bonnes œuvres. A l’image aujourd’hui de ce que peut-être la famille Kardashian, le clan Smith s’impose alors comme une famille « qui pèse » sur l’Amérique, une industrie familiale bien huilée.
Cette hégémonie sur Hollywood permet à l’acteur d’obtenir à peu prêt tout ce qu’il souhaite pour ses enfants comme pour sa compagne dont la carrière d’actrice va aussi bénéficier du soutien de son mari en coulisse. Ils partagent notamment l’affiche dans Ali (Michael Mann, 2001) ou en musique sur le single 1000 Kisses qui la lance en chanson. Elle réalise un documentaire consacré à son conjoint The Will Smith Music Video Collection et prend à son tour le pli d’une carrière de productrice influente. Son activité de production va principalement se cantonner à faire tourner ses enfants et son mari, si possible ensemble. Elle est notamment productrice exécutive du remake de Karaté Kid (Harald Zwart, 2010) qui met en scène Jaden aux côtés de Jackie Chan puis œuvre en tant que productrice principale du film de science-fiction After Earth (2013), second rassemblement père-fils à l’écran. Il est primordial et nécessaire de s’appesantir un peu plus longuement sur ce cas très particulier. La réalisation du film est confiée à M. Night Shyamalan, réalisateur adulé à Hollywood au début des années 2000 mais qui subit alors une certaine traversée du désert après l’insuccès critique et public du pourtant intéressant Le Dernier Maître de l’Air (2010). Pour le cinéaste, After Earth est clairement un film de commande, le seul de ses projets dont il n’a pas écrit le scénario – bien que naturellement, il y ait apporté quelques petites modifications – puisque c’est Will Smith lui-même qui est à la genèse de celui-ci, et c’est la boîte de production des Smith – Overbrook Entertainment – qui le finance en grande partie. Will et Jaden y incarnent un père et son fils qui se crashent sur Terre, mille ans après qu’elle ait été abandonnée par l’humanité. Le long-métrage prend des allures de grand pensum philosophique et créationniste, doublé d’un récit d’initiation masculiniste. S’il est mal accueilli partout, aux Etats-Unis plus qu’en France il est très vite affilié à une idéologie très en vogue à Hollywood, considérée par de nombreux pays comme une secte : la Scientologie.
C’est un ancien imminent membre de la secte, Marc Headley, qui publie pour la première fois, dans les colonnes du Hollywood Reporter, une vaste étude sémantique du film en mettant en avant les fortes similitudes narratives, symboliques et philosophiques que le scénario entretient avec l’œuvre matrice de la pensée scientologue théorisée par son gourou-romancier L. Ron Hubbard : le fameux Dianétique, la Thèse Originelle. L’ensemble du message d’After Earth tient autour du concept qu’un Homme le devient vraiment quand il travaille à chasser ses peurs, à s’en purger. Au cœur du récit, le personnage du père enseigne à son fils que « le danger est réel, mais la peur est un choix » répétant à sa progéniture qu’il doit apprendre à dompter ses émotions tant elles sont ses principales ennemies. Tout fidèle de la Scientologie doit nécessairement exprimer ses peurs, inlassablement, les verbaliser, jusqu’à ce qu’elles soient chassées et que l’âme s’en retrouve alors purifiée. C’est ce que les Scientologues appellent la technique de l’Audition. Dans le film, le père, incarné par Will Smith, a déjà acquis ces aptitudes et les enseigne à son fils. Ce dernier doit descendre de leur vaisseau, raccrocher à son père par un simple contact audio qui le guide pour arpenter une planète qu’il ne connaît pas et qui le tétanise. Autre concept inhérent au scénario du film et directement emprunté à la méthode scientologue : le récit s’articule sur une logique d’apprentissage par étapes, qu’il faut effectuer scrupuleusement dans l’ordre. En dehors de cette philosophie latente, l’univers visuel du film ainsi que son background de science-fiction, entretiennent de larges similitudes avec la mythologie développée par l’écrivain. Celui-ci écrit qu’un certain Xenu, entité autocratique extraterrestre, aurait annihilé des milliards d’individus extraterrestres en les jetant dans un volcan sur Terre. Marc Headley précise dans son article à quel point cette figure du volcan est « conductrice dans la pensée scientologue, l’image étant régulièrement utilisée dans les supports de promotion de l’Eglise ». L’une des grandes scènes pivot de After Earth se déroule précisément sur un volcan, qui semble être une transposition numérique de celui qui est représenté en couverture du livre fondateur. Quant aux uniformes portés par Will et son fils, ils rappellent étrangement ceux de la Sea Org, un conglomérat rassemblant les Scientologues les plus avertis… A sa sortie, étonnamment, c’est à M. Night Shyamalan que fut souvent reproché ces évidentes références. Pourtant, bien que très occupé dans son cinéma à travailler les questions de croyance et de foi, Shyamalan n’a jamais défendu publiquement la Scientologie et a toujours réfuté que cette production en soit une allégorie. On peut éventuellement accepter de croire qu’y voyant d’autres éléments chers à ses propres réflexions de cinéaste – le rapport de l’homme à la nature, la spiritualité de façon plus globale, le lien père-fils – ce dernier se soit un peu aveuglé et n’ait pas su voir les signes d’une « religion » dont il ne connaissait vraisemblablement pas les préceptes.
Si l’on s’arrête aussi longuement sur ce cas particulier, c’est que tout porte à croire que chez les Smith, le sens à peine caché du long-métrage ne leur était pas totalement inconnu. Bien que revendiqués de confession évangéliste-baptiste – religion dans laquelle Will Smith a été élevé dans sa jeunesse – la famille Smith est depuis de nombreuses années « soupçonnée » d’appartenir à la Scientologie. L’acteur a même financé à hauteur de 1 million de dollars sa propre école privée, la NVLA (New Village Leadership Academy) qui est une idée impulsée par Jada elle-même. Dans cette école qu’on considérerait en France comme « hors contrat », la pédagogie s’oriente vers des méthodes alternatives diverses, incluant les méthodes Montessori, Gardner, Bruner, mais aussi de nombreux préceptes scientologues. L’équipe pédagogique est même en grande partie composée de membres de la scientologie de renom, notamment le Directeur des études. L’établissement affiche très clairement sa pratique assidue de l’enseignement de « L’Étude Technologique » qui n’est autre que le programme scolaire créé par Ron Hubbard, et une certaine Suri Cruise y a même été scolarisée. Enfin, si des doutes persistes encore, il suffit de creuser un peu plus les tréfonds de l’internet pour voir ré-apparaître une archive montrant Will Smith s’épancher avec ferveur sur la Scientologie et ses bienfaits (voir la vidéo). Pourtant, Jada et Will Smith se défendent toujours régulièrement d’appartenir à cette Église, de la financer, d’en faire la promotion par le biais de leur art, et d’avoir éduqué leurs enfants selon ces préceptes. Cette description étayée des relations ténues mais néanmoins volontairement floues de la famille Smith à la Scientologie ne saurait être, ici, qu’une digression malvenue mais révèle à quel point ce giron familial a été construit comme une entreprise, avec tout ce que cela peut impliquer en terme d’image travaillée, policée, lissée, contrôlée mais aussi de zones d’ombres, d’aspects savamment dissimulés.
Passé cet épisode parlant que fut After Earth, la carrière de Smith a continué son cours en privilégiant toujours plus des projets et des rôles qui raffermissent son aura de père et de mari présent et dévoué. Quand il est embauché pour incarner le super-vilain tueur à gages Deadshot dans Suicide Squad (David Ayer, 2016) il accepte d’incarner ce rôle violent à condition que l’arc scénaristique de son personnage soit étoffé et affublé d’une sous-intrigue centrée sur la paternité contrariée de Floyd Lawton – Deadshot à la ville. Les scènes qui sont consacrées à ce développement psychologique du personnage ont de nombreuses fois été pointées du doigts dans les critiques (unanimement mauvaises) que le film a reçu, tant elles étirent inutilement le récit et sonnent rarement justes. Autre exemple très parlant de cette dualité d’image qui poursuit Will, sa double participation dans le Gemini Man de Ang Lee (2019). Dans ce thriller d’anticipation, un vieux Will Smith doit se battre contre son lui du passé, un double beaucoup plus jeune, qui le pourchasse pour le tuer. Si le long-métrage ramène Smith à ses grands amours d’actionner, il revêt un évident sens cryptique, celui d’un homme dont la dualité a déjà été démontrée plus haut dans ces lignes, et qui doit se battre constamment pour maintenir sa nouvelle image publique intacte. Que sa consécration aux Oscars viennent finalement d’un rôle comme celui de Richard Williams dans La Méthode Williams (Reinaldo Marcus Green, 2021) a donc quelque chose de fascinant. Ce biopic raconte comment ce père noir-américain vivant à Campton a planifié savamment l’enseignement rigoriste de ses deux filles, Vénus et Serena Williams, pour en faire de redoutables championnes de tennis. Le personnage est controversé dans le monde du sport de haut niveau, souvent commenté comme un père autocrate, extrêmement sévère voire carrément intéressé. Or le film en fait avant tout un puissant héros social, cherchant à tout prix à sauver sa famille, à extraire ses enfants de la ghettoïsation qui leur semble promise, avec comme trame principale revendiquée un récit d’émancipation communautaire. De toute évidence, plus que jamais, le rôle incarné par Will Smith lui colle à la peau et résonne parfaitement avec l’image qu’il entend préserver. Plus encore, La Méthode Williams défend en un sens à peu près la même vision de l’éducation père-enfant que celle présentée dans After Earth : la doctrine « tu seras un Homme mon fils » étant remplacée ici par « Vous serez des Championnes mes filles ». Alors qu’on a démontré que le couple Smith a œuvré de façon assidue à rendre célèbres leurs enfants – à la carrière d’acteur de Jaden il faut ajouter celle de chanteuse de Willow, bien qu’elle ait connu un peu moins de succès – le film prend des allures de double-biopic méta. Et de surcroît d’une forme d’apothéose, de consécration d’un modèle de réussite que la famille Smith a mis des années à bâtir et consolider.
Pourtant – et c’est bien là toute la dimension « dramatique » de l’événement du 28 mars – c’est en touchant les sommets que, peut-être, cette organisation si bien huilée a fini par glisser. Dans son discours larmoyant, au moment de recevoir son Oscar tant attendu et après avoir fait ce qu’il a fait, Will Smith verbalise (à demi-mot mais dans le texte) à quel point Richard Williams et ses méthodes l’ont tant inspiré qu’il en a peut-être perdu lui même le sens de la réalité. Le fameux spectre du rôle qui hante : celui que l’on incarne, celui que l’on se donne. L’acteur justifie même son agression en invoquant Williams : « Richard Williams était aussi un grand protecteur de sa famille, j’ai l’impression d’imiter Richard, on l’a décrit comme un père un peu fou, et j’ai l’impression ce soir d’être un peu la même chose. Mais l’amour, ça rend fou. », déplaçant par là même le jugement de son acte sur une dimension affective et spirituelle qui le dépasse « A ce moment de ma vie, je suis dépassé par ce que Dieu me demande d’être et de faire dans ce monde. Dieu me demande dans la vie d’aider et d’aimer les gens, de défendre ma communauté. Je dois être un ambassadeur de l’amour ». Est-ce seulement Dieu qui a missionné Will Smith de se fardeau qui semble si lourd à porter au point qu’il lui ferait perdre la tête ? N’est-ce pas simplement la révélation qu’à force d’hyper-contrôle médiatique, on finit toujours par se perdre tout court ? Dans le même discours, Smith évoque la sagesse d’un Denzel Washington qui lui aurait glissé à l’oreille un conseil juste avant sa montée sur scène : « Denzel m’a dit il y a quelques minutes qu’il faut faire attention, que c’est toujours quand on est au sommet que le diable vient vous saisir ». C’est sûrement sur cette phrase de grand sage que l’on peut clôturer cette analyse car de toute évidence, ce soir-là, c’est moins l’apôtre envoyé par Dieu pour répandre l’amour, mais surtout façonné de toute pièce, qui fut consacré, mais en une claque – tristement rentrée dans l’Histoire d’Hollywood – la révélation aussi inattendue que soudaine du diablotin chuchotant à son oreille.