Dreamscape


Encore une perle rare dénichée par Carlotta ! Dreamscape, réalisé en 1984 par Joseph Ruben, est un petit joyau culte qui offrait à Dennis Quaid l’un de ses premiers grands rôles.

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Dream a little dream…

Toi, le cinéphile aventurier de l’Internet, l’Highlander du http, qui t’égares au milieu de nos pages, si tu as adoré Inception, d’abord, je suis désolé pour toi, et ensuite, sache que ce film dont beaucoup disaient qu’il brillait par son originalité doit (presque) tout à ce Dreamscape, un film très sympathique aujourd’hui oublié, un peu comme son acteur principal, Dennis Quaid. On l’avait tous adoré pendant notre enfance, Dennis Quaid, que ce soit dans Cœur de Dragon (Rob Cohen, 1996) ou dans L’Aventure intérieure (Joe Dante, 1989). Justement, ce film de 1984 risque de rappeler cette époque où Dennis Quaid était l’un de vos héros, dans une aventure absolument étonnante.

Alex Gardner (Dennis Quaid) est un télépathe qui, à dix-neuf ans, fut le sujet d’une recherche scientifique sur ses capacités psychiques ; il disparut au milieu de l’expérience et depuis, il utilise ses pouvoir pour gagner au tiercé. Retrouvé par le professeur Novotny (Max Von Sydow), son ex-mentor, et secondé par le professeur Jane DeVries (Kate Capshaw), Alex va participer à de nouvelles recherches : Novotny a Dreamscape_10réussi à développer un moyen de lier plusieurs personnes par l’esprit grâce au sommeil, et particulièrement au rêve. Curieux de découvrir ce que cela peut donner avec un esprit aussi singulier que celui d’Alex, Novotny va devoir utiliser sa technique plus rapidement que prévu puisque le Président des États-Unis (Eddie Albert) est lui-même en proie à d’affreux cauchemars qui l’affaiblissent…

Joseph Ruben, pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est quarante ans de cinéma, une quinzaine de films, mais un nom qui n’a jamais réussi à s’imposer totalement pour cause de succès modérés, pour le public comme pour la critique. Pourtant, les années 1980 et 1990 ont été plutôt concluantes pour le cinéaste new-yorkais, et il en reste encore aujourd’hui des œuvres cultes, comme Le beau-père, film d’horreur old-fashioned fort plaisant qu’il réalisa en 1987. Mais trois ans avant de mettre en scène Terry O’Quinn dans le rôle d’un psychopathe avec des cheveux (l’élément le plus surprenant dans ce rôle de composition), c’est avec Dreamscape qu’il s’essaya pour la première fois au thriller, genre qu’il ne lâchera plus par la suite. Très rapidement, le long métrage s’affirme comme une œuvre à cheval sur le film de science-fiction, dans son approche scénaristique et esthétique, notamment au niveau des décors ; Alex le remarque lui-même avec humour, lors de sa première visite du laboratoire : « Qui est-ce qui a fait la déco, Dark Vador ? ». L’univers de Lucas et Spielberg, d’ailleurs, n’est jamais très loin, que ce soit dans le casting (Kate Capshaw, qui fut le premier rôle féminin, la même année, d’Indiana Jones et le temple maudit, est ici l’héroïne), les décors, la caractérisation du personnage d’Alex, qui se rapproche, à juste titre, d’un Indiana Jones ou d’un Han Solo…

Dreamscape, c’est un film qui se place dans la plus pure tradition du blockbuster familial des années 1980, en mélangeant les genres tout en Dreamscape_3cherchant à proposer quelque chose de neuf. Lorsque l’on pénètre dans les rêves des uns et des autres, on change d’ambiance, d’atmosphère, d’esthétique. Bien souvent, ces séquences de rêve renvoient explicitement à un genre cinématographique à part entière, principalement l’horreur (les rêves du Président et ceux du gamin) et l’érotisme (le rêve de Jane). Si l’érotisme reste plutôt suggéré, les éléments horrifiques, de leur côté, ne manquent pas à l’appel – je rappelle que l’année est 1984 et que des films comme la seconde aventure d’Indiana Jones, citée précédemment, bien que destinée à tous les publics, contient nombre de séquences et d’éléments destinés à faire peur. On retiendra notamment le personnage de l’homme-serpent (et sa transformation dans le rêve final qui, si elle a un peu mal vieilli aujourd’hui, a sans doute dû terrifier plus d’un môme à l’époque), et l’esthétique clairement tirée de l’expressionnisme allemand qui rend certaines séquences extrêmement dérangeantes (accompagnées de la musique électronique complètement à propos signée Maurice Jarre, ce qui le place bien au-dessus de son fils, même dans ce domaine). Sorti la même année qu’Indiana Jones et le temple maudit et Les griffes de la nuit, Dreamscape pourrait être la pierre de voûte d’un triptyque inattendu mais plutôt logique, tant il fait écho au film de Spielberg et à celui de Craven. Joseph Ruben, en se basant sur une histoire de David Loughery, elle-même inspirée d’un récit de SF de Roger Zelazny, co-écrit un scénario original, solide et tout à fait dans l’air du temps, avec l’aide de Loughery et de Chuck Russell – qui réalisera justement, quelques années plus tard, Freddy 3 : les griffes du cauchemar. Et si Dreamscape n’a pas eu de chance au box-office, c’est avec un incommensurable plaisir qu’on le (re)découvre aujourd’hui.

Disponible en Blu-Ray depuis le 20 août dernier chez Carlotta, Dreamscape connaît donc une seconde vie, et pas des moindres, puisque le film a été entièrement restauré pour être présenté dans un nouveau master HD absolument brillant, qui ne fait pas tellement ressortir les défauts liés aux effets spéciaux de l’époque, comme c’est souvent le cas lors des restaurations de ce type de films. Trois pistes audio disponible, deux en VO (DTS-HD MA 5.1 et 2.0) et une en VF (DTS-HD MA 2.0) : aucun défaut, mais la VF risque de perturber les amateurs de doublage puisqu’aucun des trois acteurs principaux (Dennis Quaid, Max Von Sydow, Christopher Plummer) n’a été doublé avec sa voix habituelle, mais cela reste assez amusant d’entendre Dennis Quaid parler avec la voix de Sam Neill. Côté bonus, l’édition reste sobre, avec un document assez rare, une interview d’époque de Dennis Quaid d’une durée de quinze minutes, et une bande-annonce, elle aussi d’époque. Egalement disponible en DVD.



A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.

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