Hors d’atteinte


Adapté de l’œuvre littéraire d’Elmore Leonard, Hors d’atteinte réunit deux stars hollywoodiennes pour la première fois à l’écran – George Clooney et Jennifer Lopez – devant la caméra du futur réalisateur de la saga Ocean’s, Steven Soderbergh. Rimini Editions sort le long-métrage pour la première fois dans une édition Blu-Ray, l’occasion de se replonger dans cette aventure aussi fun que jubilatoire.

Ving Rhames et George Clooney en tenue de prisonniers jaunes observent la cour de la promenade de la prison dans le film Hors d'atteinte.

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Hustlers

George Clooney et Jennifer Lopez attablés, face à face, au dessus d'une petite lampe jaune qui diffuse un beau clair-obscur ; plan issu du film Hors d'atteinte.

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Rares sont les réalisateurs pouvant se targuer d’obtenir une Palme d’or, récompense de toutes les récompenses, pour leur premier long-métrage de fiction : Steven Soderbergh est de cette trempe. Sexe, mensonges et vidéo (1989) a été un électrochoc pour beaucoup, si bien que les productions suivantes du jeune cinéaste étaient attendues de pied ferme à la fois par la profession et le grand public. Il faudra attendre presque dix ans, avec Hors d’atteinte, pour renouer avec le succès critique et public, avec cette adaptation d’un écrivain habitué à voir ses œuvres retranscrites sur grand écran – dont le célèbre Jackie Brown (Quentin Tarantino, 1997) qui partage l’univers de Hors d’atteinte avec le personnage de Michael Keaton présent dans les deux productions. Mais qu’est-ce qui fait de Hors d’atteinte une réussite à plusieurs niveaux ? Tout d’abord, ses deux têtes d’affiches, George Clooney et Jennifer Lopez. Première collaboration entre l’acteur et le réalisateur qui deviendra très fructueuse par la suite – avec pas moins de cinq récidives – tandis que Jennifer Lopez trouve sûrement son premier grand rôle de cinéma. Force est de constater combien l’alchimie entre ces deux-là fonctionne parfaitement. Il en est même étonnant que d’autres studios n’aient pas cherché à le convoquer, de nouveau, par la suite… Le reste du casting est à l’image des productions récentes de Steven Soderbergh, des acteurs aux caractères bien trempés, au service de personnage qui semblent invincibles et inarrêtables, le scénario de Scott Franck, permettant aux personnages d’exister de la sorte : entre aspects très réalistes et caractéristiques grandiloquentes, offrant une double-facette qui rythmera le reste du film de cette comédie de polar … Ou polar-comique, au choix.

L’une des plus grandes qualités de Hors d’atteinte, si ce n’est la plus grande, reste son côté récréatif, presque régressif, sans jamais devenir un défaut. Les personnes derrière ce long-métrage s’amusent, ça se voit et du coup, naturellement, les spectateurs également. Le scénario s’amuse d’allers et retours dans la temporalité, jouant également de séquences rêvées tandis qu’à l’image Steven Soderbergh s’essaie à différentes choses, cherchant perpétuellement de nouveaux angles et à ne Blu-Ray du film Hors d'atteinte édité par Rimini Editions.jamais rentrer dans un académisme qui serait pourtant facile à adopter : Hors d’atteinte donne la fausse impression d’être fait « à la cool » alors que tout est parfaitement millimétré, mais cela ne lui confère que davantage son goût de récréation. Ce qui frappe avec le recul, c’est de voir combien ce Hors d’atteinte n’était qu’un entraînement avant son Ocean’s Eleven (2001), qui reprendra les mêmes codes, quasiment le même scénario, son même interprète principal et surtout les mêmes thèmes musicaux de David Holmes.

Du côté de l’édition proposée de Rimini, la copie Blu-Ray est superbe et permet au long-métrage de davantage résister à l’épreuve du temps, dont il est pourtant fortement marqué – de manière consciente par ces choix photographiques déjà un rétro pour l’époque et qui lui offrent un aspect pulp. Du côté des bonus, on retrouve des suppléments d’époques (scènes coupées, commentaire audio) mais surtout une conversation inédite entre Mathieu Macheret, journaliste au Monde, et Frédéric Mercier, critique chez Transfuge et au Cercle. Toutes les conditions sont ainsi réunies pour (re)découvrir ce classique de Steven Soderbergh, annonciateur d’une bonne partie du reste de sa filmographie, à portée de vue.


A propos de William Tessier

Si vous demandez à William ce qu'il préfère dans le cinéma, il ne saura répondre qu'avec une seule et simple réponse. Le cinéma qu'il aime est celui qu'il n'a pas encore vu, celui qui ne l'a pas encore touché, ému, fait rire. Le teen-movie est son éternel compagnon, le film de genre son nouvel ami. Et dans ses rêves les plus fous, il dine avec Gégé.

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