Dire que la conception de cette quatrième aventure d’Axel Foley a été compliquée et longue relève de l’euphémisme ! Mais ça y est, le film, encore produit par Jerry Bruckheimer et toujours porté par Eddie Murphy sort enfin sur nos écrans – de salon puisque c’est maintenant Netflix qui distribue la franchise ! Alors revival opportuniste ou véritable shoot de nostalgie ?
Trop vieux pour ces conneries ?
On le sait, les vieilles licences cinématographiques sont toujours mieux rangées sur nos étagères de DVDthèque plutôt qu’entre les mains de studios ayant à cœur d’en extraire toute la sève jusqu’à ce que le public n’en puisse plus. Les exemples des retours comme Jurassic World (Colin Trevorrow, 2015), de Star Wars : Le Réveil de la Force (JJ Abrams, 2015) ou de Scream 5 (Matt Bettinelli-Olpin & Tyler Gillett, 2022) nous confortent souvent dans cette idée tant leur opportunisme dégouline de l’écran. Toutefois quelques exceptions, des propositions plutôt sincères et très solides artistiquement, viennent parfois nous contredire comme l’ont fait Mad Max : Fury Road (George Miller, 2015) ou Top Gun : Maverick (Joseph Kosinski, 2022). Déjà à l’œuvre sur ce dernier film, Jerry Bruckheimer souhaitait faire revivre d’autres de ces licences cultes. Il a donc ressorti de ses tiroirs Bad Boys For Life (Adil El Arbi & Bilall Fallah, 2020), mais surtout, son flic le plus cool : Axel Foley. Dernièrement, nous étions revenus sur les coulisses de cette saga en nous demandant de quel côté se situerait ce Flic de Beverly Hills : Axel F. (Mark Molloy, 2024) : coquille cynique et dévitalisée ou un pur objet sincère à l’ancienne ?
Après un troisième épisode franchement raté – ce nouvel opus y fait d’ailleurs allusion – on nous raconte ici un énième retour de Foley dans les rues de Beverly Hills, toujours motivé par la quête de frissons et de vengeance. Billy Rosewood a disparu alors qu’il enquêtait sur une affaire de meurtre et de stupéfiants, alors Axel décide de venir lui porter secours et, au passage, de renouer avec sa fille. Flics pourris, couchers de soleil et belles bagnoles, tout y est. Esthétiquement, le cinéaste, s’il n’a pas le talent de Tony Scott, tente de se rapprocher du deuxième volet en proposant un visuel contrasté et des couleurs chaudes. Même dans son approche de l’action, le long-métrage de 1987 reste le maître étalon, d’ailleurs certaines séquences de destructions renvoient directement à quelques-unes de ses meilleures scènes. Et si le film est prévu pour une diffusion Netflix, la présence de Bruckheimer en coulisses assure une volonté de grand spectacle qui aurait tout à fait pu être distribuée en salles. Pour autant, la réalisation de Molloy n’a pas vraiment de personnalité et s’efface derrière un cahier des charges ultra balisé. À la manière de Adil El Arbi et Bilall qui, avec Bad Boys For Life, singeaient les effets de Michael Bay dont ils reprenaient le flambeau, Mark Molloy imite sans l’égaler le style de Tony Scott qui a signé l’opus le plus racé de la saga, Le Flic de Beverly Hills 2.
Mais l’essentiel de la série se trouve ailleurs – après tout, le premier épisode avait une réalisation plutôt quelconque et le troisième, pourtant signé John Landis, était d’une fadeur sans nom. Le cœur de la saga du Flic de Beverly Hills, c’est le tempo comique d’Eddie Murphy et les bons mots qu’il distribue à tour de bras. On le sait, la carrière de l’acteur aura connu des hauts mais surtout des très bas ces dernières années, et le voir renfiler le blouson de Foley avait de quoi inquiéter. Pourtant la magie opère dès les premières minutes où l’on comprend que le personnage n’a pas évolué d’un iota. SI les gestes sont moins vifs et que le débit de parole s’est assagi, Foley/Murphy assure le spectacle durant deux heures sans véritable temps mort. C’est grâce à lui que l’effet nostalgique fonctionne à plein régime ! On se prend à l’enquête – qui ne brille pourtant pas par son originalité – et on retrouve avec plaisir quelques illustres personnages de la franchise comme Rosewood, Taggart, Friedman ou Serge. On sent parfois l’artificialité de ses retrouvailles – la complicité entre les personnages a toujours été un poil forcée dans les trois premiers épisodes, moins organique que dans L’Arme Fatale (Richard Donner, 1987) par exemple – mais le plaisir finit par l’emporter !
C’est vraiment LE point fort du film qui, comme évoqué souffre d’une réalisation passe-partout et d’une intrigue en pilotage automatique. Le personnage du génial Kevin Bacon est à ce titre un beau gâchis puisqu’il se contente de « faire le méchant » pour justifier ses sombres desseins alors qu’un début de parallèle entre lui et Axel Foley s’amorçait. Grant aurait pu apparaitre comme ce que Foley a toujours refusé de devenir malgré les coups durs. On regrettera aussi l’ajout de Jane, la fille du héros. Non pas que son rôle ne soit pas légitime, mais son utilité est tout de même fortement réduite à peau de chagrin – elle est la jeune femme en détresse dans le climax, évidemment. De plus, Taylour Paige, qui l’incarne, est un peu à côté de ses pompes pour lui donner corps. On aurait aimé que le trop rare Joseph Gordon-Levitt soit un peu mieux exploité et que l’unique Paul Reiser soit plus présent, ne boudons néanmoins pas notre plaisir. Le Flic de Beverly Hill : Axel F. corrige sur bien des aspects l’échec à tous les étages qu’était le troisième volet de 1994. Généreux dans la violence et dans l’action bien que sans génie, outrancier et, pour la première fois depuis le premier long-métrage un poil politique – on y parle de violences policières envers les populations noires – le film s’avère être une surprise plutôt agréable ! En tous cas, plus sincère qu’une bonne partie des revivals actuels.