Coffret Alligator 1 & 2


Carlotta Films nous promet du beau monstre avec la sortie Blu-ray et 4K ultra HD du duo de films L’Incroyable alligator (Lewis Teague, 1980) et Alligator 2 : Mutation (Jon Hess, 1991). Double ration de reptile géant qui croque à tout va avec plus ou moins de qualité à se mettre sous la dent…

Un crocodile surgit du sous-sol, en plein quai de métro, dans le film L'incroyable Alligator.

© Tous Droits Réservés

Les dents des égouts

Dans un vestiaire, Robert Forster observe un crocodile miniature accroché à son casier ; scène du film L'incroyable alligator.

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Ayant réalisé les plus grands films d’attaques d’animaux dans les années 80, on peut clairement affirmer que Lewis Teague est le meilleur ami des bêtes. S’il est principalement connu pour Cujo (1983), une excellente adaptation du roman du même nom de Stephen King avec son Saint-Bernard tueur, sa passion pour le genre a commencé avec un alligator. Plus précisément un bébé alligator lâchement abandonné dans des toilettes qui finira par se transformer en monstre géant à force de se nourrir de cadavres d’animaux soumis à des mutations génétiques jetés dans les égouts. Bien entendu, sa présence finira par se faire remarquer et David Madison, un flic aux méthodes et aux problèmes capillaires peu conventionnels, devra faire équipe avec une scientifique pour éradiquer la bête.

Dès le premier plan, le parallèle qu’opère L’incroyable Alligator (1980) avec un autre grand film de monstre est plus qu’évident. Une attaque du point de vue de la bête, une jambe coupée, quelques notes qui rappellent à certains des traumatismes de plage : cette ouverture nous renvoie immédiatement aux Dents de la mer (Steven Spielberg, 1975) que Lewis Teague a visiblement pas mal regardé. Bon élève, Il conservera certains éléments essentiels qui ont fait la renommée du classique de Spielberg, notamment laisser les personnages humains au premier plan. Même les plus insignifiants restent attachants et suivre leur quotidien permet immédiatement de rendre l’histoire plus crédible. Mais le réalisateur sait aussi pourquoi nous sommes venus et il ne va se faire prier pour nous montrer la créature. La superbe remasterisation, qui nous dévoile une image nette sans toucher à ce grain chaud si particulier, pourrait nous révéler les trucages et rouages de la bête, la rendant probablement plus cheap qu’elle ne donnait l’impression à l’époque. Force est de constater pourtant qu’elle n’a pas perdu de sa superbe, massive et terrifiante, dévorant sauvagement toute personne qui se mettrait en travers de son chemin. Les effets sont très bien réalisés, autant au niveau gore qu’au niveau purement horrifique : tout le monde se souviendra après la projection des apparitions sporadiques des mâchoires de la créature au rythme des flashs de l’appareil photo ou subtilement révélés par une lampe torche derrière des personnages qui ne se doutent de rien. Mais la scène la plus traumatisante reste celle de la piscine qui nous conforte dans l’idée que décidément, Lewis Teague n’aime clairement pas les enfants…Ce mélange subtil entre film d’enquête et film de monstre, ponctué de notes d’humour et de pure frousse n’oublie pas d’étayer un propos écologique en filigrane qui rendrait presque la mort de la bête tragique. Les bonus de L’incroyable Alligator sont à la hauteur du film avec un entretien avec Lewis Teague, toujours fringuant et passionné malgré ses 84 ans. Le fonctionnement du reptile géant n’aura plus de secret pour le spectateur grâce à l’interview de Robert Short, responsable des effets spéciaux et celle, plus surprenante, de Bryan Cranston qui était assistant de production sur le long-métrage. Le scénariste John Sayles de son côté, nous révèlera un aspect du scenario qu’ils n’ont pas gardé plutôt…Étonnant. Les scènes additionnelles et les bandes annonces pour le cinéma et la télévision viennent compléter une édition chez Carlotta Films très riche que tout fan d’animal géant mangeur d’hommes doit impérativement posséder dans sa filmothèque.Coffret des films Alligator 1 & 2 édités par Carlotta Films.

On ne peut pas vraiment avancer les mêmes qualités chose de sa suite, Alligator 2 : Mutation (Jon Hess, 1991) qui reprend plus ou moins la même trame que le premier. David Hodges, un policier bien moins charismatique que son prédécesseur est chargé de chasser un alligator sujet à des mutations génétiques entraînées par l’absorption de produits chimiques déversés par un autre méchant laboratoire. Accompagné de son collègue, de sa femme scientifique et d’un chasseur redneck à la Crocodile Dundee (Peter Faiman, 1986), il devra aussi faire face à un entrepreneur véreux, Vincent Brown, qui souhaite raser un quartier populaire hispanique pour y installer un luxueux complexe immobilier. Mélanger un film de monstre avec un film social sur la lutte des classes ? Cela semble être une mauvaise idée sur le papier, et cela se confirme à la vue du long-métrage qui n’arrive pas à offrir une place de choix à son principal argument de vente qui n’apparaît qu’au bout de 30 longues minutes. D’ici là nous pourrons faire connaissance avec des personnages clichés qui ne font qu’alimenter des stéréotypes déjà datés dans les années 90. Cela pourrait passer si c’était fait avec humour mais toutes les blagues tombent à plat et le rythme en pâtit lourdement. Lorsqu’enfin l’alligator pointe le bout de ses dents, ses attaques mollassonnes et son bodycount réduit déçoivent forcément après la vision du premier et même si le modèle du reptile n’a pas exactement à rougir en comparaison de son aîné, il impressionne beaucoup moins. En témoigne le climax à la fête foraine où l’alligator déambule au milieu d’à peine 30 figurants qui ne font que courir dans tous les sens en hurlant. Les bonus, un peu moins riches que pour le premier film, contiennent tout de même une interview du réalisateur Jon Hess et de son frère Eugène, réalisateur seconde équipe, qui ne gardent pas d’excellents souvenirs du tournage. Il en est de même pour John Eggett, coordinateur des effets spéciaux qui retrace un tournage presque dangereux. A cela s’ajoutent l’interview du monteur Marshall Harvey et les éternelles bandes annonces.


A propos de Charlotte Viala

Vraisemblablement fille cachée de la famille Sawyer, son appétence se tourne plutôt vers le slasher, les comédies musicales et les films d’animation que sur les touristes égarés, même si elle réserve une place de choix dans sa collection de masques au visage de John Carpenter. Entre deux romans de Stephen King, elle sort parfois rejoindre la civilisation pour dévorer des films et participer à la vie culturelle Toulousaine. A ses risques et périls… Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/riRbw

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