Cross The Line


Disponible en VOD chez Wild Side le 18 Février, Cross The Line (David Victori, 2021) nous plonge dans un contre-la-montre haletant sur fond de musique techno en plein cœur de Barcelone. Préparez vos oreilles !

Gros plan sur le visage de Mario Casas, en sueur sous une lumière stylisée, dans le film Cross the line.

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Quand ça dérape

Milena et Dani boivent un verre, debout à une table haute, dans les rues de Barcelone, scène du film Cross the line.

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Les thrillers espagnols ont le vent en poupe en ce moment. Que ce soit sur les plateformes de streaming ou en VOD, les distributeurs ne cessent d’étendre leurs offres espagnoles à coups de thrillers/films d’horreur (tels que La Plateforme de Galder Gaztelu-Urrutia, 2019), et il semblerait que leur chouchou désigné soit justement l’acteur principal de Cross The Line, Mario Casas. Tapez son nom sur Google ou sur Netflix et les suggestions pleuvent : The Invisible Guest (Oriol Paulo, 2016), El Bar (Alex de la Iglesia, 2017), Irrémédiable (Carles Torras, 2020), Chez Moi (David et Alex Pastor, 2020), etc. Autant dire que Wild Side a su flairer la coqueluche, et que l’acteur se montre particulièrement à la hauteur dans ce nouveau film. Parmi ces plus récents rôles, Casas semble se parfaire dans l’image du mec innocent qui cache en réalité une personnalité bien dérangée. Irrémédiable en était jusque-là l’exemple le plus concret puisqu’il y joue un homme récemment handicapé qui n’accepte pas de perdre sa copine et tente, le tout pour le tout, pour la récupérer. L’acteur espagnol continue donc sur sa lancée de mec un poil cinglé avec le rôle de Dani, un introverti qui décide de prendre sa vie en main après la mort de son père dont il s’est occupé pendant des années, en achetant des billets d’avion pour faire le tour du monde. La veille de son départ, il rencontre une jolie brune excentrique Mila (campée par Milena Smit) qui l’entraine dans de folles aventures malgré lui. Malgré lui ? C’est ce qu’il prétend, avant de céder aux avances de la jeune fille un brin profiteuse et dominatrice.

Si le film pèche par une petite tendance à glamoriser l’abus de faiblesse dans son premier tiers, un retournement assez inattendu vient vite y mettre un terme. Cross The Line bascule alors vers un thriller à l’ambiance de survival pour son héros qui va chercher coûte que coûte à échapper à la police. Le long-métrage excelle à montrer la vitesse à laquelle une situation somme toute banale peut dégénérer quand les mauvaises personnes sont impliquées, et surtout comment un mec sans histoires devient soudainement prêt à tout pour ne pas finir en prison. Si le titre français insiste sur cette fameuse ligne à ne pas franchir, le titre original espagnol « no matarás » (tu ne tueras point) est beaucoup plus évocateur du bourbier dans lequel Dani s’enfonce. Quelques surprises ponctuent le film qui reste quand même assez conventionnel d’un point de vue scénaristique, mais qui se démarque par le simple fait que le personnage n’a de cesse d’aggraver son cas. On prendrait presque en pitié ce pauvre mec qui aurait pu tranquillement continuer sa vie, si seulement il n’avait pas commis d’irréparables erreurs au cours de cette affreuse nuit.

Mario Casas a les yeux fermés, bercé par la musique de ses écouteurs blancs, mais son visage est tâché de marron, évoquant autant du chocolat que des excréments, plan du film Cross the line.

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Tourné en caméra à l’épaule, Cross The Line se veut toujours en mouvement, prêt à suivre les moindres faits et gestes de son personnage principal paniqué. S’y ajoutent des jeux de flou et de profondeur de champ qui témoignent également de l’ambiance survoltée propre au film. On admet volontiers que ces techniques ne sont pas les plus agréables à regarder pour le spectateur – on a quand même l’impression d’être shooté pendant 1h30 – mais leur motivation reste tout à fait compréhensible et aide considérablement à rentrer dans la peau du personnage. Ce qui fait néanmoins la vraie force du long-métrage, c’est plutôt sa bande son bien énervée. Le réalisateur David Victori met l’accent sur la musique dès la scène d’ouverture où l’on suit Dani de dos, les écouteurs dans les oreilles, en train d’écouter de la pop indé tout en faisant ses courses. Au fur et à mesure que Dani se libère de la pression qui lui pesait sur les épaules avec son père âgé maintenant décédé, il laisse tomber ses écouteurs au profit d’enceintes. Une fois le drame arrivé (non, je n’en dirai pas plus et non, ce n’est pas ce que vous croyez), la musique devient extra-diégétique et la pop laisse place à un son techno-électro qui rythme la cavale du suspect. Que ce soit la caméra, la musique ou le jeu d’acteur réussi de Mario Casas, le spectateur est inévitablement happé dans cette course folle en plein cœur de Barcelone. Cross The Line fait partie des meilleures performances de la coqueluche espagnole et autant dire que ce serait donc dommage de ne pas en profiter.


A propos de Emma Ben Hadj

Étudiante de doctorat et enseignante à l’université de Pittsburgh, Emma commence actuellement l’écriture de sa thèse sur l’industrie des films d’horreur en France. Étrangement fascinée par les femmes cannibales au cinéma, elle n’a pourtant aucune intention de reproduire ces méfaits dans la vraie vie. Enfin, il ne faut jamais dire jamais.

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