Le réalisateur de Sexe, Mensonges et vidéo (1989) et de la trilogie Ocean (2001-2007) revient au cinéma avec Logan Lucky, un film de casse au casting impressionnant. Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Argent, Mensonges et course de voitures
En 2013, Steven Soderbergh annonce qu’il prend sa retraite et qu’il ne réalisera plus d’œuvres pour le cinéma. Occupé à créer des séries passionnantes comme The Knick (2014-2015) sur les débuts de la chirurgie moderne ou en chapeautant l‘adaptation télé de son propre film The Girlfriend Experience, il semblait clair que l’un des réalisateurs américains les plus talentueux de sa génération se soit envolé vers de nouveaux horizons. Mais c’est alors que le réalisateur sort de sa léthargie et revient sur sa parole avec Logan Lucky. L’histoire ? En Caroline du Nord, Jimmy Logan est un honnête travailleur tentant de joindre les deux bouts sur des chantiers avant de se faire licencier. Ecoeuré, ce dernier décide de se rembourser en imaginant un casse visant la recette du Coca-Cola 600, une épreuve de Nascar, sport (?) très populaire aux Etats Unis. Il sera aidé dans sa quête de justice par son frère Clyde – vétéran ayant perdu un bras et persuadé qu’une malédiction touche sa famille – ainsi que de sa sœur et d’un expert en explosifs, Joey Bang.
Fort d’un casting quatre étoiles, comptant Channing Tatum – qui retrouve Soderbergh après Magic Mike (2012) et Effets Secondaires (2013) – Adam Driver, Riley Keough – que l’on a pu voir dans le maitrisé It Comes At Night (Trey Edward Shults, 2017) et dans Mad Max Fury Road (George Miller, 2015) – Daniel Craig ou encore Hilary Swank pour ne citer qu’eux. Tous ces acteurs sont dirigés avec une grande précision et donnent vie à des personnages représentant cette Amérique « d’en bas », prête à tout pour s’en sortir et goûter au rêve américain. Car oui, sous ses airs de film de casse, Soderbergh esquisse une comédie sociale qui propose un portrait au vitriol du système et de son pays au travers du regard des petites gens. Ces derniers sont traités avec un amour non déguisé et les personnages représentant le système sont irrévocablement tournés en ridicule. On pourrait presque y voir un écho avec Soderbergh lui-même qui depuis ses débuts, se bat contre le système hollywoodien.
Le scénario se révèle tout au long du film et semble appliquer la même recette éprouvée par Soderbergh des années avant avec la série des Ocean où les détails se trouvaient dans des scènes triviales et, aux premiers abords, abscons mais qui se révélaient dans toute leur splendeur à la fin. Et c’est là que les problèmes commencent. Malgré la maîtrise du film, ce dernier apparaît comme une copie de Ocean’s Eleven ; les hôtels de luxe de Vegas ayant fait place à une Amérique rurale qui galère et des personnages contre le système et qui se battent contre son dernier en retournant leurs propres armes mais pour des raisons bien différentes – l’honneur perdu pour Danny Ocean et une volonté de se faire justice dans Logan Lucky. Le film souffre de la comparaison, de par sa structure, ne parvenant que difficilement à s’en écarter, malgré des personnages attachants et de vraies situations comiques. Se voulant être une critique de la société US et d’un système inégalitaire qui se délite, Soderbergh amoindrit la force de son propos au détour de quelques scènes qui semblent trop sortir de la célèbre trilogie.
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