Demigod : the Legend Begins


Quasiment inconnu chez nous, les Budaxi, opéra chinois de marionnettes à mains, est une institution en Taïwan dont la famille Huang perpétue la tradition par l’entremise du studio Pili. Avec Demigod : The Legend Begins, premiers films des studios à sortir en France et projeté au PIFFF 2022, Huang Wen-Chang, nous embarquent dans une aventure qui mêle à la fois tradition et modernité.

Une femme aux longs cheveux blancs comme sa tenue est au cœur d'une bataille, sa main gauche fendant l'air avec un sabre majestueux et fin ; derrière elle, comme l'éclat d'une forge ; plan issu du film Demigod : the magic begins.

© Tous Droits Réservés

Dragon Boule

Duel au sabre entre un guerrier vêtu de noir et un autre tout vêtu de blanc, de leurs sabres, entre eux, jaillissent des gerbes de feux ; scène du film d'animation Demigod : the Legend Begins.

© Tous Droits Réservés

Série culte diffusée depuis presque quarante ans à la télévision taïwanaise Le lotus blanc légèrement parfumé (traduction du titre original par l’auteur de cet article), est considéré comme un classique de l’animation dans son pays d’origine. Si la série reste relativement méconnue dans nos contrées, cette injustice risque d’être réparée, vu l’accueil dithyrambique que son adaptation a rencontré lors de sa diffusion dans les festivals. Pourtant, Demigod : the Legend Begins n’est pas le premier long-métrage adapté de la célèbre série. Après un précédent film qui avait déçu le public taïwanais par son abandon du style Budaxi pour la 3D, le nouveau film des studios Pili revient au style qui avait fait la renommée du studio. Demigod : the Legend Begins suit les mésaventures du médecin et adepte des arts-martiaux Su Han-Jen, œuvrant dans la Chine impériale ; on ne peut résumer plus le film, tellement celui-ci est complexe et regorge de sous-intrigues prenant leurs origines dans la série originale. Sans doute conscient du caractère très élaboré de la mythologie de la série, d’entités et de textes séminaux pour le récit mais ici abordés trop subrepticement et qui seraient trop compliqués à appréhender pour un public néophyte, Huang Wen-Chang délaisse sa mythologie au milieu du métrage pour se concentrer sur un récit d’enquête très proche des films Detective Dee de Tsui Hark. Cependant, malgré ce parti pris, le long-métrage conserve un univers extrêmement riche, inspiré par la mythologie chinoise.

Le style Budaxi, avec ses visages inexpressifs et son doubleur unique, peut dérouter le spectateur occidental peu habitué à ce style d’animation, toutefois le film possède une richesse toute autre. En effet, très différent de ce que les sociétés d’animation classique nous proposent, le film de Huang Wen-Chang apporte un vent de fraîcheur dans la façon dont on conçoit l’animation traditionnelle. Mis à part la très vieille série Bomber X, qui utilisait ce genre de procédé, le public français est très peu habitué à voir ce genre d’animation qui, au-delà de l’aspect cinématographique est un art à part entière. En effet, ce procédé a évolué au fil du temps et les « animateurs » ont pu peaufiner leurs techniques passant de film en plan séquence à un véritable travail sur la mise en scène. Il est fort possible que Demigod : the Legend Begins représente la quintessence de ce qui peut se faire de mieux en matière de Budaxi. Ne serait-ce que pour les scènes de combats aux sabres où la caméra virevolte sans perdre le spectateur : on a parfois l’impression de se retrouver face à un film d’action rappelant les grandes heures de la Shoei Brothers tellement ces scènes sont impressionnantes et nous font oublier par moment qu’il s’agit d’un film de marionnettes.

Le personnage principal de Demigod : the Legend Begins, avec ses longs cheveux blancs et sa robe blanche et noire qui flotte délicatement au vent, est assis sur les feuillages d'une forêt verdoyante ; le soleil passe à travers les branches mais n'éclaire pas assez la scène, qui donne le sentiment de se passer de nuit.

© Tous Droits Réservés

Si Huang Wen-Chang revient à la tradition qui a fait la réputation du studio, il n’en oublie pas pour autant l’animation moderne. Certes, les décors et les costumes des personnages sont entièrement faits à la main, mais le réalisateur a parfois recours à la 3D pour rendre le film beaucoup plus fluide, notamment dans le combat final. Deux styles d’animation coexistent ainsi dans le film, mais à aucun moment, ils se gênent. Bien au contraire, la 3D qui est surtout utilisée pour simuler le ciel, favorise encore plus l’immersion. Par son caractère et son animation singulière, il est fort à parier que ce Demigod : the Legend Begins ouvre la voie aux prochaines productions des studios Pili sur notre territoire.


A propos de Freddy Fiack

Passionné d’histoire et de série B Freddy aime bien passer ses samedis à mater l’intégrale des films de Max Pécas. En plus, de ces activités sur le site, il adore écrire des nouvelles horrifiques. Grand admirateur des œuvres de Lloyd Kauffman, il considère le cinéma d’exploitation des années 1970 et 1980 comme l’âge d’or du cinéma. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/rZYkQ

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.