Vampire, vous avez dit vampire ? 1


Le culte Vampire vous avez dit vampire ? (Tom Holland, 1985) s’offre une édition Blu-Ray prestigieuse proposée par Carlotta. L’occasion rêvée de (re)découvrir un film emblématique d’une certaine époque, ou l’horreur et la comédie se conjuguait à merveille.

Transformation en vampire dans le film Vampire vous avez dit vampire ? (critique)

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Petite querelle de voisinage

Le jeune Charlie Brewster dans le film Vampire vous avez dit vampire ? (critique)

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Avant de marquer définitivement l’histoire du cinéma de genres américain avec Jeu d’enfant (1988) qui fit naître l’une des figures les plus emblématiques de l’horreur en la personne de la poupée tueuse Chucky, le cinéaste Tom Holland avait d’abord fait parler de lui avec un premier film assez remarqué et remarquable. Vampires vous avez dit Vampires ? (1985), souvent plus connu sous son titre original, Fright Night, est sans aucun doute l’un des représentants les plus parlants d’un certain cinéma, qu’on qualifie chez nous de comédie d’horreur familiale, un cinéma qui tendait à disparaître (voir notre article écrit en 2012, Ce cinéma qui n’existe plus) mais qui refait parler de lui, alors que l’héritage culturel des décennies 80-90 est de plus en plus prégnant dans les productions contemporaines. Sans paraphraser l’article écrit à l’époque (autant vous inciter à le lire ou relire) ces productions parvenaient à conjuguer les codes de la comédie familiale à ceux du cinéma d’horreur, offrant alors à toute la famille, petits comme grands, l’occasion de se faire peur ensemble. Le cas de Vampires, vous avez dit Vampires ? (1985) est en cela assez intéressant que son récit est véritablement tranché en deux, démarrant comme une comédie adolescente pour progressivement s’accaparer les codes d’un cinéma fantastique aussi sexy que déviant, aussi impressionnant que violent.

Amanda Bears en vampire dans Vampire vous avez dit vampire ? (critique du film)

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Le récit narre l’histoire de Charley Brewster, un jeune homme de dix sept ans, fana de films d’horreurs, qui vit un début de romance avec sa petite amie Amy. Son quotidien se trouve bouleversé par l’emménagement d’un nouveau voisin qui va vite lui apparaître plus qu’étrange. Obnubilé par cet homme, Charley va continuellement l’observer et se convaincre de vivre à côté d’un vampire. Evidemment, personne ne croit le jeune homme, jugé un peu dingue et perverti par les films fantastiques qu’il regarde à longueur de journée. Charley va donc quémander l’aide de Peter Vincent (Peter Cushing feat. Vincent Price, t’as compris ?) présentateur d’une émission phare de la télévision, intitulée Vampire, vous avez dit vampire ? qui va donc accompagner le jeune homme dans sa quête de vérité. Le motif du voisin suspect est assez récurrent dans le cinéma de genres américains de ces années-là – on pense par exemple, au génial Les Banlieusards de Joe Dante (1989) ou à Edward aux mains d’argent (Tim Burton, 1990) – tant les réalisateurs de cette époque s’évertuèrent à écailler le vernis de la petite banlieue américaine typique, dénonçant au passage sa fermeture d’esprit et son conservatisme.

Alors que l’on constate un revival vivace des codes des films des années 80-90 (voir notre article Hollywood doit-il arrêter de regarder dans le rétro ? ) il convient de rappeler que le bébé de Tom Holland était déjà en soi un travail ultra-référencé. Rendant hommage au cinéma bis des années 50, aux grandes figures vampires de la Hammer et aux teen movies des années 60-70 auxquels il empruntent bien des codes, Vampires vous avez dit Vampires ? transpire de son amour pour les genres qu’il tente de marier les uns aux autres. En cela, il est l’un des films les plus évocateurs du genre à part entière de la comédie d’horreur familiale qui lie très régulièrement un cinéma familial donc (ses personnages principaux sont très souvent des enfants ou des adolescents) et un cinéma d’horreur jugé plus adulte. Chargé d’un érotisme parfois borderline – la séquence de dépucelage métaphorique de Amy avec le voisin vampire bien plus âgé qu’elle – le long-métrage fait aussi montre d’une violence graphique assez impressionnante pour l’époque. Cousin germain du Loup Garou de Londres (John Landis, 1981), en cela qu’il montrait pour la première fois une transformation vampirique « en direct », le film marqua les esprits du fait de l’extrême inventivité de ses effets spéciaux. Même si certains pourraient aujourd’hui ricaner de leur esthétique un peu surannée pour l’époque actuelle, il n’en demeure pas moins qu’au moment de la sortie, les monstres à prothèses et marionnettes qui le peuplent s’imposèrent comme des références en la matière, redonnant un coup de jeune à la représentation cinématographique du vampire. Tom Holland entendait d’ailleurs, de son propre aveu, réhabiliter une vieille figure de l’horreur classique, au cœur d’un cinéma d’épouvante des années 1980 qui l’avait délaissée totalement au profit de nouvelles incarnations en la personne des boogeymens des slasher movies et revitaliser le genre à part entière du film de vampires déjà remis sur le devant de la scène, deux ans plus tôt, par Les Prédateurs (Tony Scott, 1983). Suivront ainsi Les Frontières de l’Aube (Kathryn Bigelow, 1987), Génération Perdue (Joel Schumacher, 1987) et une suite moins culte que l’original Vampires vous avez dit Vampires ? 2 (Tommy Lee Wallace, 1988).

L’édition Blu-Ray proposée par Carlotta offre une restauration impeccable, autant du côté de l’image que du son, et de nombreux suppléments qui proposent aux membres de l’équipe du film, réalisateurs, acteurs et producteurs, de se remémorer le tournage et l’impact de ce dernier à sa sortie, ainsi qu’un focus aussi intéressant qu’émouvant rendant hommage au génie de l’acteur Roddy McDowall malheureusement disparu. Une chose est sûre, après la vision des trois heures et quelques de suppléments que contient ce disque exceptionnel, vous serez incollable sur ce film culte et capable, indéniablement, de briller en société.


A propos de Joris Laquittant

Sorti diplômé du département Montage de la Fémis en 2017, Joris monte et réalise des films en parallèle de son activité de Rédacteur en Chef tyrannique sur Fais pas Genre (ou inversement). A noter aussi qu'il est éleveur d'un Mogwaï depuis 2021 et qu'il a été témoin du Rayon Bleu. Ses spécialités sont le cinéma de genre populaire des années 80/90 et tout spécialement la filmographie de Joe Dante, le cinéma de genre français et les films de monstres. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/sJxKY


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