Guy Ritchie s’attaque à une série des 60’s et livre un blockbuster d’espionnage pétaradant comme le réalisateur de Snatch (2000) ou des dernières aventures cinématographique de Sherlock Holmes sait si bien le faire.
Les espions venus de la Guerre Froide
Quel est le point commun entre Kingsman : Au service de sa Majesté (Matthew Vaughn, 2015) et ce nouveau film de Guy Ritchie ? Outre le fait que les deux réalisateurs soient anglais – et que Vaughn devait réaliser cette nouvelle version de Man from U.N.C.L.E – les deux films sont des thrillers à l’action burnée qui s’amusent à démonter les codes du film d’espionnage dans le but de le réinventer. En effet, Ritchie marche sur les pas de son ami et ancien producteur en en prenant le contre-pied total tout en rendant un vibrant hommage à la saga James Bond ou à celle des Mission Impossible. Deux sagas revenues récemment sur les écrans : avec Mission Impossible : Rogue Nation (Christopher McQuarrie, 2015) et Spectre (Sam Mendes,2015) – mais où est Jason Bourne ? – toutes deux sorties à quelques mois d’intervalles du film de Ritchie. Il n’y a pas à dire, 2015 a été l’année des espions.
Napoleon Solo – incarné par Henry « Superman » Cavill – meilleur agent de la CIA, apprend qu’il va devoir faire équipe avec la crème du KGB Illya Kuryakin – Armie Hammer, aperçu doublement dans The Social Network (David Fincher, 2010) ou plus récemment dans Lone Ranger, naissance d’un héros (Gore Verbinski, 2013) – afin d’empêcher des sympathisants nazis de se procurer une bombe atomique…Le tout en pleine Guerre Froide. Ritchie continue dans la lignée de son travail sur ses deux précédents films – Sherlock Holmes (2009) et Sherlock Holmes : Jeu d’ombre (2011) – avec une adaptation modernisée qui offre une nouvelle interprétation assez personnelle de cette époque via l’utilisation des décors, des costumes, de la musique mêlant habillement sonorités d’époque et contemporaines ou encore quelques effets spéciaux réalisés dans la pure tradition des 60’s, tout en tendant aussi à retranscrire l’atmosphère si particulière de ladite époque.
Le film trouve son rythme de croisière sans trop de peine, entre scènes d’actions accrocheuses et passages humoristiques aussi précis qu’une frappe chirurgicale de missile. C’est d’ailleurs durant ces moments d’humour plus que bienvenus que le film dévoile son autre force : si Ritchie s’amuse avec les codes du genre, il se joue aussi des clichés en vigueur à l’époque avec un Henry Cavill arrogant dans cette version made in USA de James Bond – à noter que le papa de 007 a participé à la création de la série originelle – et un Armie Hammer froid, peu enclin à la finesse et psychotique sur les bords qui, en devenant partenaires, vont découvrir que les apparences sont parfois trompeuses.
Ritchie continue en effet à développer son style entre un humour ravageur comme seuls les Anglais savent le faire et un un sens aigu de l’action et de comment la filmer. Le film est parcouru de fulgurances visuelles fortes agréables, montrant un solide artisan qui essaie coûte que coûte de se renouveler. Cette démarche peut être vue comme admirable dans un contexte où les blockbusters se ressemblent presque tous, nous resservant la même soupe encore et encore. On attend avec une certaine impatience la relecture « ritchienne » de Arthur et des légendes de la Table Ronde. La sortie en vidéo est l’occasion de voir ou revoir ce divertissement efficace. Le Blu-Ray offre un large panel de bonus – contre un seul seulement dans le DVD – détaillant la création de cet univers « so sixties ». Bon, il est question des costumes, des divers véhicules présents dans le film, la passion de l’acteur Armie Hammer pour les motos, Les célèbres parties d’échecs de Guy Ritchie sur le plateau ainsi que les détails de certaines des scènes d’action les plus marquantes du film. Quoique nombreux, ces bonus restent superficiels dans un sens, et entrent dans la catégorie des making-of dans lesquels la création d’un film est le royaume des Bisounours, où tout le monde s’aime. Rien de bien innovant malheureusement.