Marquis


Alors que la Révolution approche à grands pas, le Marquis de Sade est enfermé à la Bastille. C’est pendant cette période qu’il rédige son œuvre majeure : Justine ou les infortunes de la vertu. Mais ce n’est pas de cela que traite Marquis. Le film est plutôt un portrait politiquement incorrect de la société de l’époque, en rendant un bel hommage au “Divin Marquis”. Sade occupe ses journées à écrire et à parler avec Colin, qui n’est autre que… son sexe!

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Les Infortunes de la Vertu

Marquis naît de la collaboration entre Henri Xhonneux et Roland Topor. En 1983, les deux artistes collaborent en créant la série Téléchat, saluée par de nombreux prix à travers le monde. Après avoir travaillé plusieurs années sur cette série devenue culte, ils ont décidé de s’atteler à un autre projet, plus ambitieux, plus adulte, bref, différent. D’après les auteurs, le sexe était un sujet qu’ils voulaient aborder ; en résulte Marquis, un conte très original et parfaitement orchestré.

Dès les premières images, le spectateur est transporté dans le monde de Xhonneux et Topor. Les personnages étant interprétés par des acteurs portant des masques d’animaux (Sade, par exemple, est un chien, d’où la blague : Donatien, tête de chien!), on retrouve ici la marque de fabrique des créateurs de Téléchat. On retrouve aussi les éléments des récits de Sade, puisqu’on y rencontre la fameuse Justine et sa sœur Juliette. Le film repose principalement sur des faits historiques, mais l’adaptation est très libre, puisqu’elle mêle la vie de Sade à ses écrits, revus et corrigés par l’imagination des deux auteurs, en y incluant leur humour.

And now, sex. Sex, sex, sex… C’est bien le sujet central du film, et à vrai dire, il est difficile de savoir par où commencer, tellement il y a à dire là-dessus. Sade entreprend donc, tout au long du film, des conversations aux tendances philosophiques avec Colin, son sexe. Ce sujet, par ailleurs, ne va pas sans l’humour contenu dans le scénario. Les dialogues, toujours très fins, sont parfois accompagnés d’images assez crues, ce qui est ici une forme d’humour plutôt corsée. On se rend compte aussi que tous les personnages du film sont attirés par la chose : que ce soit Ambert, le geôlier qu’on devine assez âgé, désire plus que tout que le Marquis cède à ses avances, Dom Pompero, le noble amateur de fessées (anecdote amusante: la voix de Dom Pompero est celle de l’acteur Vicky Messica, qui a joué en 1975 dans un autre film culte intitulé… Le Sexe qui parle!), ou encore Juliette et Justine, qui sont, elles, sorties tout droit des œuvres de Sade ! L’imagination débordante des auteurs nous offre des scènes crues mais irrésistiblement drôles (à prendre au second degré, évidemment), comme la séquence SM avec Dom Pompero.

Des prises de vue réelles mélangées avec des séquences d’animation, des acteurs coiffés de têtes d’animaux, des situations plutôt bizarres, un humour osé, un scénario anticonformiste, Marquis a tout du film culte. C’est un film “autre”, un OVNI dans le monde du cinéma… Mais ça marche!


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.

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