The Boat


Présenté hors-compétition lors du dernier Etrange Festival et sorti directement en VOD et vidéo il y a quelques jours, The Boat (Winston Azzopardi, 2020) mêle survival marin, film de possession et thriller. Un mélange savoureux qui peine, à la longue, à garder toutes ses saveurs.

L'Aeolus fend l'océan, scène du film The Boat.

                                © Tous droits réservés

Faut pas se voilier la face…

L'acteur Joe Azzopardi sur le voilier, scrute l'horizon inquiet en contre-plongée, scène du film The Boat.

                                      © Tous droits réservés

Il y a de ces films, sur le papier, qui, par leur proposition de fusion improbable des genres, ont de quoi éveiller nos papilles. The Boat (Winston Azzopardi, 2020) est clairement de ceux-là. Racontant l’histoire assez minimaliste d’un homme se retrouvant prisonnier d’un voilier fantôme au milieu de la méditerranée, le long-métrage tente de revisiter à sa sauce la fameuse légende du Triangle des Bermudes et de conjuguer les uns avec les autres, les différents codes : du survival marin – on pense très fort au génial All is Lost (J.C Chandor, 2013) – du survival tout court – Buried (Rodrigo Cortés, 2010) n’est pas loin non plus – du thriller et plus surprenant peut-être, du surnaturel, puisque l’on découvre, très vite, que ce voilier semble avoir un très mauvais fond. Sorte d’incarnation matérialisée du diable comme pouvait l’être le camion de Duel (Steven Spielberg, 1971) ou la voiture de Christine (John Carpenter, 1983), le voilier se dote rapidement d’un esprit farceur, sadique et inventif. Dès lors que le contrat est passé avec le spectateur qu’il s’agira d’un long-métrage à énigme, une sorte d’escape game sur l’eau dont il faut ressortir coûte que coûte vivant, fatalement, l’identification avec le personnage principal s’impose comme un enjeu clé de la réussite du film.

Et c’est très certainement sur ce territoire escarpé que Winston Azzopardi échoue et se fait des bleus, tant son personnage de marin beau gosse (incarné par le frère du réalisateur) s’avère aussi increvable que très con. On s’agace alors régulièrement de ses choix comme de sa bêtise hâtive. Difficile alors de lutter avec lui, de vouloir qu’il s’en sorte, tant il exaspère à s’empêtrer dans des situations toujours plus improbables. Notre attention finit in facto par s’évaporer et on attend, totalement dédaigneux et fatalistes, le destin funeste du personnage Blu-Ray du film The Boat édité par Metropolitan Films.principal, pourvu qu’on en finisse. Il est d’autant plus dommage qu’on perd cet enjeu primordial de tout survival, car du point de vue de la mise en scène, le constat est largement moins timoré. Winston Azzopardi – dont c’est le premier effort “sur grand écran”, bien qu’il signe la série allemande de sous-marin Das Boot dont la deuxième saison est attendue en avril 2020 – parvient assez admirablement à ré-inventer sa façon de filmer ce huis clos, et ce, malgré le carcan sclérosant imposé par l’habitacle d’un si petit voilier. Malgré les nombreuses invasions de références aussi évidentes que pesantes – on a parlé de All is Lost, Christine et de Duel mais il faut parler aussi des Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975) ou du Bateau de la Mort (George Kennedy, 1980) – et d’évocation, volontaire ou non, d’un autre film reprenant ce même canevas scénaristique qu’est le génial Triangle (Christopher Smith, 2009) – beaucoup plus brillant et maîtrisé selon nous voir notre article – on sent que derrière The Boat se cache, tout de même, un cinéaste en devenir dont il conviendra de guetter les prochaines livraisons.

D’abord sorti directement en VOD fin Janvier, le long-métrage vient de se voir offrir un bel écrin Blu-Ray édité par Metropolitan FilmExport, présentant un master impeccable autant du point de vue de l’image que du son. Dire que l’on n’attendait de pied ferme une avalanche de suppléments sur ce titre serait vous mentir, donc on se contentera d’apprécier sagement l’unique featurette qui nous est offerte et qui propose de prolonger l’expérience du film en nous plongeant (c’est le cas de le dire) un petit moment dans les coulisses du tournage.


A propos de Joris Laquittant

Sorti diplômé du département Montage de la Fémis en 2017, Joris monte et réalise des films en parallèle de son activité de Rédacteur en Chef tyrannique sur Fais pas Genre (ou inversement). A noter aussi qu'il détient le record européen du plus jeune détenteur du diplôme d'éleveur de Mogwaï (il avait cinq ans et trois jours) et qu'il a été témoin du Rayon Bleu. Ses spécialités sont le cinéma de genre populaire des années 80/90 et tout spécialement la filmographie de Joe Dante, le cinéma de genre français et les films de monstres.

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

quatre × quatre =

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.