Willie Boy


Deuxième long-métrage de Abraham Polonsky, Willie Boy trouve une nouvelle vie dans un combo DVD/Blu-Ray, édité par Sidonis Calysta. Robert Redford tient le rôle principal de cette histoire moderne où la seule action sera la traque d’un amérindien en fuite. Bien plus connu des cinéphiles avertis que du grand public, nous avons désormais tous l’occasion de (re)découvrir Willie Boy.

Portrait de Robert Redford dans le film Willie Boy, la main contre un rocher et le regard tourné vers la gauche sous un soleil de plomb.

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Un indien dans la ville

Sur un fond de ciel bleu sans nuage et de rochers arides, un jeune homme est accroupi, le fusil dans la main crosse contre terre, et regarde devant lui, l'horizon à sa gauche, scène du film Willie Boy.

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Tout commence avec un retour, celui de Willie Boy dans sa ville natale. Cet Amérindien souhaite épouser la femme qu’il aime, mais le père et les frères de la dulcinée s’y opposent – jusqu’au moment, où dans un geste de légitime défense Willie tue le père en question. Il s’agit là du tout début de la narration puisque cet élément va déclencher l’action principale, et qui restera la seule durant les une heure et trente-sept minutes du western : la fuite du couple d’amérindiens. C’est alors que notre éternel Sundance Kid (Robert Redford) shérif se met en chasse pour retrouver l’assassin et ramener la jeune femme enlevée. Il est intéressant de noter que Willie Boy, bien qu’il soit un vrai western, prend place en 1909, et se veut donc un western relativement tardif. Ici les Amérindiens portent les mêmes vêtements que les colons et nous sommes à des kilomètres des affrontement entres visages pâles et peaux rouges. Néanmoins, l’égalité entre les deux peuples n’est pas présente pour autant, et nous sommes confrontés, dès le début du long-métrage, à l’expression de ce racisme anti-amérindiens qui se retrouvent parqués dans des réserves. Bien que tout cela soit énormément présent dans les quinze premières minutes, en toile de fond, le nœud du problème et son axe principal dans la narration ne reposera que sur la simple chasse à l’homme menée par le shérif contre Willie Boy. Ce qui en fait une production à la fois très complexe et en même temps très simple.

D’ailleurs, la mise en scène de Abraham Polonsky travaille dans le sens de raconter, de la manière la plus simple, ce jeu du chat et de la souris. Willie Boy possède un aspect effréné et presque rebelle par son titre original Tell them Willie Boy is there, littéralement « Dis leur que Willie Boy est ici ». C’est une phrase prononcée par l’intéressé dans la moitié du long-métrage, mais également un cri, presque fanfaronnant pour ses ennemis qui passent leur temps à le chercher dans les grands espaces de Californie. Après une heure et trente minutes, la sentence tombe et – pardonnez-moi de déflorer la chose – mais Willie Boy meure. C’est à cette instant précis, qu’après un exercice de style fulgurant –  où la parole se fait rare et que l’important est dans le Edition spéciale Blu-Ray DVD de Wilie Boy édité par Sidonis Calysta.traitement du genre du western plutôt que du fond des personnages, dans la même veine que les westerns progressistes qui vont sortit dans la décennie qui suit (Missouri Breaks d’Arthur Penn en 1976) – que le film trouve une résonance terrible d’un point de vue social et humain. L’un des colons se fâche avec le shérif, ce dernier ayant autorisé que l’on brûle le corps, car les gens n’auront pas de preuve de l’arrestation de Willie Boy et le plaisir de le voir, Robert Redford s’exclame : « Dites-leur que nous n’avons plus de souvenir ! ». Ce seront les derniers mots de Willie Boy, tandis que la caméra cherchant le shérif dans le paysage perd son focus. La dernière image sera donc floue. C’est à ce moment précis que le spectateur peut alors reprendre son souffle, après une cavale qui symbolise tous les maux d’un pays… Qui n’a pas fini d’en souffrir.

Comme à son habitude, Sidonis Calysta livre un objet qui répond aux attentes. Tout d’abord la copie du long-métrage est superbe et supporte facilement le passage au format Blu-Ray, offrant toute sa splendeur à la photographie de Conrad L. Hall – qui est pour beaucoup le deuxième réalisateur de Willie Boy, tant il a joué un rôle crucial dans l’élaboration du métrage. C’est d’ailleurs Bertrand Tavernier qui nous l’apprend dans la présentation du western, en avant-séance. Il est toujours autant passionnant d’écouter un cinéphile de cette trempe, présenter un western moins connu que les mastodontes de l’époque. Puis, pour accompagner l’après-visionnage, un documentaire d’une vingtaine de minutes est également présent dans les bonus. Une nouvelle fois avec Sidonis Calysta vous avez toutes les cartes en main pour partir à la découverte de cette rareté, où vous serez accompagné au-delà de la simple vision du long-métrage. Et ça, les plateformes de SVOD ne vous le proposent pas (… encore) !


A propos de William Tessier

Si vous demandez à William ce qu'il préfère dans le cinéma, il ne saura répondre qu'avec une seule et simple réponse. Le cinéma qu'il aime est celui qu'il n'a pas encore vu, celui qui ne l'a pas encore touché, ému, fait rire. Le teen-movie est son éternel compagnon, le film de genre son nouvel ami. Et dans ses rêves les plus fous, il dine avec Gégé.

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