Vu à l’Etrange Festival en 2019, The Wretched sera disponible en Blu-Ray et DVD dès le 2 Décembre. Un ado en crise familiale lors du divorce de ses parents passe l’été chez son père dans le Michigan. Petit jobs, intrigues de romance adolescentes se succèdent. Tout se corse quelque peu quand, dans la maison d’en face, la mère de famille commence à se comporter étrangement…
Ma Sorcière Mal-Aimée
Attention, le film que nous allons aborder aujourd’hui n’est pas n’importe quelle petite production horrifique faisant le tour des festivals aux acronymes « triple F » (PIFFF, NIFFF, BIFFF, à vos souhaits), sortant finalement le plus souvent en direct-to-video. Non. The Wretched, est un film d’horreur au budget limité, certes, mais c’est aussi l’un des champions du box-office de l’année. Car oui, plusieurs semaines d’affilées, The Wretched, deuxième long-métrage des Pierce Brothers (comme ils se présentent au générique de leur film) fut le n°1 du box-office américain. Alors oui, le fait que le long-métrage soit sorti au beau milieu de la crise du coronavirus en milieu d’année, avec une compétition quasiment nulle dans les drive-in et les quelques salles ouvertes au public a, probablement, « un peu » aidé son exploitation. Le succès surprise de cette production d’horreur au budget modeste n’est-il alors que le fruit d’un contexte exceptionnel et imprévisible ? Est-elle une réelle bonne surprise dans le paysage du cinéma de genre où un flot de petits films d’horreur quelconques abonde ? Partons donc à la chasse aux sorcières avec le Blu-Ray édité par Koba Films – malheureusement dépourvu de suppléments – pour le savoir.
Les parents de Ben sont séparés, il débarque chez son père pour l’été. La perspective de passer ses mois de vacances avec lui dans le Michigan et à travailler au port de plaisance d’un lac adjacent ne le réjouit pas tellement. Pour compléter la galerie de personnage, il y a la famille de la maison d’en face, gentiment hippie sur les bords, la nouvelle compagne de son père qu’il ne peut bien sûr pas encadrer, une bande d’ados à tendance bullies, une jolie fille inaccessible, et enfin sa collègue de travail, la fameuse girl next door. Tout cela sonne comme la recette bien connue d’un nombre incalculable de fictions à tendance « drama adolescent », où à peu près tous les stéréotypes répondent à l’appel. Fort heureusement, pour épicer un peu ce plat jusque là un peu fade, on pourra compter rapidement sur la présence d’une entité maléfique. Une sorcière, qui bien vite, chasse et dévore les enfants du voisinage. Notre jeune Ben s’aperçoit bien vite que quelque chose cloche, mais personne autour de lui n’a l’air de s’en inquiéter, ni de se souvenir des bambins disparus…
Commençons par évacuer l’évidence. L’originalité est assez absente du projet. Les personnages sont assez peu mémorables, rapidement après le visionnage on se souvient plus aisément de leur fonction que de leurs visages. Mais surtout, les éléments horrifiques viennent emprunter à de nombreuses sources, plus illustres. On emploie rapidement quelques petits éléments de la mythologie des sorcières (un cercle de sel pour s’en protéger) sans vraiment creuser plus loin – la recherche Google du personnage sur les sorcières est à ce titre assez hilarante, en dix secondes il trouve littéralement toutes les informations nécessaires à l’intrigue, avec une aisance confondante. Avec cette idée d’une sorcière « infiltrant » les familles, The Wretched joue aussi parfois du coté du Home Invasion. La disparition d’enfants face à des adultes qui semblent indifférents vient forcément titiller notre « sixième sens Stephen King », et son plus que célèbre Ça. Enfin, Ben espionnant la maison d’en face où le comportement de ses voisins devient de plus en plus étrange, emprunte du côté d’un classique entre les classiques, Fenêtre sur Cour (Alfred Hitchcock, 1955). Malheureusement le film, loin de l’hommage, vient emprunter à ses sources sans jamais réellement en tirer quoi que ce soit d’intéressant ou d’original. Si rien n’est mauvais, mal exécuté ou horriblement mal joué, il est cependant certain que ce qu’il y a de plus extraordinaire dans The Wretched, c’est d’abord et surtout son contexte de sortie.