Premier long-métrage à représenter la figure du Père Noël au cinéma et aussi premier projet de l’actrice Pia Zadora alors âgée de onze ans, Le Père Noël contre les Martiens divertira sans doute les aficionados de nanar à défaut de combler les attentes des amateurs de films de noël.
Santa Coming to Mars
Rien ne va plus sur Mars. Les enfants Martiens ne s’intéressent plus à rien et préfèrent regarder les programmes de la télévision terriens (américains en fait). Las de voir leurs progénitures vautrées devant le petit écran au lieu de s’adonner à des pratiques purement martiennes (comme la guerre ou la science) les adultes de Mars décident d’enlever le Père Noël pour apporter de la joie sur leur planète. Lors du voyage sur Terre, Voldar, un Martien réactionnaire et opposé à l’idée d’amener de la joie de vivre sur Mars, cherche à tuer le Père Noël. Avec un scénario et un titre aussi improbable, on sait déjà à quoi s’attendre, et autant le dire tout de suite Le Père Noël contre les martiens (Nicholas Webster, 1964) fait indéniablement partie de ses séries B de science-fiction réalisées pour trois fois rien dans les années 1960. Produit par Paul L Jacobson dont c’est la seule production et réalisé par Nicholas Webster grand habitué des longs-métrages de science-fiction tels que Mission Mars (1968), le film a été tourné dans un hangar abandonné (celui où Charles Lindbergh avait entreposé son avion « Le Saint Louis » 37 plus tôt) et devait lancer une série basée sur les fêtes de Noël. Malheureusement, l’échec cuisant du film et sa mauvaise réputation ont mis à mal les projets du producteur.
Si un manque de budget peut parfois pousser un réalisateur à faire preuve de créativité et à proposer un véritable exercice de style, ici l’amateurisme se fait sentir à tous les étages. En effet, à l’inverse des cinéastes qui utilisent les cadres serrés pour ne pas laisser entrevoir la pauvreté de la direction artistique, Nicholas Webster ne nous cache rien ayant recours à des plans larges pour bien nous montrer en détail toute l’indigence de ses décors. Mais la pauvreté des décors n’est pas la seule chose qui ne va pas dans Le Père Noël contre les Martiens puisqu’en fait, rien ne va. Les costumes et accessoires sont improbables (les pistolets paralysants donnent l’impression d’avoir été achetés au magasin de jouets du coin), les vaisseaux et les robots en carton-pâte… Tout semble fait pour provoquer l’hilarité. Une mention spéciale à la scène d’attaque de l’ours polaire où un figurant engoncé dans un costume très cheap fait ce qu’il peut pour donner une épaisseur dramatique à la scène. Cette scène en plus de n’être pas crédible est l’un des moments les plus nanardesques du film et provoquera à coup sûr l’hilarité des spectateurs qui daigneront se frotter à cette œuvre improbable. Par ailleurs, on aura une pensée spéciale pour les acteurs qui en plus d’être affublés de costumes ridicules et d’un maquillage vert horrible ont l’air de se demander constamment ce qu’ils sont venus faire dans cette galère.
Si on fait fi des défauts du Père noël contre les martiens, ils s’avèrent qu’il est au final un film fascinant à regarder. En effet, à l’instar d’un Plan 9 from outer space (Ed Wood, 1959) le film témoigne d’un âge d’or d’un cinéma d’exploitation où tout les projets, même les plus improbables, pouvaient trouver la grâce de producteurs aussi audacieux que fous. En sachant cela, on comprend mieux que tout comme le long-métrage d’Ed Wood, Le Père Noël contre les Martiens a gagné au fil des années un statut de film culte et une communauté de fans indéfectibles chez les amateurs de nanars.