The Vigil


The Vigil (Keith Thomas, 2020), film d’horreur sorti en salles entre les confinements, est édité en Blu Ray et DVD par Wild Side. Un long-métrage qui nous fait suivre un jeune homme en quête d’un petit job dans une veillée funéraire qui pourrait bien causer sa propre perte …

Dave Davis regarde l'écran de son smatrphone assis sur une chaise dans ce qui semble être un salon, mais tous les meubles derrière lui, ainsi que les fenêtres, sont couverts par de longs rideaux blancs ; scène du film The vigil.

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Un boulot pas orthodoxe

The Vigil, comme beaucoup d’autres films de l’année écoulée, aura définitivement eu un parcours bien étrange. Il fait partie de ces longs-métrages sortis en salles dans l’entre-deux confinements cet été, tout à la fois plus accessibles que bon nombre de ses congénères horrifiques à budgets modestes (environ 220 copies en France)mais arrivé dans le contexte plus qu’étrange des masques, des demi-jauges et de l’incertitude constante sur l’ouverture ou la fermeture des cinémas… On aurait pu trouver sortie plus sereine pour The Vigil. Maintenant disponible en vidéo chez Wild Side, et avec pas mal de temps à occuper à partir de 18h, il est peut-être alors temps de se pencher cette nouvelle proposition horrifique des désormais incontournable Blumhouse Productions.

Yakov, une bougie allumée à la main, avance inquiet dans un couloir du film The vigil.

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Un cercle de chaises, et un groupe d’individus semble discuter et partager leurs difficultés : non, contrairement à ce que les apparences et les stéréotypes de cinéma américain nous laisseraient penser, ce n’est pas un de ces groupe de soutien type « Alcooliques Anonymes », auxquels les fictions nous ont tant habitués. Ce groupe d’hommes et de femmes ne fuit pas une addiction quelconque, mais une communauté. Nous sommes en effet à New-York, et ces jeunes gens sortent de la communauté orthodoxe juive, cherchent à s’adapter et à s’intégrer dans le monde « du dehors ». Malheureusement notre héros Yakov, tout juste au milieu de cette transition dans sa vie, n’est pas très stable financièrement. Un rabbin qu’il connaissait lui propose alors un travail simple, qu’il a déjà effectué par le passé. Être « Shomer », s’occuper de la veillée funéraire d’un membre de son ancienne communauté, lui-même un rabbin.

Blu-Ray du film The vigil édité par Wild Side.Il ne faut pas être grand clerc (à défaut d’être grand rabbin) pour comprendre dans les grandes lignes ce que va impliquer dans une production Blumhouse un jeune homme seul dans la nuit avec une dépouille qu’il est censé veiller. Pourtant The Vigil, dans un océan de films horrifiques à budgets modestes, parvient assez bien à se démarquer et à marquer la rétine et l’esprit, en premier lieu par la mythologie qu’il convoque. Si le cinéma fantastique et horrifique croule sous les films reprenant, plus ou moins habilement un imaginaire catholique – des nonnes, des croix, des badauds possédés par le malin en veux-tu, en voilà – il faut bien admettre que les longs-métrages reposant sur une iconographie et une légende judaïques sont bien plus rares. Ici il est donc en grande partie question d’un mazzik, démon-entité représenté comme ayant constamment la tête tournée à l’arrière, venant occuper, perturber, « vampiriser » un individu pendant toute une vie, avant de passer au suivant. L’autre force du travail de Keith Thomas est d’arriver à tirer profit de son postulat simple et de sa production « modeste ». L’heure trente que compose le long-métrage se déroule majoritairement dans un seul lieu, une petite maison quelque part à New-York, un salon, une cuisine, un étage supérieur entouré de mystère. C’est tout ce qu’il faut au film pour installer une atmosphère oppressante et quelques moments d’effrois bien sentis – sans se reposer outrageusement sur le jumpscare, principe trop souvent utilisé comme cache-misère de l’horreur cheap. The Vigil ne révolutionne certainement pas l’angoisse au cinéma, mais tant dans le travail sonore, que le jeu sur des arrières plans terrifiants, il sait être diablement efficace.

La copie que propose le Blu-Ray vous permettra d’apprécier toute l’amplitude du travail du son comme de l’image, notamment en ce qui concerne les basses lumières et ses jeux d’ombres. Le tout est complété par une riche interview du réalisateur et une bande annonce du film. Oubliez donc les nonnes maudites et les exorcismes à grand coup de crucifix, et laissez vous tenter, les yeux fermés, à un jeu de cache-cache avec un démon judaïque des plus terrifiants, vous auriez tort de vous en priver.


A propos de Martin Courgeon

Un beau jour de projection de "The Room", après avoir reçu une petite cuillère en plastique de plein fouet, Martin eu l'illumination et se décida enfin à écrire sur sa plus grande passion, le cinéma. Il est fan absolu des films "coming of age movies" des années 80, notamment ceux de son saint patron John Hughes, du cinéma japonais, et de Scooby Doo, le Film. Il rêve d'une résidence secondaire à Twin Peaks ou à Hill Valley, c'est au choix. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/riwIY

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