Glorious


Troisième film de la réalisatrice Rebekah Mckendry, Glorious avec son concept aussi amusant qu’intriguant, pourrait bien être la surprise de cette édition du PIFFF : critique.

Le visage d'un homme éclairé d'une lumière rose vive regarde à travers ce qui semble être une brèche dans une paroi toute sombre ; plan du film Glorious.

© Tous Droits Réservés

Glory Hole

Un homme vu de dos exulte face à une brouette qui prend feu ; scène de nuit du film Glorious.

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Tout comme The Sadness (Rob Jabbaz, 2021), Glorious a été tourné durant la pandémie, plus particulièrement durant le confinement. Si le film taiwanais se servait de la crise liée au Covid pour diffuser un message politique sur la gestion de la pandémie par les autorités du pays et la relation qu’entretiennent Taiwan et la Chine, pour Rebecca McKendry, tourner un film durant la pandémie relevait plutôt de l’exercice de style. En effet, comme elle l’a déclaré en interview, elle a tournée ce projet pour éviter de sombrer dans la folie durant le confinement et montrer que l’on peut tourner un film dans des conditions difficiles. Ainsi, Glorious (2022) est plus à ranger dans la catégorie de ces longs-métrages portés par des cinéastes qui ont voulu monter qu’on pouvait monter un projet ambitieux avec une équipe réduite et des mesures restrictives.

Pour régler le problème lié aux restrictions sur les déplacements, Rebecca McKendry a choisi de tourner son film dans un lieu unique : les toilettes d’une aire de repos qui servent de point de départ à la rencontre, via un Glory Hole, d’un homme brisé par une rupture difficile et une entité cosmique qui lui annonce qu’il est l’élu qui va sauver l’humanité d’une destruction. Si ce scénario improbable pouvait donner lieu à des blagues vaseuses, la réalisatrice se sert plutôt de ce postulat de départ pour faire glisser Glorious dans une horreur cosmique que Lovecraft n’aurait pas reniée. L’intrigue, dont on ne peut révéler la vraie nature sans gâcher le plaisir du spectateur, vire petit à petit vers un cauchemar horrifique tout en y glissant quelques touches d’humour.

Un homme vu de dos exulte face à une brouette qui prend feu ; scène de nuit du film Glorious.

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Avec un high concept pareil, qui ne tient que sur l’improbabilité de la situation, on aurait pu craindre que le film s’essouffle dans sa dernière partie. C’est pourtant dans ce dernier quart que le récit embrasse toute sa portée métaphysique et déploie une mythologie inspirée des récits du maître de Providence, et cela tout en gardant cet humour particulier auquel la réalisatrice nous a souvent habitués dans ses précédentes réalisations. En effet, si le mélange des genres peut parfois virer à l’exercice périlleux, faute à un dosage convenable, dans Glorious l’hybridation de l’horreur et de la comédie fonctionne parfaitement. Grande habituée de la comédie horrifique tendance raimiesque, la réalisatrice glisse par petites touches des pointes d’humour sans que cela n’entrave le récit. Bien au contraire, ce décalage entre horreur pure et absurdité de la situation de départ qui fait que le film fonctionne.

Si on peut déplorer un twist final qui alourdit le récit et lui fait perdre peu de sa portée symbolique, Rebecca McKendry parvient toutefois à proposer une véritable expérience de cinéma qui prouve qu’avec des conditions difficiles on peut accoucher d’une œuvre singulière. Il est fort à parier que ce n’est pas la dernière fois qu’on entendra parler de la réalisatrice au PIFFF.


A propos de Freddy Fiack

Passionné d’histoire et de série B Freddy aime bien passer ses samedis à mater l’intégrale des films de Max Pécas. En plus, de ces activités sur le site, il adore écrire des nouvelles horrifiques. Grand admirateur des œuvres de Lloyd Kauffman, il considère le cinéma d’exploitation des années 1970 et 1980 comme l’âge d’or du cinéma. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/rZYkQ

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