Le Beau-Père 1


Chef-d’œuvre du thriller américain des années 1980 en milieu WASP, l’éditeur Elephant Films nous propose de redécouvrir Le Beau-Père (Joseph Ruben, 1987) film tombé peu à peu dans l’oubli dans nos contrées en dépit de son statut culte outre-atlantique. Critique.

Terry O'Quinn, effrayant dans le film Le Beau-Père, scrute l'armoire à pharmacie de sa salle de bains.

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Notre Belle-Famille

La banlieue américaine (suburbs) est un cadre idyllique, propice au développement d’histoire angoissante ; de par son symbole du rêve américain et de son conformisme urbanistique, elle offre un miroir déformant de la société américaine. Ainsi, dès la fin des années 1960, ce mode de vie se retrouve contesté, et l’american way of life décrié et moqué. Que ce soit dans ses épisodes de La Quatrième dimension ou dans le cinéma de science-fiction, on retrouve une critique de cet environnement aliénant. C’est le cas aussi ici du film de Joseph Ruben. Inspiré par l’affaire John List qui tua sa famille pour s’installer dans une autre, le long-métrage narre l’histoire de Jerry Blake (le personnage utilise d’autres noms dans le récit, mais nous le nommerons ainsi dans l’article pour plus de commodité) psychopathe obsédé par l’idée de la famille parfaite, qui, après avoir assassiné sa femme et sa fille, décide de s’installer dans un suburbs de Seattle pour y fonder un autre foyer.

Le beau-père, blessé à la joue, menace sa famille.

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L’un des points forts du film est son rythme. En effet, il prend son temps. Cela aurait pu être un défaut  mais le réalisateur s’attarde à installer une atmosphère délétère qui voit le personnage principal dévier au fur et à mesure que les événements ne tournent pas en sa faveur. Ce parti pris permet aussi de reprendre les codes de la banlieue américaine pour mieux les détourner. On retrouve dans le métrage tous les clichés habituels sur les suburbs que ce soient les voisins un peu trop curieux ou les livreurs de journaux à vélo. Ces clichés bien installés dans l’inconscient collectif participent à l’atmosphère spéciale de l’ensemble et permettent de donner de la profondeur au personnage de Jerry Blake qui, dans sa quête de la famille idéale, n’hésite pas à détourner ces codes jusqu’à l’extrême. Cette approche n’est pas sans défaut. En effet, en adoptant une approche assez classique, le film se perd parfois en longueur et ne laisse pas assez voir la folie du personnage principal malgré une première scène qui annonçait un parti pris assez audacieux.

Blu-Ray du film Le Beau-Père édité par Elephant Films.Du coté de l’interprétation, c’est Terry O’Quinn (qui interprétera par la suite l’inoubliable Locke dans la série Lost) qui tire son épingle du jeu. Oscillant entre l’image du beau-père idéal et du psychopathe, il aurait pu facilement céder à la surenchère en surjouant le psychopathe et sous-jouant le rôle du beau-père. Force est de constater qu’il est juste dans ses deux interprétations. Il apparaît à la fois comme effrayant et sympathique. D’ailleurs, le réalisateur ne s’y trompe pas en filmant constamment l’acteur en contre-plongée pour montrer sa domination et sa manipulation sur les autres personnages.

L’éditeur Elephant Films offre à cette production méconnue dans l’Hexagone (ainsi qu’à sa suite voir notre article) une belle édition combo Blu-Ray/DVD dans une copie neuve restaurée en HD. Si le coffret est en lui-même assez beau, on regrettera l’absence de suppléments d’importance, puisque nous n’avons le droit qu’à une mince proposition composée d’une bande-annonce d’époque et d’une galerie photo. 



A propos de Freddy Fiack

Passionné d’histoire et de série B Freddy aime bien passer ses samedis à mater l’intégrale des films de Max Pécas. En plus, de ces activités sur le site, il adore écrire des nouvelles horrifiques. Grand admirateur des œuvres de Lloyd Kauffman, il considère le cinéma d’exploitation des années 1970 et 1980 comme l’âge d’or du cinéma. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/rZYkQ


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