Repo! The Genetic Opera


Totalement inédit en France (merci les distributeurs !), cet opéra rock fut projeté une seule fois au festival de Gérardmer dans la catégorie hors compétition. Repo ! fait son effet et il sort finalement en DVD en novembre 2009.

American Idol

Populaire dans les années 70, avec des films comme Tommy ou Phantom Of The Paradise, l’opéra rock s’est éteint sans que personne ne tente de le raviver. Si le groupe Green Day a bien tenté d’en faire un, basé sur l’album American Idiot, il a vite changé d’avis quand il s’est rendu compte de la difficulté pour le réaliser. En effet, les producteurs ne sont pas très friands de ce genre de film, et les financements sont alors d’autant plus difficiles à trouver. Ainsi, quand Darren Lynn Bousman (réalisateur de Saw 2, 3 et 4) décide de mettre en scène la pièce de théâtre de Terrance Zdunich et Darren Smith, il fait d’abord face à la réticence des producteurs qui refusent de financer une comédie musicale. Sûr de son projet, Bousman ne lâche pas prise et parvient à les convaincre en tournant une scène de 10 minutes. Les producteurs sont conquis mais refusent de verser un trop gros budget. C’est pourtant suffisant pour Bousman qui, avec quelques petites astuces, parvient à finaliser son projet, intitulé Repo ! The Genetic Opera.

Dès les premières minutes, une énergie se dégage du film. La première séquence, entièrement réalisée à la manière d’une bande dessinée, sert de prologue. A travers les différentes vignettes, on découvre que dans un avenir proche, une épidémie a ravagé la population et qu’une pénurie d’organes a frappé les hôpitaux. Pour remédier à ce problème, une multinationale appelée GeneCo apparaît comme la solution idéale. Elle propose de greffer des organes à crédit et en cas de non-paiement, la société se réserve le droit de retirer les organes greffés. Ces opérations assez brutales sont réalisées sans anesthésie par les Repo-men (les récupérateurs). Au cours de l’histoire, les destins de plusieurs personnages vont se croiser. Nathan Wallace (Anthony Stewart Head) est l’un de ces Repo-men. Il mène une double vie. La journée, il est médecin généraliste et la nuit, il devient le récupérateur d’organes qui agit sous les ordres de Rotti Largo (Paul Sorvino), le dirigeant de GeneCo. Nathan est le père de Shilo (Alexa Vaga), une jeune fille de 17 ans atteint d’une maladie sanguine, héritée de sa mère. D’ailleurs, Nathan se sent responsable de la mort de sa femme qu’il n’a pas pu sauver à la naissance de sa fille. Rotti Largo, de son côté, est très souffrant et doit léguer son entreprise mais refuse de la confier à ses enfants qui sont des êtres cupides et immoraux. Luigi (Bill Moseley) est un psychopathe, Pavi (Nivek Ogre) est un obsédé sexuel, défiguré et qui doit porter un masque pour cacher son visage. Enfin, Amber Sweet, interprétée par Paris Hilton (non, non, ce n’est pas une blague !) est une adepte du bistouri, devenu accro à une drogue appelée le Zydrate. D’autres personnages vont se joindre à l’histoire comme Blind Mag (Sarah Brightman), la chanteuse officielle des galas organisés par GeneCo. C’est une jeune femme atteinte de cécité mais qui a retrouvé la vue grâce à GeneCo. Cependant, à la différence de tous les autres clients, elle est liée à la société par un contrat et ne peut pas leur échapper. Chaque personnage est présenté sous forme de bande dessinée, comme dans la première séquence.

Repo ! constitue une véritable surprise dans la mesure où il parvient à créer un véritable univers apocalyptique où le spectateur se retrouve immergé dès les premières secondes. Le visuel puise son inspiration dans l’univers gothique de par ses décors et l’apparence de ses personnages. Au visuel s’ajoute la bande-son, composée par Terrance Zdunich et Darren Smith. Les mélodies se veulent principalement rock / métal mais puisent également leurs influences dans le classique où le lyrique. La bande-son étant primordiale dans ce genre de productions, on peut dire qu’elle remplit parfaitement sa fonction, puisqu’en plus de rythmer à merveille l’aventure des personnages, elle s’adapte à chaque situation afin de faire ressortir au maximum les émotions de ceux-ci. Cette complémentarité entre le visuel et la bande-son atteint son paroxysme lors de la scène finale qui se déroule au théâtre. On retiendra surtout la performance magistrale de Sarah Brightman qui interprète une chanson où elle exprime à travers les paroles le destin funeste qui l’attend. A la manière d’une tragédie théâtrale, les personnages se dirigent inévitablement vers une mort certaine faisant ainsi basculer le spectacle dans un véritable bain de sang. De son côté, la charmante Alexa Vega nous livre là une excellente interprétation du malaise adolescent, touchant fortement le spectateur qui la soutient dans son combat contre la maladie. Plus surprenant encore, Paris Hilton s’est révélée être une très bonne actrice dans ce film, comme quoi, il ne faut pas avoir trop de préjugés. Ce casting hétéroclite rend le film plus touchant car il est très facile de s’identifier aux personnages. On regrettera cependant la prestation de Bill Moseley ainsi que l’inégalité entre les chansons. Malgré cela, Repo ! constitue une véritable surprise et témoigne de la naissance d’un nouveau bon réalisateur qui parvient à faire oublier ces précédents méfaits cinématographiques.

Véritable film d’anticipation d’un futur chaotique où la médecine est devenue une marchandise comme une autre, Repo ! nous met en garde contre certaines dérives, comme le trafic d’organes. Derrière le spectacle visuel et sonore, se cache donc un message politique fort qui dénonce un système capitaliste pervers qui cherche à faire du profit partout où cela est possible. On peut y voir un parallèle avec Tommy qui dénonçait en son temps, les dérives de la religion et la politique militaire anglaise. L’opéra rock n’est donc pas mort et Repo ! se pose comme une renaissance dans une société où la musique s’est standardisée comme jamais.


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.

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